Au moins 2 millions de Québécois ont contracté la COVID-19 depuis début décembre

La déferlante Omicron a frappé si fort qu’elle pourrait s’avérer salutaire. Près de la moitié des Québécois ont contracté la COVID-19 en deux ans de pandémie, a révélé mercredi le directeur national de santé publique par intérim, le Dr Luc Boileau. Selon lui, cette immunité acquise naturellement permet aux autorités d’envisager un déconfinement sécuritaire.

Le mur de l’immunité est rendu si élevé au Québec que le pire de la crise semble bel et bien derrière nous, a suggéré le Dr Boileau. « On n’est plus en guerre avec de grandes batailles comme on a connu récemment », a-t-il laissé tomber en conférence de presse.

Selon les extrapolations de la Santé publique, depuis le début du mois de décembre, au moins deux millions de personnes auraient contracté le variant Omicron du coronavirus au Québec, dont un million uniquement depuis le début de 2022. « Ça a été une très grosse vague, et elle n’est pas finie », a souligné le directeur national de santé publique.

En tout et pour tout, depuis le début de la pandémie, c’est entre 40 % et 50 % des Québécois qui auraient été touchés par le virus, selon ces mêmes calculs.

Ainsi, la masse d’individus remis de la maladie et les millions de doses de rappel injectées sont « suffisamment importantes pour [qu’on pense avoir] une voie de passage » vers l’endémie.

Les millions de contaminations récentes préviendront assurément tout regain de vigueur pandémique à court terme. Chez les personnes qui ont contracté le virus, la réinfection « dans un délai de 60 à 90 jours » est « extrêmement peu probable », a précisé le Dr Boileau, préférant tout de même jouer de prudence. « Le risque existe toujours. Le risque est calculé, toutefois. Tout le monde doit faire partie de l’équation. […] Si tout le monde allait chercher sa dose de rappel, on n’aurait plus de soucis. »

Officiellement, Québec a recensé 889 057 cas confirmés de COVID-19 sur son territoire. Plus de 81 % des Québécois ont reçu au moins deux doses de vaccin.

Ombre et lumière

 

Lors de son point de presse, le Dr Luc Boileau était accompagné de Marie-France Raynault, conseillère médicale stratégique principale au ministère de la Santé, et de Jean Longtin, médecin microbiologiste.

Ce dernier a noté que la présence du sous-variant Omicron BA.2 progressait au Québec. Cette nouvelle souche serait « environ 30 % plus transmissible », mais « pas plus dangereuse » que le variant Omicron originel, ou BA.1. « Dans les pays où le BA.2 est arrivé tardivement, il n’y a pas eu une seconde vague ou une énième vague après le BA.1, a spécifié M. Longtin. […] Nous n’avons aucun signal que des patients infectés par Omicron puissent être réinfectés par le sous-variant BA.2. »

Plus contagieux que les variants précédents, mais moins agressif, Omicron entraîne des hospitalisations en moyenne moins longues, a confirmé la Dre Marie-France Raynault. « On a un roulement un peu plus rapide [dans les hôpitaux], qui nous permet d’espérer que même si on a une hausse des hospitalisations incidentes à cause des relâchements récents, on pourrait voir une stabilisation des hospitalisations actives. »

D’autres signes encourageants sont venus mercredi de l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS). Les plus récentes prévisions indiquent que le système de santé avance « sur la route d’un équilibre prolongé », selon l’image du Dr Boileau.

« Pour une troisième semaine de suite, le nombre de nouvelles hospitalisations est en baisse (-31 %) par rapport à la semaine précédente (1007 versus 1464). Cette baisse s’observe dans tous les groupes d’âge et dans toutes les régions », note le rapport de l’INESSS.

Mercredi, le ministère de la Santé rapportait 2348 hospitalisations, dont 171 personnes aux soins intensifs.

 

L’horizon s’arrête au 14 mars

Le gouvernement a présenté mardi un plan de déconfinement s’échelonnant jusqu’au 14 mars. Le port du masque obligatoire et l’état d’urgence sanitaire devront être maintenus jusque là, a préconisé le Dr Boileau.

Les masques resteront donc obligatoires dans les écoles pour encore plusieurs semaines. « Les enfants dans les écoles — c’est presque 1,3 million de personnes — bénéficient beaucoup du port de masques. Et ça doit continuer », a-t-il clamé.

Quelques assouplissements pourraient survenir dans les lieux de travail, notamment au parlement, où les 125 députés ne peuvent toujours pas siéger tous ensemble. « Dès la semaine prochaine », les équipes de la Santé publique se pencheront sur « un assouplissement éventuel des mesures en milieu de travail », ce qui inclut les travaux à l’Assemblée nationale, a mentionné la Dre Raynault. Les parlementaires souhaitant donner l’exemple sur le plan des règles sanitaires, « on est un peu plus prudents que moins dans ce cas-là ».

Par contre, les représentants de la Santé publique n’ont pas osé s’avancer sur un retrait éventuel du passeport vaccinal, un changement qui est entré en vigueur mercredi en Alberta et qui le sera le 14 février en Saskatchewan. Le Dr Luc Boileau a cependant mis la population en garde contre un déclin de l’immunité qui pourrait « vraisemblablement » ouvrir la porte à une quatrième, voire à une cinquième dose.

« On est en route pour le 14 mars, après, on verra », a-t-il conclu.

À voir en vidéo