Du matériel médical d'ici est envoyé dans les pays du Sud

Raphaëlle Ritchot
Collaboration spéciale
Tout le matériel médical (lits, appareils électrocardiogrammes, appareils d’anesthésie, etc.) du Centre médical Gaétan Bouchard, inauguré en 2014 en Haïti, a été fourni par CSI.
Photo: Fondation M.B.P Tout le matériel médical (lits, appareils électrocardiogrammes, appareils d’anesthésie, etc.) du Centre médical Gaétan Bouchard, inauguré en 2014 en Haïti, a été fourni par CSI.

Ce texte fait partie du cahier spécial Coopération internationale

Du matériel médical d’ici se fait offrir une deuxième vie grâce à Collaboration santé internationale (CSI), le seul organisme québécois qui collecte du matériel médical non utilisé dans le réseau de la santé à des fins d’aide humanitaire.

Que ce soit dans des zones post-conflit du Congo-Brazzaville, dans un petit village haïtien ou encore dans la capitale tunisienne, du matériel médical québécois est envoyé par conteneurs pour tenter de répondre aux besoins des pays en voie de développement.

 

« Nous avons terminé la construction complète d’un centre médical en Haïti, et c’est CSI qui a fourni tout le matériel pour que cet hôpital soit fonctionnel ; les lits, les appareils électrocardiogrammes, les machines à anesthésie, bref tout nous a été donné par CSI au cours des années », raconte le pasteur et directeur de la Mission Haïti pour l’église La Bible parle, Clermont Deschênes.

Depuis plus de 20 ans, sa mission évangélique est installée à Tiverny, un village d’environ 1350 habitants situé au sud d’Haïti. Elle est en contact constant avec un médecin qui travaille maintenant sur place.

« C’est lui [le médecin] qui va nous désigner ses besoins, ce qui lui manque pour qu’il puisse continuer à faire le travail. Il nous fournit une liste, qu’on amène à CSI et ils tentent du mieux qu’ils peuvent de trouver tout ce dont nous avons besoin », résume M. Deschênes.

Les organismes des pays en développement ou qui collaborent avec ces centres de santé doivent trouver l’argent pour payer le conteneur, les frais de transport et de douane (une facture qui s’élève entre 16 500 $ et 25 000 $), alors que CSI se charge de l’envoi du matériel et des médicaments. L’organisme réalise une vingtaine d’envois chaque année, et chaque conteneur contient pour environ 200 000 $ de matériel médical réutilisé.

Repartir de zéro dans des zones de conflit

 

Le Congo-Brazzaville sort de plusieurs années de conflits qui se sont déroulés plus particulièrement dans certains départements, dont celui du Pool. C’est dans cette région que l’organisme Dynamique de développement du Congo-Brazzaville au Canada (DDCBC) intervient pour améliorer les conditions sociosanitaires des gens sur place.

« Nous sommes dans une zone de conflits, les infrastructures ont été détruites, il y a beaucoup de centres de santé qui n’existaient tout simplement plus. Nous voyons des problèmes au niveau de l’équipement, aussi simples que des lits qui ne sont plus en bon état, explique le président de DDCBC, Vlady Nakoutelamio. Il y aaussi des problèmes quant à l’électrification, il y a un potentiel solaire, mais, malheureusement, il n’y a pas les équipements nécessaires pour obtenir cette énergie. Nous devons donc trouver une façon d’avoir une énergie propre pour que les soins puissent être donnés de la meilleure des manières. »

200 000 $
C’est ce que vaut environ le matériel médical contenu dans chaque conteneur. L’organisme en expédie une vingtaine chaque année.

Ce dernier souligne aussi que travailler pour répondre aux besoins énergétiques de la région est une initiative qui, en plus de servir pour les soins de santé, pourrait être pratique pour d’autres domaines, comme pour les écoles de la région.

En 2021, quatre centres de santé ont été équipés grâce aux envois de CSI. DDCBC prévoit d’autres envois de conteneurs cette année. M. Nakoutelamio souhaiterait y voir également du matériel de couture, de l’informatique et peut-être même une ou deux ambulances.

Urgence pandémique

 

CSI apporte aussi un soutien à des hôpitaux urbains, comme à Tunis ou à Beyrouth, dans le cadre d’ententes d’aide internationale entre le Québec et certains pays.

En 2021, CSI a envoyé dans plusieurs pays gravement frappés par la pandémie, dont la Tunisie, le Liban et le Gabon, des conteneurs d’équipements de protection individuelle achetés en trop par le Québec.

En Tunisie, entre juin et septembre, six centres de santé ont bénéficié de ce matériel, grâce à des initiatives citoyennes de la diaspora tunisienne au Canada.

« Grâce à ces envois, on améliore la vie des patients, la qualité des soins, mais également les conditions de travail pour le personnel soignant, et ça aussi, c’est très important. Nous prévoyons au moins trois prochaines opérations dans les mois à venir », explique l’ambassadeur tunisien au Canada, Mohamed Imed Torjemane.

Le matériel médical collecté par CSI est soit réutilisé à des fins humanitaires, soit recyclé ou revalorisé à des fins écologiques.

CSI assure la gratuité du matériel offert dans les spécialités suivantes : cardiologie, chirurgie, dentisterie, dermatologie, gynécologie, maternité, pédiatrie, pharmacie, orthopédie, ophtalmologie et soins de santé primaire.

La réalité de l’injustice vaccinale en Afrique

Seulement 7 % de la population africaine est doublement vaccinée, c’est l’un des plus faibles taux de vaccination contre la COVID-19 au monde. En comparaison, le Québec en est à 78 % et l’Europe à 70 %. « Selon l’Organisation mondiale de la santé, il y a chaque jour six fois plus de rappels administrés dans le monde que de doses primaires dans les pays à faible revenu. Cela résume en une phrase ce que l’on appelle l’injustice vaccinale », explique Bonnie Campbel, professeure au Département de science politique de l’UQAM.

Pourtant, le programme COVAX, instauré en 2020, devait permettre à des pays à faible ou à moyen revenu d’avoir accès aux vaccins contre la COVID-19 en même temps que les pays plus nantis. « Puisque la production mondiale de vaccins était insuffisante, au départ, pour couvrir tous les besoins, plusieurs pays soutenant le programme COVAX, dont le Canada, se sont servis à même les doses promises aux pays moins nantis », précise Bonnie Campbell.

Cette dernière rappelle également que, dans les six premiers mois de la pandémie, le continent africain a mis en place rapidement une série de mesures sanitaires visant à freiner le virus, et ce, dès l’irruption de la maladie, en 2020. « Il existe une grande expertise cumulée sur ce continent, qui a dû faire face à plusieurs pandémies, comme l’Ebola et la fièvre de Lassa, constate Bonnie Campbell. Tout n’est pas rose, le contexte varie énormément d’un pays africain à l’autre, et certains dirigeants ont ignoré la gravité de la maladie, mais, dans l’ensemble, les populations ont démontré beaucoup de résilience et de discipline face à la maladie. »

  

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.



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