Le Québec, l'épicentre de l'épidémie de variole simienne en Amérique

Avec 132 cas déclarés à ce jour dans la province, la Direction nationale de santé publique du Québec a haussé mardi d’un cran sa lutte contre la variole simienne. Le vaccin sera désormais offert à tout homme prévoyant d’avoir des relations sexuelles avec d’autres hommes, et non seulement aux personnes ayant eu de tels contacts avec un cas confirmé.
La directrice régionale de la santé publique de Montréal, la Dre MylèneDrouin, a reconnu mardi que lamétropole était devenue « l’épicentre de l’épidémie » de variole simienne observée depuis mai au Canada et ailleurs en Amérique du Nord, mais a ajouté qu’elle n’était pas pour autant inquiète de la propagation actuelle.
« La progression ne nous inquiète pas. […] Par contre, l’été arrive, il va y avoir des festivités et plus de gens vont venir visiter Montréal, et dans ce contexte-là, on va offrir la vaccination à un plus large [groupe]. »
En raison de la difficulté à repérer les cas contacts, a expliqué la Dre Drouin, ce groupe cible sera élargi à tous les hommes prévoyant d’avoir des relations avec d’autres hommes. Près de 3000 hommes jugés à risque d’avoir été en contact avec un cas rapporté au Québec (126 dans la métropole) ont déjà été vaccinés à Montréal de façon préventive. La Santé publique obtiendra 40 000 doses de vaccin pour étendre sa campagne à l’ensemble des régions du Québec d’ici quelques jours, a expliqué le directeur national de santé publique du Québec par intérim, le Dr Luc Boileau.
Tous les cas recensés à ce jour l’ont été dans la communauté homosexuelle masculine, de sorte qu’il n’est aucunement envisagé d’étendre la vaccination à d’autres couches de la population pour l’instant, a-t-il ajouté.
Plus de 1600 cas sont confirmés à ce jour dans le monde dans 39 pays. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a jugé lundi la situation assez « préoccupante » pour convoquer une réunion spéciale le 23 juin afin de juger si l’épidémie de variole simienne doit être considérée comme une « urgence de santé publique de portée internationale », tout comme le virus de la COVID-19.
Malgré tout, le Dr Luc Boileau s’est fait rassurant. « La situation ici est bien maîtrisée », a-t-il affirmé. « Il n’y a pas de cas de transmission par gouttelettes, donc pas de risque que les Francofolies ou le [Festival international] de jazz » ne répandent la contagion, a ajouté la Dre Drouin.
Seuls des contacts « soutenus et prolongés », de « peau à peau », et des relations sexuelles entre hommes ont été identifiés comme mode de transmission dans la présente épidémie, assure Mylène Drouin. La plupart des cas recensés au Québec « sont somme toute des formes peu sévères, des fistules autour des parties génitales », a-t-elle dit. Trois personnes ont été hospitalisées au Québec, et aucun décès n’a été rapporté hors de la zone endémique.
Contrairement aux travailleurs du sexe, les travailleuses du sexe ne peuvent recevoir le vaccin de façon préventive. « C’est sûr que plusieurs sont inquiètes, mais il n’y a eu aucun cas jusqu’à maintenant chez les femmes. Nous suivons ça de près avec la Santé publique. Si ça devait arriver, des décisions adéquates seraient prises », affirme Sandra Wesley, directrice générale du groupe de soutien aux travailleuses du sexe Chez Stella.