Maladie de la vache folle - Un premier décès au Canada

Saskatoon — Leur alimentation reste sûre et les Canadiens ne devraient pas s'inquiéter en dépit d'un récent décès dû à la maladie de Creutzfeldt-Jacob (MCJ), forme humaine de l'encéphalite spongiforme bovine (ESB), ou «maladie de la vache folle». Il s'agit du premier cas confirmé d'une nouvelle variante de la MCJ, a indiqué hier Antonio Giulivi, du ministère fédéral de la Santé.
La victime est un Saskatchewanais de moins de 50 ans, décédé cet été à l'hôpital St. Paul, de Saskatoon. Selon M. Giulivi, il avait contracté la maladie lors d'un séjour au Royaume-Uni; la date de sa mort et son âge exact sont cependant tenus confidentiels.Malgré cela, «rien n'indique que la maladie de la vache folle ait contaminé l'industrie alimentaire canadienne, nous pouvons assurer que cette personne n'a pas attrapé la MCJ au Canada», a-t-il dit.
Les autorités ont par ailleurs prévenu 70 autres patients de l'hôpital St. Paul, à cause d'un très faible risque qu'ils aient été contaminés par de l'équipement médical. Plusieurs mois avant sa mort, l'homme avait subi un examen à l'endoscope et cet appareil a ensuite servi pour d'autres patients. Formé d'un tube souple contenant de la fibre optique, l'endoscope permet l'examen visuel de diverses cavités du corps humain.
Par ailleurs, lors de l'examen, il ne présentait pas de symptôme de la MCJ. Son cas a été signalé en avril aux autorités fédérales et il a été corroboré plus tard par des experts tant britanniques que canadiens, avec une confirmation finale arrivée mardi dernier.
Selon le haut fonctionnaire Giulivi, «notre enquête détaillée indique que la personne a contracté cette variante de la maladie lors de ses séjours nombreux et prolongés au Royaume-Uni, au moment le plus fort de l'épidémie de vache folle».
«Quand il vivait là-bas, le patient mangeait régulièrement de la viande transformée. Or les produits venant de bêtes atteintes de l'ESB comportent un risque de transmission à l'homme», a-t-il ajouté.
Les endoscopes et autres appareils sont entièrement désinfectés et nettoyés mais, malgré cela, il y a encore un risque minuscule, affirment MM. Giulivi et Ross Findlater, directeur de la santé publique de la Saskatchwan.
Les deux maladies, l'ESB et la MCJ, détruisent la matière cérébrale en y faisant des petits trous, d'où le nom de spongiforme. Les victimes humaines ont d'abord des pertes de mémoire et des mouvements erratiques, pour finalement succomber, paralysées et muettes.
La médecine a découvert quatre formes de la MCJ, dont trois dites familiales ou classiques, c'est-à-dire d'origine héréditaire. La nouvelle variante est reliée à la consommation d'animaux porteurs du prion, ou substance protéique, qui est l'agent infectieux. Depuis 1995 en Europe, plus de 100 personnes sont mortes de la MCJ après l'avoir contractée, croit-on, dans de la viande contaminée.
L'industrie alimentaire européenne a longtemps utilisé, pour nourrir le bétail, des farines carnées faites à partir d'animaux morts, dont certains atteints de l'ESB, en y incluant les parties à risque comme la cervelle et la moelle épinière.
À Winnipeg, un dirigeant du syndicat professionnel des éleveurs canadiens, Dennis Laycraft, a souligné que «nous avons ici, depuis le début, des mesures de sauvegarde assurant que nous sommes et que nous resterons exempts de l'ESB».
Mais du côté de la Coalition canadienne de la santé, le responsable Michael McBane affirme que le ministère fédéral leurre le public pour protéger l'industrie alimentaire. «Ils trompent les gens, je ne pense pas que le risque existe seulement en Angleterre. Il y a un risque au Canada aussi, je ne serais pas étonné que ce ne soit pas le seul cas», dit-il au sujet du décès de Saskatoon.