Les finissants boudent encore la médecine familiale

Pour le Dr Marc-André Amyot, c’est la preuve qu’il faut valoriser la médecine familiale et d’abord «arrêter de la dénigrer». Selon lui, la «lourdeur» du système décourage aussi les finissants à adopter la médecine familiale.
Photo: iStock Pour le Dr Marc-André Amyot, c’est la preuve qu’il faut valoriser la médecine familiale et d’abord «arrêter de la dénigrer». Selon lui, la «lourdeur» du système décourage aussi les finissants à adopter la médecine familiale.

Encore cette année, les finissants en médecine au Québec délaissent la médecine familiale au profit d’autres spécialités. Dans la province, 90 postes de résident en médecine familiale n’ont pas été pourvus lors du premier tour de jumelage du CaRMS, l’organisme pancanadien chargé de l’opération.

« C’est encore d’une grande tristesse, dit le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), le Dr Marc-André Amyot. C’est le premier tour, mais l’année passée, au premier tour, on avait à peu près le même nombre de postes non pourvus. » Après le second tour, 75 postes étaient demeurés vacants l’an dernier. Cette année, les résultats finaux seront connus le 12 mai.

Selon les données rendues publiques par le CaRMS mardi, tous les postes de spécialité au Québec ont été pourvus, à l’exception d’un en pédiatrie à l’Université Laval, d’un deuxième en anatomopathologie à l’Université de Sherbrooke, d’un troisième en médecine nucléaire à l’Université de Sherbrooke, d’un quatrième en radio-oncologie à l’Université McGill ainsi que de sept autres en médecine interne à l’Université de Montréal.

Pour le Dr Amyot, c’est la preuve qu’il faut valoriser la médecine familiale et, surtout, « arrêter de la dénigrer ». Selon lui, la « lourdeur » du système décourage aussi les finissants à adopter la médecine familiale.

Même message du côté du Collège des médecins du Québec, qui se dit préoccupé par ces postes non pourvus. « La médecine de famille doit être davantage valorisée par les différents acteurs du réseau si nous voulons que les jeunes optent pour cette spécialité. Entre-temps, l’inclusion d’autres professionnels de la santé aux côtés des médecins de famille élargirait aussi l’accès à la première ligne ; cette approche d’interdisciplinarité doit se développer dès la formation universitaire », soutient l’ordre professionnel.

Les relations sont tendues entre les médecins de famille et le gouvernement depuis cet automne. Le premier ministre François Legault leur a reproché de ne pas en faire assez. La FMOQ, elle, a rejeté en bloc le projet de loi 11, qui vise à améliorer l’accès à la première ligne. Des négociations sont en cours entre les omnipraticiens et Québec.

Depuis 2013, 400 postes de résidence en médecine familiale n’ont pas été pourvus au Québec, selon la FMOQ. Or, les départs à la retraite s’accélèrent. En 2021, quelque 275 omnipraticiens prenant en charge des patients ont signalé à la Régie de l’assurance maladie du Québec qu’ils quittaient la pratique ou le feraient d’ici deux ans. Il s’agit d’un nombre presque deux fois plus élevé qu’en 2017, selon des données obtenues par Le Devoir auprès de la RAMQ.

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