La dermatologie fait un virage en télémédecine

Selon le ministre Dubé, sur les 700 000 patients figurant sur une liste d’attente au Québec, pas moins de 80 000 attendent des soins dermatologiques.
Photo: Jacques Boissinot Archives La Presse canadienne Selon le ministre Dubé, sur les 700 000 patients figurant sur une liste d’attente au Québec, pas moins de 80 000 attendent des soins dermatologiques.

Pour réduire les listes d’attente de plusieurs mois en dermatologie, Québec déploiera dès cet été l’accès accéléré à la téléconsultation dans l’ensemble des régions. Une initiative qui vise notamment à ce que des milliers de cas non urgents aiguillés vers un dermatologue soient traités virtuellement en 7 à 14 jours.

Le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé, en a fait l’annonce lundi à Montréal, aux côtés du président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, le Dr Vincent Oliva, et de la présidente de l’Association des médecins spécialistes dermatologues du Québec, la Dre Dominique Hanna.

« Ça va empêcher des consultations qui seraient moins utiles », a indiqué le Dr Oliva. Les médecins qui orientent leurs patients vers un dermatologue pourront obtenir un diagnostic rapide en ligne, à partir de photos envoyées par un réseau sécurisé, puis accéder aux conseils de leurs collègues pour traiter une multitude de problèmes cutanés chez leurs patients.

Selon le ministre Dubé, sur les 700 000 patients figurant sur une liste d’attente au Québec, pas moins de 80 000 attendent des soins dermatologiques. Les cas urgents et semi-urgents sont traités en « quelques semaines », mais l’attente peut s’étirer de trois mois à un an, selon les régions, dans les cas jugés non urgents.

Le Québec emboîte ainsi le pas à des pays où la télédermatologie aurait permis de traiter 50 % à 75 % des patients sans qu’une consultation en personne soit requise, affirme la représentante des dermatologues. « C’est un pas de géant. Quelques photos suffisent souvent pour faire un diagnostic. […] Le médecin omnipraticien recevra un rapport dans les 7 à 14 jours », a expliqué la Dre Hanna, qui voit dans ce projet l’aboutissement de 10 ans de travail.

Premier pas

 

L’adhésion à cette nouvelle plateforme sera volontaire, tant pour les patients que pour les médecins. Au besoin, la consultation en ligne pourra être suivie d’un rendez-vous en personne chez le dermatologue. Les patients qui refuseront la télémédecine pourront toujours être vus par un dermatologue en personne, au prix toutefois de quelques mois d’attente.

Selon la Dre Hanna, cette façon de faire accélérera la prise en charge de la majorité des patients, mais facilitera aussi la vie de plusieurs d’entre eux, notamment les aînés vivant en CHSLD, les personnes handicapées et celles vivant en milieu carcéral.

Si la dermatologie se prête parfaitement à un déploiement en télémédecine, d’autres spécialités comme la neurologie et la psychiatrie pourraient aussi bientôt suivre, a indiqué le Dr Vincent Oliva.

« La question plus fondamentale est comment on gère tous ces patients qui n’ont pas besoin d’être vus par un médecin spécialiste. Ça rejoint nos travaux sur la pertinence des actes médicaux », a-t-il ajouté. La nouvelle plateforme a d’ailleurs été financée grâce aux fonds récupérés lors des travaux menés par l’Institut de la pertinence des actes médicaux.

Discussions à venir

Le ministre Dubé a brandi ce projet comme un exemple parfait de son « Plan santé » visant à améliorer « l’expérience client », notamment grâce aux des technologies. Interrogé sur son coût, le ministre a indiqué que le développement de la plateforme n’avait coûté qu’un million de dollars. Il s’est fait plus vague sur la rémunération des médecins, disant que les discussions à ce sujet restaient à régler.

Le Dr Marc-André Amyot, président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, voit aussi d’un bon oeil ce virage. « On parle donc d’une nouvelle façon de faire prometteuse qui permettra sans aucun doute à beaucoup de Québécois d’avoir un accès rapide et en temps opportun à des services spécialisés essentiels. »

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