La sclérose en plaques pourrait commencer longtemps avant le diagnostic

Avant même de recevoir un diagnostic officiel, les patients atteints de sclérose en plaques semblent consulter leur médecin beaucoup plus souvent, et même être hospitalisés nettement plus fréquemment, que des gens en bonne santé, ont constaté des chercheurs allemands qui ont étudié les cas de quelque 10 000 personnes.
Contrairement à ce que croyaient jusqu’à présent les spécialistes, il se pourrait donc que les années qui précèdent le diagnostic officiel ne constituent pas ce qu’on appelle la « phase prodromique » de la maladie, pendant laquelle des symptômes avant-coureurs relativement bénins annoncent l’arrivée de la phase principale de la sclérose en plaques.
Les visites au médecin ou à l’hôpital, ajoutent les chercheurs de l’Université technique de Munich, concernent souvent des symptômes ressemblant à ceux de la sclérose en plaques. Il semblerait donc que la maladie soit déjà pleinement active, et non en préparation, avant même le diagnostic.
Applications concrètes
Cela pourrait permettre de détecter la maladie plus rapidement, en identifiant des symptômes qui passeraient possiblement autrement inaperçus, et donc d’entreprendre les traitements plus tôt.
« Techniquement, un diagnostic de sclérose en plaques requiert deux événements neurologiques distincts dans le temps », a précisé par courriel le docteur Alexandre Prat, qui est directeur du Département de neurosciences et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en sclérose en plaques à l’Université de Montréal.
Toutefois, poursuit-il, les deux événements pourront survenir à cinq ou dix ans l’un de l’autre. De plus, le premier événement (un épisode de vertige, le picotement du pouce ou d’un orteil, une dysfonction érectile durant 48 heures) pourra être si bénin que le patient ne s’en souviendra pas.
« Et parfois, ce n’est que quelques années après le diagnostic que le patient dit que sa mère lui a rappelé qu’il était allé chez le médecin pour un de ces symptômes », a ajouté le docteur Prat.
Un bon clinicien doit donc insister et nommer tous les symptômes de sclérose en plaques possibles pour identifier le premier événement, a-t-il ajouté.
Un médecin de famille qui voit un patient un peu plus souvent que ce qui devrait être le cas, notamment pour des symptômes pouvant ressembler à ceux de la sclérose en plaques, devrait aussi avoir le réflexe de chercher un peu plus loin.
« Mais leur formation en neurologie est très déficiente, a écrit le docteur Prat. Même pas un mois obligatoire de formation en neurologie en 7 ans de formation. »
Une douzaine de Canadiens recevraient un diagnostic de sclérose en plaques chaque jour, principalement entre les âges de 20 et 49 ans, selon la Société canadienne de la sclérose en plaques.
Les conclusions de cette étude sont publiées par le prestigieux journal médical Neurology.