Une 4e dose offerte aux aînés et aux plus vulnérables

La Santé publique donne le feu vert à la tenue d’une nouvelle campagne de vaccination dès la semaine prochaine et maintient la date de levée du port du masque à la mi-avril, pendant que le sous-variant BA.2 cause une recrudescence des cas de COVID-19 au Québec.
Le sous-variant, qui est de « 30 à 40 % » plus contagieux que son cousin Omicron, est responsable de la moitié des cas au Québec, a estimé mercredi le directeur national de santé publique par intérim, le Dr Luc Boileau. « Il n’est pas plus virulent, il ne rendra pas les gens plus malades et n’apportera pas plus de décès », a-t-il ensuite précisé.
Les Québécois qui ont attrapé les variants Omicron et Delta profitent respectivement d’une protection de 80 % et de 70 % contre le BA.2, a précisé le Dr Jean Longtin, microbiologiste et expert clinique du ministère de la Santé.
Quand même, la venue d’un nouveau variant amène Québec à lancer, dès mardi, une nouvelle campagne de vaccination dans les ressources d’hébergement pour personnes vulnérables ou âgées. Les personnes immunodéprimées et les aînés de 80 ans ou plus qui ont reçu leur dernière dose il y a au moins trois mois pourront aussi recevoir le vaccin.
L’approche, a dit le Dr Boileau, en est une « de prudence ou de précaution ». « Il n’y a pas de signaux clairs comme quoi il y a une perte d’efficacité vaccinale en ce moment pour ces populations-là », a dit l’expert en santé publique au sujet des personnes vulnérables. Sauf que l’efficacité s’estompe habituellement après « cinq ou six mois », a ajouté le Dr Longtin.
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Le Dr Boileau s’est par ailleurs dit convaincu que la vague de cas actuelle ne serait pas « de l’ampleur de celle qu’on vient de traverser ». « Nous ne craignons pas ça », a-t-il attesté, en rappelant que l’immunité acquise grâce à la vaccination et à l’infection au virus allait profiter à la population.
La Santé publique a toutefois convenu de maintenir l’obligation du port du masque pour encore quelques semaines. « Soyons raisonnables et gardons ça pour le 15 avril », a déclaré le Dr Boileau.
Manque de réactifs dans les laboratoires
La déclaration de l’expert en santé publique sur la prévalence du variant BA.2 a contrasté avec celle de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), qui se dit pour l’instant incapable de fournir un chiffre précis à ce sujet.
« En raison de problèmes dans l’approvisionnement en réactifs et de retards associés dans les analyses, les données des dernières semaines sont présentement partielles et en cours de validation », a indiqué l’INSPQ auDevoir mercredi matin.
Questionné à ce propos, le Dr Boileau a précisé que « les données plus officielles » faisaient état d’environ 26 % de cas liés à BA.2 « la semaine passée, au début de la semaine ». Mais il estime qu’en agglomérant les données de laboratoires sentinelles et en se fiant à la situation en Europe, on peut supposer cette proportion est maintenant « probablement proche de 50 %, si on ne l’a pas déjà atteint ».
« Tout nous indique qu’au Québec aussi, on va connaître une recrudescence des cas, a-t-il ajouté. Ça vient aussi avec la levée des mesures. »
Au total, 2111 nouvelles infections ont été officiellement dénombrées mercredi. Le taux de positivité s’élève maintenant à 13 %.
Dans les projections qu’il a publiées mercredi, l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux prévoit « une augmentation du nombre de nouvelles hospitalisations » liées à la COVID-19 d’ici deux semaines. La proportion des lits de soins intensifs qui seraient occupés par des patients infectés par le coronavirus demeurerait quant à elle relativement stable.
Une troisième dose mal-aimée
En point de presse, les représentants de la Santé publique ont recommandé aux citoyens d’aller chercher une troisième dose de vaccin afin de limiter la transmission du virus. En date de mardi, 52 % des Québécois de 5 ans et plus avaient reçu cette troisième dose. La proportion était beaucoup plus élevée, atteignant 85 %, chez les 60 ans et plus.
Seulement 2200 Québécois ont reçu leur dose de rappel mardi, contre environ 36 000 le 1er février.
« L’aiguille ne bouge plus vraiment, a observé le directeur régional de santé publique de Laval, le Dr Jean-Pierre Trépanier. Ça fonctionne vraiment au ralenti dans les centres de vaccination. »
Même constat chez le directeur régional de santé publique du Bas-Saint-Laurent, le Dr Sylvain Leduc. « C’est marginal, le nombre de vaccins qu’on donne chaque semaine », a-t-il dit au Devoir. Les personnes intéressées par la dose de rappel, comme les 50 ans et plus, l’ont déjà obtenue, a-t-il expliqué. Quant aux autres, ils ont été infectés durant le temps des Fêtes ou en janvier, ou ne sont tout simplement pas intéressés.