L’Ontario suspend ses opérations non urgentes

Le nombre d’employés disponibles pour soigner les patients diminue de jour en jour.
Photo: Valérian Mazataud Le Devoir Le nombre d’employés disponibles pour soigner les patients diminue de jour en jour.

Les opérations non urgentes sont suspendues dès mercredi et pendant au moins 21 jours dans les hôpitaux ontariens en vertu d’une directive annoncée lundi par le gouvernement Ford. La province espère ainsi libérer des lits pour soigner les patients atteints de la COVID-19, au moment où le nombre de nouveaux cas augmente de manière fulgurante.

En seulement une semaine, le nombre d’hospitalisations liées à la COVID-19 en Ontario a grimpé de 163 %, passant de 491 à 1290 selon le décompte du gouvernement. À l’échelle de la province, près de 73 % des lits aux soins intensifs sont occupés, indiquent les dernières données de l’Association des hôpitaux de l’Ontario. Le nombre d’employés disponibles pour soigner les patients diminue de jour en jour.

« On a un nombre de ressources qui va probablement diminuer au fil des prochaines semaines, au fur et à mesure qu’on approche le pic de la vague. On va être de plus en plus restreint, et de plus en plus de triage devra se faire », évalue la Dre Julie Hallet, chirurgienne à l’hôpital Sunnybrook de Toronto. Elle estime que les activités chirurgicales ne pourront pas reprendre à leur rythme habituel dans trois semaines.

Santé Ontario, chargé de coordonner le système de santé provincial, estime qu’entre 8 000 et 10 000 interventions chirurgicales pourraient être reportées chaque semaine en raison de la nouvelle directive, a signalé au Globe and Mail le président-directeur général de l’organisme, Matt Anderson.

Mesures différentes selon les hôpitaux

 

Les hôpitaux répondront à la directive provinciale de manière différente en fonction de leurs ressources, d’après la Dre Hallet. À l’hôpital Sunnybrook, par exemple, les opérations urgentes sur les patients dont la vie est en danger dans les 30 prochains jours en l’absence d’une procédure médicale seront priorisées, ce qui signifie que certaines interventions urgentes pourraient néanmoins être remises. « J’ai des collègues dans d’autres hôpitaux pour qui toutes leurs chirurgies ont été annulées. Le processus pour eux, c’est de soumettre l’ensemble de leurs cas au chef de service qui va ensuite décider quelles chirurgies seront mises à l’horaire », explique-t-elle.

« Nos activités chirurgicales diminueront de 30 % en fonction de la nouvelle directive provinciale », écrit Shawn Jeffords, porte-parole du réseau University Health, à Toronto. Au moins 500 employés atteints de la COVID-19 manquent à l’appel aux hôpitaux Toronto General et Toronto Western, qui font partie du réseau. De plus, 700 autres employés ont été exposés au virus et attendent de savoir si leur unité de santé leur permettra de retourner au travail.

Depuis le 22 décembre, le personnel de la santé en Ontario qui a été en contact avec une personne infectée, mais qui demeure asymptomatique, peut retourner au travail, pourvu qu’il obtienne un résultat négatif à un test rapide chaque jour, pendant 10 jours.

Enjeux dans la région de Peel

 

La situation est aussi critique dans le réseau de santé William Osler, qui comprend l’hôpital Civic de Brampton et l’hôpital général d’Etobicoke. Lundi soir, le centre hospitalier a décrété un code orange, permettant au centre hospitalier de déployer ses ressources n’importe où dans le réseau. L’hôpital Civic serait passé d’un ratio de quatre patients pour un employé au début de l’année, à huit pour un mardi, a déclaré le maire de Brampton, Patrick Brown, en entrevue au réseau CP24.

« [Il y a] des centaines et centaines d’employés en isolement, puisque nous devons protéger les patients non vaccinés et les personnes vulnérables », a expliqué au Devoir le Dr Lawrence Loh, médecin hygiéniste de la région de Peel. Dimanche en fin d’après-midi, une ambulance, au plus, était disponible sur le territoire de la région, ce qui a forcé les ambulanciers à décréter un code noir — une ambulance ou moins disponible dans la région. « Les codes noirs surviennent maintenant chaque soir », a admis au Devoir le président du syndicat des ambulanciers, Dave Wakely.

L’opinion du Dr Lawrence Loh voulant que la pandémie telle qu’on la connaît depuis mars 2020 serait bientôt une affaire du passé n’a pas changé malgré l’annonce des nouvelles mesures sanitaires comme la suspension des opérations non urgentes et le report du retour à l’école. « D’ici la fin de l’hiver, la vaste majorité des résidents de la région de Peel et des Canadiens seront soit immunisés, rétablis ou feront face à des conséquences mortelles », dit-il.

Ce reportage bénéficie du soutien de l'Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.

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