Le variant britannique pourrait devenir prédominant à Montréal d’ici la fin mars

Les cas de COVID-19 causés par le variant britannique risquent d’augmenter dans la grande région de Montréal au cours des prochaines semaines, selon les dernières projections de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Ce variant pourrait ainsi rapidement devenir la souche principale causant la maladie.
« Le nouveau variant britannique pourrait devenir prédominant, donc plus de la moitié des cas y seraient reliés, vers la fin mars dans le Grand Montréal et un petit peu plus tard, à la mi-avril, dans les autres régions », a constaté en entrevue le Dr Marc Brisson, du Groupe de recherche en modélisation mathématique des maladies infectieuses de l’Université Laval.
L’ampleur de l’augmentation des cas dépendra de l’adhésion aux mesures pendant la semaine de relâche et au retour en classe tout comme du nombre d’évènements de super-propagation qui pourraient se produire. « Avec le même nombre de contacts, le variant va créer plus de cas que l’ancienne souche », a-t-il indiqué.
La stabilité actuelle du nombre de cas dans la grande région de Montréal pourrait ainsi cacher une diminution des cas causés par la première souche du coronavirus et, parallèlement, une augmentation des cas causés par le variant britannique.
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Il a déjà fait son chemin dans les écoles. Il a été détecté dans 94 des 137 cas confirmés de variants, surtout dans la région de Montréal. L’INSPQ rapportait jeudi que 1353 cas présumés sont toujours en cours d’analyse.
Si ce variant devient prédominant, il pourrait infecter tous les groupes d’âge par l’entremise de la transmission communautaire. Il n’y aurait alors pas assez de gens vaccinés pour freiner la hausse des cas puisque les personnes de plus de 70 ans et les travailleurs de la santé « représentent moins de 20 % de la population », selon l’étude. D’où « la course contre la montre », note le Dr Brisson, pour vacciner le plus de personnes possible.
L’INSPQ s’attend toutefois à ce que la montée de ce variant pourtant plus contagieux cause moins d’hospitalisations et de décès, puisque les groupes les plus vulnérables, comme les résidents des CHSLD, ont déjà été vaccinés. « En effet, la vaccination permettrait d’atténuer les effets d’un nouveau variant sur les hospitalisations et les décès des personnes de plus de 75 ans », souligne le groupe de recherche.
Tout dépendra de l’adhésion aux mesures imposées par le gouvernement. Le ministre de la Santé, Christian Dubé, s’est empressé de rappeler sur Twitter qu’une augmentation des contacts entre les gens se ferait sentir rapidement dans les hôpitaux.
« Une adhésion moyenne aux mesures aurait pour impact de ramener les hospitalisations au même niveau que nous étions au pire du mois de janvier, a-t-il écrit. C’est exactement ce qu’on doit éviter. C’est pour ça qu’on demande aux Québécois de ne pas relâcher les efforts. »
Moins de risques en région
Les autres régions demeureraient peu touchées par le variant britannique si l’adhésion aux mesures de la Santé publique demeure forte. Il pourrait toutefois y avoir une augmentation en cas de relâchement — 50 % à 100 % de réduction des visites dans les domiciles ; plus de contacts dans les commerces, les sports et les loisirs. Cette augmentation dépendrait aussi de l’importation de cas de variants avec les déplacements interrégionaux. Ceux-ci sont toujours non recommandés.
Les projections tiennent compte de la vaccination des personnes vivant dans les résidences privées pour aînés et des personnes de 70 ans et plus toujours à domicile. Elles prennent pour hypothèse que le variant est de 1,4 à 1,9 fois plus transmissible par contact et 1,1 à 1,5 fois plus sévère que la souche initiale du coronavirus. Elles n’incluent pas les assouplissements annoncés la veille par le premier ministre François Legault.
Quatre des neuf régions présentement en zone rouge passeront en zone orange dès lundi. Il s’agit de la Capitale-Nationale, de Chaudière-Appalaches, de la Mauricie-et-Centre-du-Québec de même que de l’Estrie. Les régions de Montréal, de Laval, de la Montérégie, des Laurentides et de Lanaudière demeureront en zone rouge pour limiter la propagation du variant britannique.
L’étude ne tient pas compte des autres variants, sud-africain et brésilien, qui sont moins présents au Québec pour l’instant. Une augmentation du variant sud-africain, dont 40 cas ont été détectés en Abitibi, pourrait changer la donne puisque les vaccins sont moins efficaces contre lui.