Retour du couvre-feu à 20h à Montréal dès dimanche
Le couvre-feu sera ramené à 20 h à Montréal et à Laval dès dimanche afin de prévenir une « explosion » du nombre de cas de COVID-19 dans ces deux régions. Le gouvernement Legault estime toutefois que la situation n’est pas assez « grave » pour justifier la fermeture des écoles dans ces régions, du moins pour l’instant.
La hausse des cas à Montréal et à Laval est actuellement bien moins inquiétante qu’elle ne l’est notamment à Québec et en Outaouais. Le bilan quotidien a d’ailleurs été plus élevé jeudi dans la Capitale-Nationale, avec 436 nouveaux cas en 24 heures, que sur l’île de Montréal, où le bilan s’est alourdi de 370 cas positifs.
« On ne voit pas d’explosion des cas à Montréal et à Laval, mais les experts nous disent que ça pourrait arriver », a indiqué jeudi le premier ministre du Québec, François Legault, qui tenait un deuxième point de presse à 17 h en trois jours. C’est donc afin d’agir de façon « préventive » que le gouvernement Legault a décidé que le couvre-feu, qui avait été reporté à 21 h 30 à la mi-mars, sera de nouveau imposé de 20 h à 5 h dès dimanche. Cette mesure, qui s’appliquera « jusqu’à nouvel ordre », vise à contrer les rassemblements intérieurs, a indiqué M. Legault.
Cette décision, qui affectera durement les salles de spectacle et les cinémas de la métropole, a été accueillie favorablement par la professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal Roxane Borgès Da Silva.
« C’est une bonne chose d’être revenu à cette mesure-là parce que, dans un contexte de contagiosité plus grande, il faut minimiser les contacts absolument », a-t-elle affirmé en entrevue au Devoir jeudi. Autrement, prévient François Legault, le milieu hospitalier pourrait se retrouver surchargé.
« Montréal et Laval, c’est très dense. Ça veut dire que, si ça devait exploser [le nombre de cas de COVID-19], ça pourrait rapidement créer des gros problèmes dans nos hôpitaux », a dit le premier ministre.
Au cours des prochaines semaines, l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) prévoit d’ailleurs une hausse de près de 30 % du nombre de patients atteints du virus aux soins intensifs dans l’ensemble de la province.

« C’est ma plus grande préoccupation », a d’ailleurs dit le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, quant à la possibilité d’avoir à procéder à nouveau à du délestage dans le réseau hospitalier. « Jusqu’à maintenant, on a été capables de l’éviter », a-t-il ajouté.
Sur une note plus positive, M. Dubé a salué le fort achalandage qu’ont connu jeudi les différentes cliniques de vaccination sans rendez-vous qui ont commencé à offrir des doses du vaccin d’AstraZeneca aux personnes âgées de 55 ans et plus. Dans plusieurs régions du Québec, des gens ont fait la queue dès l’aube pour obtenir une dose.
« Ça a été un vif succès. Je pense qu’on doit remercier les Québécois d’avoir réagi aussi rapidement », a déclaré M. Dubé. Même dans ses « plus beaux rêves des derniers jours », le ministre n’aurait jamais pensé voir s’étirer des files d’attente « aussi longues », a-t-il affirmé, le sourire aux lèvres. « Ça a été un vif succès », a-t-il répété.
Les écoles demeurent ouvertes
L’expert en virologie et professeur à l’UQAM Benoît Barbeau juge toutefois pour sa part insuffisante le retour du confinement à 20 h pour contrer la croissance de la transmission communautaire dans la métropole.
En date du 6 avril, on rapportait 75 éclosions actives dans les milieux scolaires à Montréal, dont plusieurs associées à des variants de la COVID-19. L’expert estime donc que le gouvernement Legault aurait pu décider jeudi d’imposer un enseignement entièrement en ligne pour les élèves du primaire et du secondaire, dans la métropole. « En fonction du nombre d’éclosions qu’on voit, qui sont souvent reliées aux variants, le gouvernement aura sans doute à agir dans ce sens-là », analyse M. Barbeau.
Pour l’instant, le premier ministre estime que la transmission communautaire n’est actuellement pas assez « grave » dans les écoles pour justifier leur fermeture complète. « On espère qu’on n’aura pas à fermer les écoles d’ici à la fin juin, mais ça peut arriver », a toutefois reconnu M. Legault. D’ailleurs, dans les zones rouges, les élèves de 3e, 4e et 5e secondaire devront retourner à un enseignement par alternance dès lundi prochain.
Ce sont d’autre part près de la moitié des 308 éclosions actives à Montréal qui proviennent de milieux de travail.
« Il faut renforcer le télétravail ; c’est absolument important. On voit que les éclosions sont en majorité dans ces endroits », estime Mme Borgès Da Silva. Le port du masque médical en continu à l’intérieur dans les milieux de travail est d’ailleurs devenu obligatoire jeudi. Dans les bureaux, jusqu’à maintenant, il était possible d’enlever son masque une fois assis à son poste de travail.
La flambée se poursuit
Les mesures de reconfinement annoncées notamment à Québec, à Lévis, en Beauce et à Gatineau seront par ailleurs prolongées pendant une semaine additionnelle, soit jusqu’au 18 avril, devant la flambée du nombre de nouveaux cas de COVID-19 qui se poursuit dans ces régions. Ces mesures, déjà en place depuis quelques jours, impliquent notamment un couvre-feu à 20 h, la fermeture des commerces non essentiels, des salles de spectacle et des écoles primaires et secondaires.
Dans les derniers jours, les nouveaux cas de COVID-19 ont continué de grimper dans ces régions. Plus de 420 cas positifs ont entre autres été associés, de façon directe ou indirecte, à l’éclosion qui a eu lieu au gym Méga Fitness, situé à Québec. Le taux de positivité s’élève maintenant à 7,9 % dans cette région.
« Quand on dit que c’est [de la transmission] communautaire, ce sont vraiment des gens de tous les âges », a souligné M. Legault, qui se dit inquiet par l’état des lieux à Québec et dans les autres régions ciblées par ces mesures draconiennes.
Le premier ministre garde d’ailleurs dans son radar la région de l’Estrie, où la transmission de la COVID-19 le préoccupe. « On ne peut pas exclure que, si la tendance se maintient, on n’aura pas le choix la semaine prochaine de passer l’Estrie en zone rouge », a-t-il déclaré.
Les entreprises mises à contribution pour la vaccination
Pour la première fois au Québec, les entreprises seront mises à contribution pour prêter main-forte à la vaccination de masse. Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a annoncé jeudi les 13 premiers pôles de vaccination en entreprise, répartis au sein de huit régions administratives. L’opération doit s’amorcer au début de mai, et l’objectif est de vacciner au moins 500 000 Québécois grâce à la contribution des entreprises. Plus de 450 entreprises ont répondu jusqu’à maintenant à l’appel. Dans les prochaines semaines, des pôles s’ajouteront à ceux dévoilés jeudi, a soutenu le ministre, avec l’objectif de doter chaque région d’au moins un pôle de vaccination en entreprise. Chaque pôle assurera la vaccination des employés de l’entreprise responsable de sa mise en place « et de ses partenaires, les employés des entreprises situées à proximité ainsi que leurs familles respectives », a indiqué le ministre par communiqué. La population aura également accès à la vaccination dans ces pôles, et le tout se fera dans le respect de l’ordre de priorité prévu par le gouvernement. Chaque pôle s’engage à vacciner de 15 000 à 25 000 personnes, du mois de mai au mois d’août, a-t-on affirmé.
La Presse canadienne