Les appels se multiplient pour un dépistage préventif des soignants non vaccinés en oncologie

La Fondation québécoise du cancer joint sa voix à celles des 15 médecins du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS) et demande à Québec d’exiger le dépistage préventif et récurrent de la COVID-19 chez les soignants non vaccinés qui travaillent en oncologie.
Une importante éclosion est en cours à l’étage d’hémato-oncologie du CHUS. Seize patients ont été infectés et quatre sont décédés, confirme le CIUSSS de l’Estrie. Parmi les employés, sept ont reçu un diagnostic positif. La majorité d’entre eux n’avaient pas été vaccinés, a signalé un groupe de 15 médecins dans une lettre envoyée au Devoir mardi.
Pour le directeur général de la Fondation québécoise du cancer, Marco Decelles, cela ne fait aucun doute : les soignants non vaccinés en oncologie doivent se soumettre à trois tests de dépistage par semaine pour protéger les patients. « Soit le personnel de ces zones sanctuaires se fait vacciner et contribue à l’effort pour rendre le lieu sécuritaire, soit nous rendons les trois dépistages systématiques toutes les semaines », dit-il.
Marco Decelles espère que cette éclosion est « une erreur de parcours, certes malheureuse », qui rappellera au personnel de « ne pas baisser la garde ».
L’Association des médecins hématologues et oncologues du Québec (AMHOQ) croit qu’il faut encourager tout le personnel en oncologie à se faire vacciner contre la COVID-19. « Si par la bonne volonté et la sensibilisation on n’y arrive pas, c’est sûr qu’il faut penser à des moyens comme celui de l’arrêté ministériel », dit le Dr Christian Carrier, secrétaire à l’AMHOQ et chef du service d’hémato-oncologie du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec.
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En vertu d’un arrêté ministériel en vigueur depuis le 9 avril, les soignants non vaccinés qui œuvrent aux urgences, aux soins intensifs, en pneumologie, dans les unités COVID ou dans les cliniques spécialisées COVID-19, dans les CHSLD ou les autres unités d’hébergement sont obligés de subir un test de dépistage au minimum trois fois par semaine.
Le personnel en oncologie ne fait pas partie des employés ciblés par cet arrêté. Pourtant, les unités d’hémato-oncologie sont considérées comme des « zones sanctuaires », c’est-à-dire des « zones très blanches où les patients qui y sont traités sont particulièrement vulnérables aux infections en général et à la COVID-19 en particulier », rappelle le Dr Christian Carrier.
Invité à réagir, le cabinet du ministre de la Santé et des Services sociaux a affirmé être « très sensible aux situations malheureuses causées par la COVID-19 et à l’impact sur les proches et familles ». « Sachez que le ministre Christian Dubé a demandé ce matin au ministère de la Santé d’analyser la demande d’instaurer cette pratique dans les unités d’oncologie », a indiqué son attachée de presse, Marjaurie Côté-Boileau, dans une déclaration écrite.
Le cabinet précise que, « de manière générale, les travailleurs de la santé travaillant auprès d’une clientèle vulnérable doivent fournir à leur employeur une preuve de vaccination contre la COVID-19 ». Les soignants non vaccinés doivent se soumettre au dépistage préventif et récurrent, ajoute-t-on. « Selon l’évaluation du ministère, les milieux ciblés par cette directive sont ceux qui sont le plus à risque de la COVID-19 », écrit Marjaurie Côté-Boileau. Elle ajoute que l’« oncologie a toujours eu des mesures et des standards très élevés en matière de protection et de contrôle des infections ».
Le Dr Christian Carrier croit que ces mesures sanitaires rehaussées devront être maintenues plus longtemps dans les zones sanctuaires. « On s’attend à une désescalade des mesures beaucoup plus lente dans les zones très froides, les sanctuaires, dit-il. C’est ça qu’on va prôner. »
Les patients atteints de cancer ne répondent pas de la même façon au vaccin contre la COVID-19. « Comme le système immunitaire de plusieurs est affaibli, qu’ils reçoivent des médicaments immunosuppresseurs, il est possible que les vaccins, même avec deux doses rapprochées, ne donnent pas la pleine protection », explique le Dr Christian Carrier.