Quels sont les effets de la COVID-19 sur le cerveau ?
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Les chercheurs se creusent les méninges depuis deux ans pour comprendre les conséquences de la COVID-19 sur le cerveau. Des chercheurs anglais ont démontré qu’une forme grave de COVID-19 provoquait une « perte cognitive semblable en moyenne à celle subie avec 20 ans de vieillissement, entre 50 et 70 ans ».
Cette récente étude rejoint un corpus scientifique toujours plus imposant prouvant les effets délétères de la maladie sur le cerveau.
Une équipe de chercheurs de l’Université Laval a d’ailleurs participé à ce débat scientifique. Elle a démontré que même chez les personnes asymptomatiques, la COVID-19 réduit la matière grise en moyenne d’au moins 0,2 %.
« C’est énorme pour l’humain, cette petite différence », confirme Ayman ElAli, spécialiste des maladies cérébrales et coauteur de l’étude. « Ce sont des observations habituellement faites dans des maladies de type dégénératives. »
Est-ce que cela devrait se traduire par une réduction des capacités cognitives ? Dur à dire. « La cognition chez l’humain est très complexe. Il y a des régions du cerveau [qui peuvent être touchées] qui contrôlent plus la mémoire, d’autres plus les tâches exécutrices », explique-t-il.
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Ainsi, le cerveau rétrécit après une infection (« c’est une évidence »), mais les conséquences sur la psyché restent à définir.
Ces « microlésions » au cerveau peuvent prendre plusieurs années avant de faire boule de neige et de causer de sérieux dommages à la cognition des personnes infectées, selon M. ElAli.
« L’âge est un des facteurs de dégradation du cerveau. Le cumul [des problèmes cérébraux] va paraître avec le temps. Il faudra attendre 5 à 10 ans avant de voir un effet. Je ne suis pas alarmiste, mais je pense qu’on va voir des choses inquiétantes sur ce plan-là. »
Autrement dit, les personnes sujettes à la démence ou à l’Alzheimer, par exemple, pourraient voir leur risque d’en souffrir augmenter.
La faute de l’inflammation
Plusieurs pistes permettent d’expliquer les dommages au cerveau que cause la COVID-19 — pourtant une maladie respiratoire.
L’une des pistes les plus prometteuses est celle de l’inflammation provoquée par le coronavirus.
« On a découvert que les vaisseaux sanguins du cerveau ont explosé ou étaient dysfonctionnels ou obstrués, parfois, indique M. ElAli. C’est un indice qu’il y a quelque chose qui se passe au niveau des vaisseaux. Le cerveau, c’est un des organes qui est le plus affecté par les problèmes vasculaires. »
Une autre avenue porte à croire que l’inactivation de cellules du nez par le virus entraîne la destruction d’une partie du cerveau. « Lorsqu’on n’utilise pas une fonction, un membre, disons, la partie du cerveau qui utilise cette fonction devient un peu paresseuse » et décline, avance-t-il pour expliquer les dommages au cerveau.