Le variant B.1.617 sous surveillance rehaussée

Onze cas d’infection liés au variant indien B.1.617 sont confirmés au Québec et d’autres, en cours de séquençage, sont soupçonnés. À l’instar du Canada, le Québec hissera cette souche sur la courte liste des variants sous surveillance rehaussée (VSSR) dès la semaine prochaine, selon l’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ).
C’est le Laboratoire national de microbiologie (LNM) de Winnipeg qui a confirmé la détection de 11 cas de variant B.1.617 détectés au Québec, après le séquençage d’échantillons prélevés sur des voyageurs aux aéroports, selon le Dr Michel Roger, directeur médical du Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ).
« Selon nos informations, ces cas sont des voyageurs et il n’y aurait pas de cas issus d’une transmission communautaire. Mais ils peuvent être issus autant de l’Inde, du Royaume-Uni, des États-Unis que d’autres provinces canadiennes », a-t-il insisté.
En effet, le variant indien est désormais présent en Colombie-Britannique, où l’on recense quelque 300 cas et un début de transmission communautaire, alors qu’environ 150 cas seraient rapportés en Ontario, précise le Dr Roger.
« En Colombie-Britannique, ils sont sur le qui-vive, dit-il. L’Agence de santé publique du Canada vient d’ajouter le variant indien à sa liste des variants sous surveillance rehaussée (VSSR) et l’on va suivre le pas. On va en faire la recommandation à la direction de santé publique dès la semaine prochaine », dit-il.
Séquençage
À l’heure actuelle, le Québec n’effectue pas le dépistage des mutations propres au variant indien dans le criblage aléatoire visant à surveiller l’évolution des variants. « On n’a pas ce qu’il faut dans nos tests pour dépister ce variant. Il va falloir ajouter une mutation pour pouvoir le détecter. On va devoir suivre ça de très près », insiste Dr Roger.
Le directeur du LSPQ dit ignorer de quelle région proviennent les 11 cas confirmés à ce jour au Québec, car cette information est acheminée par le LNM aux directions de santé publique des régions où résident les personnes infectées.
Le 22 avril dernier, un premier cas de variant B.1.617 avait été rapporté en Mauricie. Jeudi, 26 travailleurs d’un chantier minier de l’île de Baffin au Nunavut ont été rapatriés par avion à Saint-Hubert en raison d’une éclosion, où l’on soupçonne des variants — dont le variant indien — d’être en cause, selon TVA. Ils ne font pas partie du décompte officiel des 11 cas de variant B.1.617 confirmés par séquençage.
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La montée soudaine des cas de ce variant au Québec découlerait en partie du temps requis par le LNM pour réaliser le séquençage. Il n’est pas exclu que d’autres cas circulent, a indiqué le Dr Gaston De Serres sur les ondes de TVA.
Si 90 % des cas de variants confirmés au Québec sont maintenant liés au variant B.1.1.7 (britannique), « il ne faut pas laisser ce variant s’installer dans la communauté, insiste le Dr Roger. C’est ça qu’on craint. Ce sont de petits chiffres maintenant, mais le variant britannique, en un mois et demi, est devenu prédominant ».
Accélérer la vaccination
Bien que les données soient encore préliminaires, la transmissibilité accrue du variant indien a été jugée assez préoccupante pour que le Royaume-Uni lui attribue le 7 mai dernier le titre de variant of concern (VOC), suivi par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) trois jours plus tard.
Devenu prédominant dans plusieurs régions de l’Inde, ce variant du virus est maintenant répandu dans 44 pays. L’Agence de santé publique du Royaume-Uni (PHE) a indiqué vendredi que le nombre de cas imputables au variant indien avait doublé en une seule semaine à Londres, passant de 520 à 1313 cas.
Le premier ministre britannique, Boris Johnson, a même averti ses concitoyens vendredi que la levée graduelle du confinement, qui devait s’amorcer au cours des prochains jours, pourrait être perturbée par cette remontée soudaine du variant indien.
Le Royaume-Uni a annoncé avoir l’intention de devancer la 2e dose du vaccin, en ramenant de 12 à 8 semaines le délai prévu entre les deux injections, pour faire échec à ce nouveau variant. Pour les mêmes raisons, l’armée sera aussi déployée pour accélérer la vaccination dans les secteurs où on rapporte des éclosions.