Les travailleurs de la santé du Québec résilients face à la pandémie

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Les travailleurs de la santé du Québec sont plus résilients que l’on pourrait le croire. Près des deux tiers d’entre eux ont traversé la pandémie sans vivre de détresse, et plusieurs ont surmonté leur mal-être au bout de quelques mois, selon deux études québécoises.
« Les vagues de la santé mentale suivaient de manière différente les vagues de la pandémie », explique le psychiatre Nicolas Bergeron. Son étude, coécrite avec trois collègues, n’a pas encore été publiée, mais a pu être consultée par Le Devoir.
Au milieu du début chaotique de la pandémie, son équipe a commencé à suivre la santé mentale de centaines de travailleurs de la santé des hôpitaux montréalais.
Les constats qu’elle en tire aujourd’hui montrent quatre « tendances » propres à la détresse.
D’abord, près de 66 % des travailleurs sondés ont été classés comme étant « résilients » du fait qu’ils n’ont jamais présenté « de stress significatif ». Certains (8 %) ont connu un mal-être psychologique après seulement plusieurs mois, au tournant de l’automne 2020, et ont été classés dans une tendance nommée « retardé ». D’autres (7 %) ont très mal vécu les premiers moments de la pandémie, mais ont su passer au travers et s’en sortir au bout d’un an. Ils ont été classés dans la catégorie « sous-chronique ». Enfin, 18 % des travailleurs de la santé ont vécu un stress énorme au début de la pandémie, mais ont retrouvé un équilibre après quelques semaines seulement. Ils ont été catégorisés comme « rétablis ».
« On ne vient pas dire qu’il n’y a pas de détresse, mais qu’il y a quelque chose de dynamique et rassurant », de dire M. Bergeron. Au plus fort de la première vague, environ 30 % des travailleurs souffraient de détresse clinique, tandis qu’ils étaient 20 % au sommet de la seconde.
Son étude ne s’est pas poursuivie au-delà des premières vagues, mais le constat qui s’en dégage est tout de même clair : « On voit le nombre, et, globalement, il y a moins de monde qui est en détresse d’une vague à l’autre. »
Cette détresse est donc « transitoire » et dépend de plusieurs facteurs. Il y a certainement la désensibilisation, car au fil du temps, « les gens ont moins peur, ils comprennent un peu mieux les réels dangers, comment on se protège ».
Puis, une étude approfondie démontre que l’environnement de travail pèse aussi dans la balance de l’équilibre mental. « Les gens ont juste besoin d’avoir un peu plus de contrôle sur leur environnement de travail pour avoir un contrôle sur la cohésion du groupe. C’est là que c’était le plus payant [pour la santé mentale]. C’est ce qu’on pense », indique Nicolas Bergeron.