Les 18-34 ans entrent dans la course à la vaccination

Les vannes s’ouvrent cette semaine pour plus de 1,4 million de Québécois âgés de 18 à 34 ans. Si ces jeunes participent à l’effort de vaccination autant que leurs aînés, le Québec dépassera ses cibles, croient des experts.

Pour l’instant, 42 % de la population adulte de la province a été vaccinée au moins une fois. Plus de 90 % des Québécois de plus de 70 ans ont déjà reçu une dose. Chez les 60 à 69 ans, 82 % de la population est partiellement immunisée contre la COVID-19. Pour les quinquagénaires et les quadragénaires, cette proportion est respectivement de 57 % et de 36 %.

« C’est très rassurant », dit avec enthousiasme la Dre Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal. « Si l’on cumule le nombre de vaccins administrés plus le nombre de rendez-vous pris, on approche de chiffres très intéressants. D’ici la fin du mois du mai, on pourrait arriver à 70 % de la population vaccinée. »

Tout le monde autour de moi a sa case horaire réservée. Ça fait tellement longtemps qu’on attend. Tout le monde est prêt.

 

Québec vise la vaccination de 75 % de sa population adulte d’ici le 24 juin.

« La modélisation de l’Agence publique du Canada est très intéressante », note la Dre Borgès Da Silva. Elle dit que « si 75 % des gens ont reçu leur première dose et que 20 % ont reçu leur deuxième dose, à ce moment-là, on va pouvoir déconfiner de manière graduelle sans impact sur le système de santé. Donc, c’est très encourageant quand on approche, au Québec, des 70 %. Et on sait que les travailleurs de la santé sont déjà en train de recevoir leur deuxième dose. […] Ça veut dire que les 20 %, on pourrait peut-être les atteindre d’ici le mois de juin ».

Des centaines de milliers de Québécois prennent rendez-vous chaque jour pour obtenir un vaccin, tandis que le Québec vaccine environ 70 000 personnes par jour. La patience demeure donc de mise.

Dimanche, sur le site de ClicSanté, les premières cases horaires disponibles ne s’affichaient souvent déjà que vers la fin du mois de mai, voire en juin.

Une jeunesse impatiente

 

Tout indique que les jeunes Québécois répondront à l’appel de la Santé publique, croit la Dre Marie-France Raynault, cheffe du Département de médecine sociale et préventive du CHUM. « Les Québécois, on est habitués d’avoir de meilleurs taux vaccinaux que dans plusieurs autres endroits. On devrait reproduire nos bonnes habitudes pour la COVID-19. […] Notre taux d’accélération est tellement bon que ça ne sera pas long avant que nous dépassions les États-Unis. »

Les jeunes rencontrés dimanche par Le Devoir dans les parcs montréalais lui donnent presque tous raison. « Tout le monde autour de moi a sa case horaire réservée », assure Kyle, dans la trentaine, au parc La Fontaine. « Ça fait tellement longtemps qu’on attend. Tout le monde est prêt. »

« Si ça ouvre à minuit, je vais prendre mon rendez-vous à minuit. Je connais personne qui ne veut pas se faire vacciner », renchérit Sabrina, au parc du Père-Marquette.

À ses côtés, Élisabeth rappelle l’importance de l’immunité collective afin de pouvoir revoir ses amis. « Je suis déjà vaccinée, mais on le sait que ce n’est pas tout de suite que ça va changer. On a hâte que tout le monde soit vacciné. Tout seul, ça ne règle pas le problème. Dans ma gang, je suis la seule vaccinée et donc, pour l’instant, ça ne change pas grand-chose. »

Marc, début trentaine, fait partie des 10 % de Québécois réticents à se faire vacciner. « On va attendre, dit-il. Je pense que c’est un peu trop tôt. Les vaccins ont été faits un peu trop vite. Si quelque chose t’arrive, les compagnies pharmaceutiques ne sont pas tenues responsables. Je trouve ça un peu bizarre. De toute façon, j’ai un bon système immunitaire. »

Fort de son succès, le gouvernement devra veiller à convaincre les Québécois de recevoir leur deuxième dose, souligne Dre Roxane Borgès Da Silva. Les autorités administrent à l’heure actuelle environ 10 000 deuxièmes doses par jour avec un délai de 112 jours entre les deux rendez-vous.

Selon elle, « le fait d’avoir décidé de ne pas suivre le protocole d’administration des pharmaceutiques et d’allonger le délai entre la première et deuxième dose peut créer une espèce de laisser-aller des incitatifs à aller chercher sa deuxième dose. On n’est plus dans le feu de l’action et alors, on l’échappe ».

La spécialiste explique que la deuxième dose est obligatoire pour garantir une immunité « pour de bon ». « Les 70 % d’immunité qu’on a acquis au début avec la première dose descendent avec le temps à 60 %, 50 %, 40 % jusqu’à ce qu’on arrive à la deuxième dose au bout de 112 jours. Parfois, c’est trop long d’attendre 112 jours. » Les éclosions de COVID-19 dans des centres de personnes âgées où une seule dose a été administrée servent de preuve.

La situation demeure stable au Québec

La situation sanitaire est relativement stable au Québec, les autorités ne signalant que deux nouveaux cas de plus que la veille. Selon les données publiées dimanche par le ministère de la Santé, 960 nouveaux cas ont été identifiés depuis le précédent bilan. Signe toutefois encourageant, le nombre de cas actifs est passé de 8655 à 8519, selon les données de l’Institut national de santé publique du Québec. On a recensé 358 134 cas depuis le début de la pandémie. Six nouveaux décès, dont un survenu au cours des dernières 24 heures, se sont ajoutés au bilan des victimes. On déplore dorénavant 10 987 morts liées à la COVID-19 depuis son apparition au Québec. Les autorités constatent que le nombre des hospitalisations a baissé de nouveau, passant de 547 à 539. Même constat pour les patients aux soins intensifs, puisque leur nombre a chuté de 130 à 124. Le nombre d’éclosions actives a lui aussi baissé pour s’établir à 959, soit 32 de moins que la veille.

La Presse canadienne



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