Un plan pour la santé mentale bien accueilli, mais jugé incomplet

Selon le ministre Carmant, environ 20 000 personnes sont actuellement en attente d’un suivi en santé mentale au Québec.
Photo: Graham Hughes La Presse canadienne Selon le ministre Carmant, environ 20 000 personnes sont actuellement en attente d’un suivi en santé mentale au Québec.

Le plan en santé mentale sur cinq ans du gouvernement a été généralement bien accueilli mardi, entre autres pour le soutien accru qu’il accorde au milieu communautaire, mais il n’apporte pas de réponse claire au problème lancinant des listes d’attente en psychologie.

« Aucun gouvernement n’en a fait autant », a déclaré le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, à propos du Plan d’action interministériel en santé mentale 2022-2026. Peut-être, mais rarement le Québec a connu autant de besoins en santé mentale, déplorent certains critiques et certains observateurs.

Pour y faire face, Québec injecte 361 millions de dollars supplémentaires, dont 15 millions par année dans le soutien aux organismes communautaires qui œuvrent en santé mentale. « C’est un pas dans la bonne direction », selon Jean-Rémy Provost, de l’organisme Relief, qui vient en aide aux personnes souffrant d’anxiété, de dépression et de bipolarité. Or, si le gouvernement évoque actuellement une sortie du tunnel, dit-il, « on sous-estime ce qui s’en vient en santé mentale ».

Enthousiaste, le Regroupement des centres de prévention du suicide se réjouit aussi qu’on injecte des fonds dans le milieu communautaire. « Ça fait quand même longtemps qu’on n’a pas eu d’argent », souligne sa porte-parole, Lynda Poirier.

Du côté de l’opposition, le porte-parole libéral en matière de santé mentale, David Birnbaum, signale que les organismes communautaires dans ce milieu sont « à bout de souffle » et juge qu’on ne répondra pas ainsi à tous leurs besoins.

On sous-estime ce qui s’en vient en santé mentale

 

« En omettant d’inclure une stratégie de recrutement et de rétention des psychologues dans le réseau public, on n’ira pas loin », plaide, quant à lui, son collègue de Québec solidaire Sol Zanetti.

« Il manque tout de même 895 psychologues dans le secteur public, un problème de taille », a rappelé à cet égard le député Joël Arseneau, du Parti québécois.

Selon le ministre Carmant, environ 20 000 personnes sont actuellement en attente d’un suivi en santé mentale au Québec. Mardi, il a réitéré que les gens n’avaient pas tous besoin d’un psychologue ou d’un psychiatre et a invité les gens en détresse à contacter le service Info-Social 811, qui peut leur fournir un suivi à plus court terme par d’autres professionnels, comme des travailleurs sociaux.

Deux nouveaux centres de crise

 

Le ministre a en outre annoncé la création de deux centres de crise en santé mentale, au Saguenay–Lac-Saint-Jean et en Estrie, régions qui, contrairement à d’autres, en étaient dépourvues.

Ce projet de 85 millions de dollars permettra à la population d’avoir accès à de l’hébergement temporaire en tout temps afin de « réduire les hospitalisations tout en favorisant le rétablissement des personnes dans la communauté ».

« Ça fait une vingtaine d’années que le milieu le demande », a indiqué la députée solidaire de Sherbrooke, Christine Labrie, qui réclame un centre de crise depuis son entrée en politique.

 ​Ce plan d’action devait à l’origine être prêt pour 2020, mais la pandémie en a voulu autrement. Des investissements supplémentaires sont d’ailleurs prévus pour les jeunes, chez qui les symptômes de dépression et d’anxiété sont deux fois plus répandus depuis deux ans.

Dans le réseau de la santé, le ministère offrira aux gestionnaires des formations qui les aideront à mieux soutenir le personnel.



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