La variole simienne se présente parfois de façon atypique 

Les symptômes de la variole simienne ne sont pas toujours « classiques », un cas confirmé de cette maladie infectieuse et plusieurs autres faisant l’objet d’une investigation au Québec n’ayant affiché ni fièvre ni lésions répandues, affirme un expert en microbiologie. Avec 25 cas confirmés au Québec, dont un enfant, et une trentaine soupçonnés, les médecins doivent rester à l’affût de présentations atypiques de cette maladie rare.

C’est du moins ce que constate le Dr Sébastien Poulin, microbiologiste-infectiologue au CIUSSS des Laurentides et consultant pour plusieurs cliniques traitant les infections transmises sexuellement et par le sang (ITSS) où ont été diagnostiqués les premiers cas de variole simienne à Montréal. Il a soulevé beaucoup d’intérêt dans la communauté médicale en diffusant ce fait inusité sur le réseau social Twitter.

« Un de mes patients n’avait qu’une seule lésion sur les organes génitaux, aucune ailleurs, aucune douleur, aucune fièvre. C’est peut-être anecdotique, mais d’autres patients en investigation par des collègues semblent avoir ce genre de présentation », affirme ce médecin.

D’ordinaire, l’infection se caractérise d’abord par de la fièvre et des symptômes grippaux, notamment des douleurs articulaires et musculaires, suivis trois jours plus tard d’éruptions cutanées sur plusieurs zones du corps. « Il semble y avoir des cas qui se présentent autrement, seulement avec des lésions aux organes génitaux qui peuvent être confondues avec [les manifestations] d’autres ITSS », explique le Dr Poulin.

Dans les cas confirmés à ce jour, la transmission est toujours liée à des contacts étroits survenus lors de relations sexuelles entre hommes, mais toutes les personnes ayant des partenaires multiples sont considérées comme étant à risque, estime ce médecin.

Pour ce qui est du cas d’infection observé chez un enfant, l’origine de la transmission demeure inconnue, et il faudra attendre le résultat de l’enquête pour savoir si une nouvelle chaîne de transmission est en cause, a précisé jeudi la Dre Caroline Quach, microbiologiste-infectiologue au CHU Sainte-Justine, sur les ondes de Radio-Canada.

« Nous sommes en investigation sur un enfant qui serait positif et qui a eu des contacts avec d’autres amis dans son école, de sorte que des mesures doivent être prises de ce côté. Mais il s’agit d’une seule situation, on n’est pas dans une expansion », avait précisé plus tôt en point de presse le directeur national de santé publique par intérim, le Dr Luc Boileau, constatant une « évolution » de la situation.

Enquêtes à Montréal

Le nombre de cas de variole simienne confirmés à Montréal s’élève maintenant à 14, pour un total de 25 dans la province, et 30 autres sont soupçonnés. Grâce à la réception d’une centaine de vaccins mardi, le Dr Boileau a pu annoncer que la vaccination des cas contacts confirmés et des cas probables serait amorcée pour contenir la transmission actuelle.

« On n’est pas dans une alerte populationnelle majeure comme on a connu depuis deux ans avec la COVID. On n’est pas du tout dans ce scénario, et on ne va pas se rendre là », a-t-il souligné.

L’enfant qu’on croit atteint de variole simienne aurait été isolé, et ces contacts potentiels font aussi l’objet d’enquêtes, assure le Dr Boileau. La Direction régionale de santé publique de Montréal (DRSPM) a toutefois refusé de nommer l’école où ce premier cas pédiatrique a été découvert, ainsi que les établissements associés aux cas détectés chez des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes.

C’est pour éviter la « stigmatisation » que les noms de ces établissements ne sont pas divulgués, a expliqué la DRSPM, assurant disposer de leur collaboration pour joindre les personnes potentiellement exposées au virus de la variole simienne.

Des centaines de cas répertoriés

 

Administré 4 jours suivant l’exposition, le vaccin Imvamune peut prévenir le développement des symptômes de la variole simienne. S’il est reçu 5 à 14 jours après l’infection, il peut quand même réduire la sévérité de la maladie, a expliqué jeudi la Dre Quach. « Ce virus se transmet par contact direct. […] Ce n’est pas parce que vous avez été en présence d’une personne que vous allez être infecté. On n’est pas au même niveau de risque que la COVID », a-t-elle ajouté, précisant que le virus peut aussi se transmettre par des vêtements ou des objets ayant été en contact avec une personne infectée.

Le vaccin contre la variole n’est pas homologué pour être utilisé chez les enfants, mais il pourrait l’être si c’est jugé nécessaire, et si les bénéfices dépassent les risques, a affirmé la Dre Quach.

En plus de la fréquentation de certains établissements, l’émergence de cas est aussi associée à des voyages récents. L’Espagne, qui déclare 84 cas confirmés, a ciblé un sauna à Madrid et un événement de masse, la Gay Pride tenue début mai aux îles Canaries, comme étant à l’origine de plusieurs cas. Quelque 80 000 personnes ont assisté à l’événement.

Les symptômes classiques de la variole simienne comprennent des lésions cutanées sur la peau, à la bouche et aux organes génitaux, précédées de fièvres, de douleurs et de sueurs, de maux de tête et d’un gonflement des ganglions. L’incubation, de 5 à 7 jours, peut aller jusqu’à 21 jours.

En date du 26 mai, plus de 300 cas avaient été confirmés dans 19 pays situés hors de l’Afrique, dont 118 dans les pays de l’Union européenne, selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). Quelque 90 cas sont confirmés au Royaume-Uni, 84 en Espagne, 49 au Portugal, et 7 en France, mais aucun décès n’a été déploré. Les États-Unis rapportaient jeudi soir 9 cas dans sept États différents.

Selon l’ECDC, le risque de contagion dans la population générale est jugé faible, mais il est élevé pour les personnes ayant des relations sexuelles avec des partenaires multiples, homosexuelles ou non, et le personnel soignant non protégé.



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