Avec l’arrivée du variant Omicron, les pays accélèrent la dose de rappel

Les iniquités vaccinales à travers le monde risquent de se creuser davantage avec l’arrivée du nouveau variant Omicron. Pendant que plusieurs pays s’empressent d’accélérer l’administration des 3e doses de vaccin contre la COVID-19 à leur population, de nombreuses autres régions peinent toujours à s’approvisionner pour immuniser les leurs.
Chaque jour, six fois plus de doses de rappel sont administrées dans le monde que de premières doses dans les pays à faible revenu, a dénoncé Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS le 12 novembre dernier.
Selon les données de Our World In Data rassemblées par l’Université d’Oxford, 245 millions de troisièmes doses ont déjà été administrées dans le monde. Or, une quarantaine de pays n’ont toujours pas vacciné adéquatement plus de 10 % de leur population. Parmi eux, cinq pays — le Burundi, la République démocratique du Congo, le Tchad, Haiti et la Guinée-Bissau — n’ont même pas atteint 1 % de population totalement immunisée (deux doses).
Quatre des cinq pays avec la couverture vaccinale la plus faible sont donc issus d’Afrique. Seulement 7 % de la population du continent africain est adéquatement vaccinée. Avec 4 % de population partiellement immunisée contre le virus, l’Afrique affiche une couverture vaccinale de 11 %, toujours loin des autres continents, qui ont tous atteint une couverture globale de plus de 60 %.
L’OMS décourage les pays d’étendre l’administration de ces doses supplémentaires à l’ensemble de la population, puisque chaque troisième dose est potentiellement la première dose de quelqu’un d’autre. Même si l’agence onusienne de la santé a demandé un moratoire sur les troisièmes doses d’ici la fin de l’année, une soixantaine de pays les administrent toujours.
Au Royaume-Uni, le gouvernement a annoncé lundi que la troisième dose allait être proposée à toutes les personnes âgées de 18 ans, dans un effort pour renforcer la protection de la population contre le nouveau variant d’intérêt. Plus de 18 millions de doses de rappel y ont été administrées jusqu’à présent, soit 26 doses par 100 habitants.
Les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) recommandent aussi désormais une injection de rappel supplémentaire pour tous les Américains de plus de 18 ans. La recommandation visait initialement les personnes de plus de 50 ans et les personnes jugées plus vulnérables.
« L’émergence récente de la variante Omicron (B.1.1.529) souligne davantage l’importance de la vaccination, des rappels et des efforts de prévention nécessaires pour se protéger contre le COVID-19 », a écrit la directrice de la principale agence fédérale de santé publique, Rochelle Walensky, dans un communiqué de la CDC.
Les États-Unis ont déjà injecté 41 millions de doses de rappel (12 doses de rappel par 100 habitants). Or, loin devant les Américains, Israël (44 doses de rappel par 100 habitants), le Chili (44) et l’Islande (40), pour ne nommer qu’eux, ont priorisé une campagne massive des troisièmes doses pour leurs populations. L’Europe est le continent le plus avancé jusqu’à maintenant, avec 9 doses de rappel par 100 habitants.
Le mois dernier, l’OMS avait pris position sur les iniquités vaccinales qui continuaient à se creuser. « Il ne fait aucun sens d’administrer des doses de rappel à des adultes en bonne santé, ou de vacciner les enfants, alors que les agents de santé, les personnes âgées et d’autres groupes à haut risque dans le monde attendent toujours leur première dose. La seule exception, comme nous l’avons dit, concerne les personnes immunodéprimées », déclarait le directeur.
« C’est un scandale qui doit cesser immédiatement », avait-il ajouté dans son allocution.
Au Canada, un peu moins de 1,2 million de 3e doses ont été administrées jusqu’à maintenant. Le Comité consultatif national de l’immunisation du Canada recommande des injections de rappel aux personnes qui ont reçu deux doses de celui d’Oxford-AstraZeneca, aux adultes âgés de plus de 70 ans, aux travailleurs de la santé de première ligne ayant eu un court intervalle entre leurs deux premières doses, ainsi qu’aux membres des Premières Nations, aux Inuits et aux Métis.
Avec Reuters et l’Agence France-Presse