La pandémie accentue-t-elle les risques de surdose?

Au Québec, le nombre mensuel de surdoses mortelles est en nette augmentation.
Photo: iStock Au Québec, le nombre mensuel de surdoses mortelles est en nette augmentation.

L’effet du cocktail pandémique sur les consommateurs de drogues n’est pas joyeux. La qualité et l’offre des substances psychoactives ont baissé à la suite des mesures de confinement et du resserrement des frontières. Les utilisateurs doivent donc se tourner vers des substances moins sécuritaires ou qui leur sont moins familières. Alors que certains centres québécois d’intervention en toxicomanie envisagent de fermer leurs portes, faute d’argent, les risques courus par les consommateurs d’opioïdes sont plus grands que jamais.

Au Québec, le nombre mensuel de surdoses mortelles est en nette augmentation. On signalait en juillet 2020 un triste record de 66 décès, par rapport à une moyenne de 35 par mois dans la deuxième moitié de 2019. À Montréal, le nombre d’interventions impliquant l’administration de naloxone — une substance qui contre les effets d’une surdose d’opioïdes — a plus que doublé en 2020 par rapport aux années précédentes. « Nous avons constaté que le fentanyl semble s’implanter dans le marché illégal à Montréal », disait déjà en septembre Sarah Larney, une chercheuse au Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal qui mène un projet sur la COVID-19 et les drogues illicites.

La consommation de fentanyl est également en hausse ailleurs au Canada. En Colombie-Britannique, qui est au cœur de la tempête des opioïdes depuis des années, le nombre d’appels aux services d’urgence en raison d’une surdose a connu un record l’an dernier. Dans cette province, plus de 1540 personnes sont mortes d’une surdose en 2020 (données encore incomplètes), par rapport à 1090 qui ont succombé à la COVID-19. Les coroners britanno-colombiens ont par ailleurs relevé des concentrations très élevées de fentanyl chez les personnes décédées de surdoses dans les derniers mois. Le confinement complique la prise en charge rapide des patients en détresse, car la consommation solitaire est désormais fréquente.

Selon de récentes données, les États-Unis étaient aussi en voie de connaître une année record en matière de surdoses de drogue. Le système de surveillance entretenu par l’Université du Michigan faisait récemment état d’une augmentation de 15 % des décès causés par des surdoses du 1er mars au 16 septembre 2020 par rapport à la même période de l’année précédente. « La pandémie de COVID-19 est entrée en collision avec une épidémie de surdoses de drogues, a dit Patrice A. Harris, la directrice du groupe d’action sur les opioïdes de l’Association médicale américaine. Cela rend l’accès à des soins basés sur la science plus difficile pour les patients toxicomanes, accentue les défis vécus par les patients qui souffrent de douleurs et complexifie la tâche des organismes distribuant de la naloxone ou des seringues stériles. »

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