La « COVID longue durée », encore mystérieuse

Deux ans après l’apparition des premiers cas de COVID-19 en Occident, le mystère plane toujours autour de la « COVID longue durée ». Impossible pour le moment de savoir si les vaccins permettent de prévenir l’apparition de ces symptômes qui durent des mois.
Une étude de la revue scientifique The Lancet a allumé une lueur d’espoir en avançant que les individus doublement vaccinés avaient 50 % moins de risques de contracter la COVID longue.
Cette pathologie encore méconnue frappe pour l’instant un tiers des patients touchés par la COVID-19. Elle se caractérise la plupart du temps par de la fatigue, la perte de l’odorat, de la difficulté à respirer et une perte de concentration. Contrairement à la COVID-19 « normale », les symptômes du patient ne disparaissent qu’après de nombreuses semaines, voire jamais.
Or, comme l’explique le Dr Alain Piché, directeur de la clinique ambulatoire post-COVID de Sherbrooke, la littérature n’est pas unanime sur l’efficacité réelle des vaccins envers ce mal.
Ses propres études menées entre août et novembre dernier ont suivi des patients pleinement vaccinés qui contractaient tout de même le variant Delta. « Il ne semble pas y avoir de bénéfices liés à la vaccination », dit-il. Qui plus est, au lieu du tiers, c’était plutôt la moitié des cas d’infections qui provoquaient une forme de COVID longue, note-t-il.
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« Probablement que l’incidence de la COVID longue varie selon les variants. Mais, on n’a pas tant d’évidences que ça », nuance-t-il.
Deux autres études peuvent s’ajouter à cette courte littérature scientifique. Une étude américaine sur 10 000 patients suggère que la vaccination n’a pas d’impact, tandis qu’une autre étude israélienne suggère le contraire.
Si les effets de la vaccination sont donc incertains, l’impact du variant Omicron l’est encore plus. « Ça reste le grand inconnu pour l’instant », pointe l’infectiologue.
« S’il y a un patient sur deux, ou un patient sur trois, qui développe une COVID longue avec Omicron, ça va vraiment faire beaucoup de patients dans le système de santé, extrapole le Dr Piché. Notre clinique est déjà débordée. Je n’ose pas imaginer si on observe une incidence aussi élevée avec le variant Omicron. »
Ce texte est tiré de notre infolettre « Le courrier du coronavirus » du 24 janvier 2022. Pour vous abonner, cliquez ici.