Des résidents du CHSLD Saint-Laurent enfermés pendant des mois dans leur chambre
Des demi-portes verrouillées pendant plusieurs mois et l’impossibilité de prendre une douche pendant des semaines dans l’unité spécifique du CHSLD Saint-Laurent, à Montréal, soulèvent l’indignation de résidentes et d’employées qui se sont confiées au Devoir. L’établissement estime avoir eu recours à ces mesures de façon limitée à cause de la pandémie, tandis que des experts remettent en question ces pratiques.
Inquiète pour la sécurité et la santé des résidents du CHSLD Saint-Laurent, une employée a fait parvenir au Devoir des photos et des vidéos prises le 17 février dernier dans l’établissement. Alors que sur les trois premiers niveaux du CHSLD, la vie semble avoir doucement repris son cours ces dernières semaines, les unités du 4e et du 5e étage comptaient toujours plus d’une quinzaine de demi-portes confinant les résidents à leur chambre, un an après le début de la pandémie et plus d’un mois après avoir reçu leur premier vaccin contre la COVID-19.
Une résidente de l’unité spécifique située au 5e étage et accueillant des résidents admis pour troubles de comportement significatifs liés à un diagnostic de santé mentale s’est confiée au Devoir. Tout comme les autres résidentes avec qui nous nous sommes entretenus, elle a choisi de garder l’anonymat. Sa demi-porte lui a été retirée il y a deux semaines, après plusieurs mois durant lesquels elle ne pouvait voir à l’extérieur de sa chambre, de son fauteuil roulant. « C’est invivable. Ça fait plus que huit mois qu’on est enfermés, confinés à nos chambres, entre quatre murs, sans droit de visite la plupart du temps, sans accès à l’extérieur. C’est comme si on était en cage », lance la trentenaire éprouvée. « Depuis deux semaines, il y a quelques assouplissements. On est toujours assignés à nos chambres, excepté qu’on a le droit d’aller dîner deux fois par semaine à la cuisine. On a le bingo le vendredi pendant deux heures. Sinon, c’est la chambre toute la journée, toute la soirée, précise-t-elle. On nous dit que l’établissement fait ses règles suite aux consignes du gouvernement. On ne sait pas ce qui se passe ailleurs. Alors on n’a pas de pouvoir sur la situation », lance-t-elle en pleurs.
Je peux bien être libre de faire ce que je veux, je ne dérange personne. Pourquoi on m’interdit ça à 76 ans ? Je vais mourir bientôt, mais je voudrais être heureuse avant de mourir.
Une autre résidente de l’étage, dans la cinquantaine, souffre de diabète sévère et instable qui nécessite un suivi serré. Elle s’est vu ajouter un troisième loquet à sa demi-porte alors qu’elle tentait de sortir de sa chambre pour demander de l’assistance quand elle tombait en hypoglycémie. « Ils me l’ont enlevé il y a un mois, mais je l’ai eu tout le long de la pandémie. J’ai un diabète très mal contrôlé. Je fais du up and down. Je dois sonner pour qu’une préposée vienne voir ce qu’il se passe [et prenne sa glycémie]. Mais il n’y a jamais personne qui vient. Pourtant ils sont avertis. Mon diabète n’est pas balancé, quand je sonne c’est qu’il est trop bas. Je sortais pour les avertir au poste des infirmières. Ils ne viennent pas quand je sonne, j’ai peur qu’un jour ils vont me trouver à terre », s’inquiète-t-elle.
Une septuagénaire du 5e étage a elle aussi tenu à parler confidentiellement au Devoir. « On m’empêchait de sortir de ma chambre pendant la journée, mais depuis peu on a quelques sorties. Ça ne va pas bien. Avant, j’allais rejoindre l’équipe de nuit, on jasait, on mangeait. Mais là, ils m’empêchent de la faire. Si je me réveille, je reste dans ma chambre, entre quatre murs », lance la résidente en sanglotant. « J’ai peur des fois la nuit, je crie jusqu’à ce que je m’endorme. Le personnel me disait de venir faire un tour dans la salle à manger pour ensuite retourner me coucher. Ils étaient bien corrects avec moi. L’éducatrice m’a dit hier que je n’avais plus le droit de sortir entre 22 h et 9 h le matin. Je peux bien être libre de faire ce que je veux, je ne dérange personne. Pourquoi on m’interdit ça à 76 ans ? Je vais mourir bientôt, mais je voudrais être heureuse avant de mourir », dit-elle.
Aide de service au sein de l’établissement pendant la pandémie, Camille Ponce-Lagos confirme que cette résidente a développé une blessure aux fesses à force d’être trop assise, confinée dans sa chambre. « C’était devenu trop douloureux, même se lever pour aller aux toilettes », précise-t-elle. « Elle a commencé à avoir plus d’épisodes dépressifs, ce qui a forcé à donner des doses plus fortes de médication. Maintenant, elle dort toute la journée, apparemment assommée par les drogues », remarque l’ancienne employée.
Selon la Dre Jessika Roy Desruisseaux, gérontopsychiatre et professeure de médecine de l’Université de Sherbrooke, il est clair que le confinement des patients dans les unités psychiatriques a des effets néfastes autant sur leur santé mentale que physique. « Certains vont réagir négativement en se sentant encore plus brimés. Souvent, les gens qui sont plus agressifs, c’est parce qu’on les a restreints justement. Sinon, la plupart du temps, les patients vont réagir par une position plus dépressive, ils vont se replier sur eux-mêmes, vont moins bouger, moins manger, dormir plus le jour et donc moins la nuit. Psychologiquement, c’est comme la prison, c’est comme mettre quelqu’un au trou. C’est à peu près la même chose, mais avec une fenêtre », lance le Dr Roy Desruisseaux.
Des demi-portes controversées
Quelques jours après que Le Devoir a informé le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal des témoignages qu’il a reçus, les 15 demi-portes encore en place ont été toutes retirées. Un hasard, selon les dires de l’établissement.
« Toutes les demi-portes installées, que ce soit à Saint-Laurent ou ailleurs dans le nord de l’île le sont selon un algorithme décisionnel. Ça nous dit pour chacune la raison pour laquelle on doit appliquer cette porte-là. C’est sûr que là, c’est arrivé avec le contexte de la pandémie, parce qu’avant, ça n’existait pas en CHSLD », précise Lucien Deslauriers, coordonnateur au CHSLD Saint-Laurent du Nord-de-l’Île-de-Montréal.
M. Deslauriers explique que la clientèle du 5e étage est aux prises avec des problèmes de santé mentale, mais aussi des troubles de comportement souvent graves, « qui sont dangereux pour autrui ». « Oui, il y avait le contexte de la pandémie qui disait que la personne ne respectait pas le confinement, mais encore là, c’était sous forme de 14 jours ou autre, pas des mois », lance-t-il. Contrairement aux témoignages des employés reçus par Le Devoir qui précisent que 27 portes auraient été installées au début de la pandémie à l’unité spécifique, le coordonnateur au CHSLD Saint-Laurent parle plutôt d’une quinzaine. « Moi, je suis arrivé lors de la deuxième vague, et une patiente positive avait de nouveaux symptômes ; alors, on a poursuivi le confinement jusqu’au 26 janvier », précise M. Deslauriers à propos d’un cas isolé qui a forcé le confinement de toute l’unité pendant près d’un mois. « Un employé était aussi positif. Il ne fallait pas que les résidents voyagent d’une chambre à l’autre », précise-t-il.
Pour le médecin de famille de l’unité, le Dr Abdelkader Bouallegue, l’utilisation de demi-portes était justifiée dans les circonstances. « En cas de détection d’une nouvelle positivité au COVID, on ne doit confiner que les personnes faisant partie de la même bulle. Malheureusement, cette bulle ne peut être […] respectée au 5e étage. Il arrive en effet que ces personnes n’aient pas la possibilité d’observer les consignes et la discipline. Ils font aussi énormément d’errance et rentrent dans les chambres. À partir du moment où on est au cœur de cette pandémie, les problèmes de contact deviennent alarmants pour le personnel ici », précise le Dr Bouallegue, confiné à domicile lors de la première vague à cause de son âge.
Lors de la 1re vague de COVID-19, 123 résidents de ce CHSLD ont en effet attrapé le coronavirus. 55 d’entre eux sont morts. Lors de la 2e vague, l’établissement n’a compté qu’un seul décès. Aucun des 126 résidents n’est actuellement en attente d’un résultat de dépistage ou n’est atteint de la COVID. Ils ont d’ailleurs été vaccinés le 8 janvier dernier.
Je pense aussi que les gens se donnent bonne conscience dans la pandémie en évitant la contamination
Une employée qui désire garder l’anonymat par peur de perdre son emploi s’explique mal pourquoi les demi-portes ont été utilisées en dehors des éclosions. « Le personnel justifie la situation en disant qu’untel est plus agité, alors on va la garder. Mais ça le rend encore plus agité », lance-t-elle.
Alertée par la dégradation de la mobilité et de l’état moral des 29 résidents qu’elle côtoie à l’unité spécifique du 5e étage, où elle a travaillé comme aide de service de mai à fin octobre 2020, Camille Ponce Lagos a, quant à elle, décidé de déposer une plainte auprès du Commissariat aux plaintes et à la qualité des services du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal, entité indépendante du CIUSSS.
« Au fil de mon travail à cet établissement, j’ai constaté comment l’état de santé psychologique et physique des résidents s’est détérioré en raison de la sédentarité à laquelle ils sont forcés. Ils ont développé des blessures physiques à force de rester assis ou couchés dans la même position. Quant à la santé mentale, elle s’est beaucoup dégradée de par l’imposition d’un confinement presque total, en ne pouvant interagir ni marcher librement pendant des mois. Oui, certains ont une bipolarité, mais ils peuvent parler, tenir une conversation, ils allaient au Tim Hortons pendant la journée. Ça les a affectés, car ils sont comme vous et moi », lance-t-elle. « Il y a des résidents qui ne marchent plus vraiment bien, ils ont besoin d’une marchette alors qu’avant ils marchaient seuls », note quant à elle une employée toujours en fonction.
L’utilisation de demi-portes pour isoler les résidents est considérée comme une mesure de contrôle, au même titre que les contentions ou les substances chimiques qui doivent être utilisées de manière exceptionnelle et en dernier recours.
« L’usage le plus fréquent hors pandémie des demi-portes est dans le cas d’un usager qui a l’Alzheimer et qui est agressif. On peut ainsi le ramener à sa chambre pour diminuer les stimuli et le laisser se calmer, environ 15 minutes. Chaque mesure de contention doit d’ailleurs être réévaluée aux 15 minutes selon les règlements des CIUSSS », précise la gérontopsychiatre Jessika Roy Desruisseaux.
« Ça pourrait être utilisé dans le cas d’une éclosion pour éviter la transmission, pour diminuer les possibilités de la personne de circuler. Une éclosion qui se déroule bien, en deux semaines, c’est terminé, sinon au pire, ça peut prendre un mois. Si on utilise cette mesure-là, on doit trouver une manière de faire circuler les usagers à tour de rôle. Mais est-ce que les gens ont les ressources en personnel pour le faire, je ne suis pas certaine. Est-ce qu’ils se donnent les moyens pour y arriver ? Je ne suis pas certaine non plus. Des fois, la Santé publique a le dos large ces temps-ci… », se désole la Dre Roy Desruisseaux.
Elle estime également que la suspension des sorties extérieures dans les unités psychiatriques a simplifié la tâche pour le personnel soignant de certains établissements. « Les gens trouvent ça plus simple, parce que les usagers ne vont pas consommer, tout le monde est là à l’heure, pas de chicane pour les cigarettes. C’est moins d’ouvrage comme ça, alors on se pose moins de questions », lance-t-elle.
La gérontopsychiatre observe depuis quelques années déjà que la sécurité est devenue une priorité justifiant certaines décisions d’établissements comme l’isolement. « C’est encore pire avec la pandémie. On ne veut pas que le personnel se fasse frapper, qu’il y ait des congés maladie. Ça les met dans une posture répréhensible, mais pour certains gestionnaires, cela permet de justifier leurs actes. Je pense aussi que les gens se donnent bonne conscience dans la pandémie en évitant la contamination. Les résidences pour personnes âgées agissent aussi comme ça : une bonne RPA n’a pas d’éclosion. Alors ils penchent du côté de la “sécurité sanitaire”, en négligeant d’autres aspects », analyse la Dre Roy Desruisseaux.

Le Service de sécurité incendie de Montréal n’a pas souhaité se prononcer au sujet des photos des demi-portes en place au CHSLD Saint-Laurent. Il rappelle tout de même le Code de sécurité : « Tout objet, dans ce cas-ci une porte avec loquet ou verrous extérieurs, pouvant obstruer l’accès à un moyen d’évacuation (un corridor menant à la cage d’escalier y est inclus) rendant impossible pour une personne de se diriger vers un lieu sécuritaire, constitue une infraction au présent règlement. » « Tout autre objet qui obstrue l’accès au moyen d’évacuation, comme un cadenas, une serrure à clé, un loquet, etc., constitue une infraction majeure au règlement et est donc proscrit. »
L’utilisation de demi-portes a été dénoncée en décembre dernier quand une plainte a été déposée au Service de sécurité incendie de Montréal après que des aînés ayant des troubles cognitifs ont été barricadés dans leur appartement à la résidence Anjou sur le Lac afin d’éviter que des résidents atteints de troubles cognitifs en attente de leurs résultats pour la COVID-19 se déplacent dans l’établissement. Une situation similaire a été rapportée à la maison de retraite White Cliffe Terrace, à Courtice, en Ontario, où les poignées de porte des résidents avaient été retirées, empêchant la libre circulation de ceux-ci.
Selon le Guide régional d’application des mesures de contrôle, on doit tendre à proscrire l’utilisation de la demi-porte comme mesure de contrôle pour des raisons de sécurité. « Bien que l’on puisse s’assurer que la demi-porte est sécuritaire, on devrait privilégier la mise en place d’une porte vitrée, d’une moustiquaire ou d’une porte avec fenêtre. »
« L’utilisation de demi-portes avec verrous extérieurs dans certains CHSLD n’est pas illégale », a précisé au Devoir le ministère de la Santé et des Services sociaux.
Questionné au sujet des conditions d’utilisation de demi-portes dans un CHSLD, le ministère de la Santé et des Services sociaux a indiqué que « l’équipe soignante peut recourir à l’utilisation exceptionnelle des mesures de contrôle, sans le consentement de l’usager, de son représentant légal ou de sa famille en cas d’urgence », comme dans le contexte de la pandémie de COVID-19.
Le ministère indique que « l’utilisation d’une mesure de contrôle ne doit être utilisée qu’en dernier recours et pendant une durée limitée, en raison des risques associés à certains dispositifs. D’autres mesures moins contraignantes permettant d’atteindre les objectifs de protection de la personne ou d’autrui, sans entraver les droits et libertés de l’individu et donc, sans occasionner de conséquences néfastes doivent être priorisées ».
Pas de douches pour des semaines
Deux des résidentes à qui Le Devoir a parlé ont déploré l’incapacité de prendre des douches pendant plusieurs semaines lors des éclosions. Une information confirmée par les employés consultés, mais aussi le coordonnateur au CHSLD Saint-Laurent.
« La salle de bains commune en éclosion n’est pas utilisée. C’est à la chambre pour 26 jours. À chaque fois qu’on amène la personne à la douche, il faut désinfecter la place. Et il ne faut pas qu’ils se croisent », explique M. Lucien Deslauriers.
« Pendant la COVID, la période où il y a eu des cas sur l’étage, on a été plus qu’un mois sans douche. Ça vient de finir le mois passé. On a eu des bains partiels au lit. Ce n’est pas sain de ne pas avoir de douche pendant un mois de temps ! » lance une résidente du 5e étage en pleurant. « On restait tous dans nos chambres et on se lavait à la mitaine, avec des débarbouillettes. On mettait des piqués par terre et on se lavait au-dessus du lavabo. Vu que je ne suis pas grande, le lavabo me rentrait entre les deux seins et j’avais des crampes. Je prenais un verre et je me rinçais les cheveux ! » explique une autre résidente du 5e étage.
D’autres établissements n’ont pas choisi de faire face à la pandémie de la même manière.
« On a eu des résidents infectés. Durant cette période, tous les résidents devaient être confinés à leur chambre pendant un certain nombre de jours. Le plus long, ç’a été 15 jours dans un cas. Sinon 4 à 7 jours en moyenne », explique Pierre Bélanger, chef de direction chez Mandala Santé, propriétaire de résidences pour personnes âgées, dont le CHSLD des Patriotes à Saint-Eustache. « Pendant ces journées de confinement, les résidents ont pu continuer à compter sur une toilette partielle quotidienne ainsi que deux douches ou bains par semaine », note-t-il.
Pouvaient-ils également sortir de leur chambre ? « Un gros oui, absolument ! Les gens sortaient tous les jours », lance le chef de direction qui a plutôt opté pour des demi-barrières en plastique comme celles qui sont utilisées pour la sécurité des jeunes enfants lors des isolements. « Ce sont des personnes qui ont le droit de vivre. On peut leur demander de respecter les deux mètres, mais dans les faits, ça n’arrive pas. Mais en fin de compte, les autres résidents sont leur famille », ajoute M. Bélanger qui a plutôt choisi de mettre le fardeau de la sécurité sur ses employés. « Les restrictions doivent être appliquées à toute personne qui a un contact à l’extérieur. C’est eux qu’on doit mettre en plastique pour protéger nos résidents », estime M. Bélanger.
Un manque d’empathie
Sabita Labelle travaillait dans la restauration avant de devenir aide de service au CHSLD Saint-Laurent d’avril à mi-septembre 2020 aux côtés de résidents atteints notamment de démence. Impliquée dans son rôle d’aide de service, Mme Labelle prend à cœur de faire sortir le plus possible les résidents de leur chambre, prend le temps de les nourrir et de les divertir. Mais elle déplore que d’autres membres du personnel du CHSLD manquent d’empathie envers les bénéficiaires.
« Je donnais à manger aux résidents et je leur laissais le temps pour le faire. J’étais capable de lire qu’ils avaient encore faim et les préposés me disaient que l’heure du dîner était passée, que la personne allait prendre sa collation plus tard. Je refusais d’arrêter de les nourrir », se souvient-elle encore choquée par la manière dont les résidents étaient nourris par les préposés du CHSLD. « Ils les forçaient, car ils ne voulaient pas ouvrir la bouche. Ils ne sont même pas capables de rentrer en contact avec le patient qui ne se sent pas à l’aise et en sécurité avec les préposés. Alors, ils ne veulent pas ouvrir la bouche. Ils étaient rough avec eux », explique Mme Labelle. « Je suis devenue coordinatrice vers la fin de mon mandat et je me suis aperçue que les aides de service ne faisaient pas autant marcher qu’il le faudrait les résidents. On me répondait qu’ils dormaient. Mais ils dorment tout le temps. Il y a une manière de faire », lance-t-elle.
La gérontopsychiatre Jessika Roy Desruisseaux n’est pas surprise par les témoignages rapportés par Le Devoir. « Quand on regarde la façon dont on traite les personnes atteintes de maladie mentale dans notre société, et quand on regarde comment on les a traitées durant la pandémie, c’est sûr que l’angle de la stigmatisation et de la discrimination s’est aggravé. On pense que ces patients-là ne peuvent pas respecter des règles, ne peuvent pas comprendre le bon sens, alors que c’est complètement faux. Il y a comme une espèce de méfiance intrinsèque qui vient de siècles de stigmatisation où on pense que ces gens-là vont être la source d’une éclosion. Mais on le sait maintenant, que c’est le personnel qui apporte ça dans les unités. C’est eux qui ont une vie sociale », conclut la Dre Roy Desruisseaux.
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Ce texte a été modifié après sa publication initiale afin d’apporter des précisions de nature administrative.