Québec remboursera deux hormones bio-identiques pour la ménopause
Un an après la sortie du très populaire documentaire Loto-Méno, qui porte sur la ménopause de Véronique Cloutier et qui réclame un élargissement de l’accès à certains traitements hormonaux, Québec annonce que deux hormones bio-identiques seront désormais remboursées par le régime général d’assurance médicaments.
« Nous avons bien entendu et écouté les préoccupations soulevées par les femmes à l’égard de la prise en charge des symptômes de la ménopause, notamment en ce qui a trait à un accès amélioré à l’hormonothérapie », a indiqué mercredi le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, par voie de communiqué.
À compter du 26 mai, l’accès à deux hormones bio-identiques, l’estradiol-17β sous forme de gel topique et la progestérone micronisée, sera facilité pour les femmes qui requièrent ce type de traitement pour atténuer les symptômes problématiques de la ménopause. Auparavant, seules celles présentant des facteurs de risque démontrés pouvaient se voir rembourser ce type d’hormones par l’État.
L’annonce ministérielle tombe à point nommé pour la diffusion du tout dernier volet du documentaire, mis en ligne à compter de mercredi sur ICI Tou.tv et Véro.tv, et témoigne de son effet boule de neige produit au cours de la dernière année. Un reportage de l’émission Enquête qui fait la lumière sur l’efficacité et l’innocuité réelles des traitements hormonaux avait aussi contribué fin 2021 à accélérer la pression visant à accroître l’accès aux hormones bio-identiques. Plus de 260 000 personnes ont signé la pétition en ligne « Loto-Méno : pour l’accès à une hormonothérapie bio-identique ».
Dans cet épilogue, le ministre Dubé est invité par la réalisatrice, Véronique Cloutier, à proposer des solutions concrètes aux femmes qui doivent payer de leur poche ces traitements jugés plus sûrs, mais beaucoup plus onéreux (80 $ par mois) que les hormones traditionnelles.
Des négociations engagées avec les fabricants d’hormones bio-identiques pour faire diminuer le coût de ces traitements ont permis d’arriver à une entente favorable, affirme le ministre Dubé. « Les fabricants ont très bien répondu », indique-t-il dans l’épilogue de Loto-Méno.
L’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux produira en sus un guide à l’usage des professionnels pour permettre une meilleure prise en charge de la ménopause.
2,4 millions de femmes
En 2021, les pharmaciens ont exécuté plus de 1,937 million d’ordonnances d’hormones bio-identiques, et 1,23 million d’hormones traditionnelles, selon la RAMQ et l’INSPQ. Cette annonce pourrait changer la donne. Le ministère de la Santé n’a pas indiqué combien coûtera l’accès facilité aux hormones bio-identiques et combien de femmes pourraient s’en prévaloir. Mais le documentaire Loto-Méno évalue à 24 millions de dollars la facture actuelle associée aux prescriptions non couvertes par le régime public d’assurance médicaments.
L’accès facilité aux hormones bio-identiques pourrait toucher 2,4 millions de femmes en ménopause et en périménopause, avance Véronique Cloutier dans la suite de son documentaire.
Loto-Méno a non seulement provoqué des remous médiatiques, mais a aussi entraîné un engouement sans précédent pour ces traitements hormonaux, comme en témoignent dans cette suite plusieurs professionnels, pris d’assaut par un afflux de demandes.
Honnis depuis 2002, après l’onde de choc provoquée par la vaste étude WHI (Women’s Health Initiative), qui a associé les hormones traditionnelles à un risque de cancer du sein accru de 26 %, les traitements hormonaux, de surcroît les hormones bio-identiques, ont depuis été jugés plus sûrs par plusieurs études d’« observation ». Mais le coût des traitements bio-identiques fait en sorte que seulement 23 % des prescriptions sont remboursées par l’État, les autres par les assurances privées.
Selon la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC), les avantages de l’hormonothérapie en général pour la santé des femmes l’emporteraient désormais sur les risques si le traitement est démarré avant l’âge de 60 ans ou moins de 10 ans après la ménopause. Par contre, diverses études et différents professionnels associent la progestérone non bio-identique ou prise par voie orale à un risque accru de caillots sanguins ou de cancer. Plusieurs organismes scientifiques, dont la SOGC, n’ont pas encore pris position sur cette question plus pointue.