Un dépistage préventif récurrent exigé pour les soignants non vaccinés des unités d’oncologie
Un groupe de 15 médecins du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS) sonne l’alarme. Il demande au ministère de la Santé et des Services sociaux d’exiger que les soignants qui travaillent dans les unités d’oncologie au Québec soient tenus d’effectuer des tests de dépistage préventif trois fois par semaine s’ils n’ont pas été vaccinés contre la COVID-19.
Dans une lettre envoyée au Devoir, les médecins signalent qu’une « importante éclosion » est récemment survenue à l’étage d’hémato-oncologie du CHUS, où des malades reçoivent de la chimiothérapie. Pas moins de 16 patients ont contracté la COVID-19. « 4 patients sont malheureusement décédés et 2 sont actuellement aux soins intensifs », déplorent-ils.
C’est pour éviter qu’une importante éclosion ne survienne dans une autre unité d’oncologie au Québec que le groupe de médecins a décidé d’alerter le journal.
Au CHUS, l’étage d’hémato-oncologie est qualifié de « zone sanctuaire » depuis le début de la pandémie. Avant d’être admis dans cette unité, les malades atteints de cancer doivent obligatoirement avoir obtenu un résultat de test de dépistage négatif.
« L’éclosion actuelle montre donc qu’il s’agit de cas nosocomiaux, tous les patients étant négatifs à leur arrivée », soulignent les médecins dans la lettre.
Outre les 16 patients, 7 membres du personnel soignant ont été infectés par la COVID-19. « La majorité de ceux-ci n’avaient pas été vaccinés jusqu’à maintenant », soutiennent-ils.
Le virus peut avoir été introduit par un visiteur, reconnaît le Dr Michel Pavic, un des 15 signataires que Le Devoir a contactés. « On ne le sait pas, dit l’oncologue et chef du service d’hématologie-oncologie du CHUS. Ce qui est sûr, c’est que même s’il y a eu un visiteur [infecté] dans une chambre, ensuite, il y a eu une transmission par du personnel parce que le personnel a navigué de chambre en chambre. »
Le Dr Michel Pavic indique que le CHUS a mis en place « énormément de mesures » afin de contenir l’éclosion et resserrer les mesures d’hygiène. « Je n’ai vraiment rien à reprocher à l’hôpital à Sherbrooke », dit-il.
Selon lui et les signataires de la lettre, c’est au ministère de la Santé et des Services sociaux d’agir dans ce dossier. Les médecins estiment que Québec doit modifier l’arrêté ministériel afin d’obliger les soignants non vaccinés qui travaillent dans les unités d’oncologie à subir au minimum trois tests de dépistage par semaine.
L’arrêté ministériel en vigueur, adopté le 9 avril, ne s’applique qu’aux soignants travaillant aux urgences, aux soins intensifs, en pneumologie, dans les unités COVID ou dans les cliniques spécialisées COVID-19, dans les CHSLD et les autres unités d’hébergement. Pas à ceux en oncologie, qui s’occupent pourtant d’une « population fragile et vulnérable », soulignent les signataires.
« Il est clair que le virus est sournois et qu’il peut s’infiltrer partout, même lorsque l’épidémiologie globale est favorable, écrivent les médecins dans la lettre. Il est possible que l’éclosion ait eu lieu même si 100 % des soignants étaient vaccinés. Cependant, on peut facilement penser que la transmission et l’étendue de l’éclosion auraient été moindres. »
Contacté à ce sujet, le CIUSSS de l’Estrie — CHUS assure que l’éclosion qui a débuté le 20 mai est maintenant « sous contrôle ». « En effet, aucun nouveau cas positif n’a été enregistré depuis le dernier dépistage du 4 juin », écrit-on dans un courriel. Un dépistage massif est prévu le 11 juin prochain.
L’établissement indique qu’en date de mardi matin, 16 cas d’infection avaient été dénombrées en lien avec cette éclosion ainsi que 2 décès (plutôt que 4, comme l’indiquent les médecins).
« Soyez assurés que nous encourageons tous les membres de notre communauté interne (employés, médecins, gestionnaires, etc.) à se faire vacciner, poursuit le CIUSSS dans le courriel. En ce sens, plusieurs mesures de sensibilisation sont mises en place afin de rappeler l’importance de la vaccination. »
Le CIUSSS n’est toutefois pas en mesure de fournir le nombre de soignants vaccinés sur l’étage d’hémato-oncologie, ces chiffres n’étant « disponibles que pour les unités de soins visées par l’arrêté ministériel », explique-t-on.