Une enzyme responsable de l’infection au SRAS-CoV-2 mise au jour par des Québécois

Des chercheurs québécois ont identifié deux antiviraux prometteurs.
Institut de recherches cliniques de Montréal Des chercheurs québécois ont identifié deux antiviraux prometteurs.

Une équipe d’une quinzaine de chercheurs québécois a mis au jour une enzyme responsable de l’infection au SRAS-CoV-2 jusqu’ici ignorée. Les scientifiques estiment qu’en inhibant cette molécule, ils pourront freiner « au moins 95 % de l’entrée virale ».

Dans le processus d’infection virale, au moins deux molécules présentes dans le corps humain permettent le « fusionnement du virus et de la cellule », explique Nabil Seidah, directeur du Laboratoire de neuroendocrinologie biochimique à l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM). Connue depuis longtemps, la furine est l’une d’elles.

L’équipe de M. Seidah a réussi à identifier la deuxième : la protéine TMPRSS2.

Si l’on empêche ces deux molécules de fonctionner, « on bloque la fonction enzymatique de la cellule », explique le chercheur. « Même si le virus a sa clé pour pénétrer dans la cellule, la clé ne va pas fonctionner. »

Ils ont ainsi exposé, dans un article paru dans The Journal of Virology, l’impact de « la combinaison » de ces deux enzymes dans la prévention des infections.

Si l’on parvient à empêcher ces enzymes d’agir, l’entrée des virus dans les cellules humaines diminue de 95 %, indique l’étude. Deux médicaments déjà connus (le BOS et le Camostat) permettent d’agir sur ces molécules.

Ces antiviraux n’attirent pas assez l’attention des compagnies pharmaceutiques, déplore cependant Nabil Seidah. « Elles préfèrent les vaccins, parce qu’ils attaquent le virus. Elles mettent la cellule de côté parce qu’elles craignent la toxicité d’un tel traitement. Mais on compte l’administrer sur une durée de 5 à 10 jours. »

Autre avantage de leur approche : la cellule ne mute pas, contrairement aux virus. En déployant « un arsenal » de médicaments antiviraux, les médecins pourraient combattre le virus à l’origine de la COVID-19, même si celui-ci se présente une autre fois sous la forme d’un nouveau variant, souligne-t-il. « On sera prêts si un autre virus nous attaque », espère M. Seidah.

« Il faut rester humble, prévient-il. Le virus va peut-être trouver une troisième façon de rentrer. »

Cette recherche menée par l’IRCM doit se poursuivre par des études cliniques pour démontrer l’efficacité réelle de ces antiviraux chez des patients.

Ce texte est tiré de notre infolettre « Le courrier du coronavirus » du 4 avril 2022. Pour vous abonner, cliquez ici.



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