Les Québécois ont profité du confinement pour améliorer leur alimentation

Les Québécois semblent avoir profité du confinement pour améliorer leur alimentation, selon des travaux réalisés à l’Université Laval.
Cela est vrai non seulement des Québécois qui avaient déjà une bonne alimentation avant la crise sanitaire, mais aussi de ceux dont l’alimentation laissait quelque peu à désirer.
Le chercheur Benoît Lamarche, qui est professeur à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation et directeur du Centre NUTRISS de l’Université Laval, et ses collègues ont étudié les habitudes alimentaires de quelque 900 participants au projet NutriQuébec, aussi bien avant le début du confinement qu’après son entrée en vigueur.
« À notre connaissance, c’est la première fois que nous avons des données vraiment de mesure de comportements réels sur les habitudes alimentaires des Québécois pendant la pandémie, a dit M. Lamarche. Ça nous a permis de voir que, dans ce groupe-là, la qualité de l’alimentation […] s’est légèrement améliorée. C’est le contraire de ce à quoi on s’attendait à voir. »
Ainsi, l’indice de la qualité de l’alimentation des participants se chiffrait à 70 % au printemps, contre 69 % avant le confinement. Cette progression découlerait d’une combinaison de petites hausses dans la consommation de produits céréaliers de grains entiers, de légumineuses, de légumes, de poissons et de fruits de mer et de produits laitiers.
Les chercheurs ont aussi remarqué une hausse de l’apport en protéines végétales et de protéines totales ainsi qu’une baisse de la consommation de sucre et de produits céréaliers faits de farine raffinée.
L’indice de qualité de l’alimentation sur 100 points a bondi de 3,8 points chez les gens atteints d’obésité, de 3,6 points chez les 18-29 ans et de 1,9 point chez les gens ayant un niveau de scolarité moins élevé.
« On voit des améliorations plus marquées dans certains groupes, a commenté M. Lamarche. Par exemple, les gens qui souffrent d’obésité se sont améliorés plus ; l’explication vient probablement du fait que leur alimentation au départ était peut-être un peu de moins bonne qualité. »
Une bonne partie de l’amélioration globale serait aussi attribuable à un déclin important des repas pris au restaurant, croit le chercheur. En effet, le pourcentage des repas pris à l’extérieur de la maison est passé de 21 % à 4 %.
« Il y avait déjà des données dans la littérature qui suggèrent que quand on mange à la maison, et particulièrement quand on se fait à manger, la qualité de l’alimentation s’améliore », a-t-il dit.
Surprise agréable
M. Lamarche admet que ses collègues et lui étaient plutôt pessimistes au début de l’étude et qu’ils ont donc été agréablement surpris par leurs résultats. En effet, ils s’attendaient à ce que le stress associé au confinement et tous les changements survenus dans nos vies se soient traduits par un déclin de la qualité de l’alimentation.
Il prévient toutefois qu’il ne faut pas perdre de vue que l’étude NutriQuébec rassemble à la base des gens qui ont un intérêt pour une alimentation de qualité, ce qui pourra quelque peu teinter les résultats obtenus.
« Maintenant, il faut aller rejoindre les gens pour qui c’est un plus grand défi, qu’on rejoint plus difficilement avec un projet comme ça, il faut aller mesurer leurs comportements pour avoir un meilleur portrait […] des populations plus vulnérables face à une pandémie comme la COVID-19 », a dit M. Lamarche.
Les participants à l’étude seront de nouveau sollicités dans le futur, ce qui pourrait permettre de mesurer si les bonnes habitudes alimentaires acquises pendant la pandémie se seront maintenues.
« C’est très difficile de répondre à cette question-là, a dit M. Lamarche. On peut penser que pour certaines personnes, le plaisir de cuisiner ou de faire des repas à la maison avec la famille va s’installer.
« Mais on peut aussi penser que quand le train-train quotidien va reprendre, que le télétravail va peut-être diminuer un petit peu… C’est difficile de changer des habitudes alimentaires et de les maintenir à long terme si l’environnement devient permissif, qu’il refavorise des habitudes alimentaires moins optimales, alors ça risque de revenir. »
Les conclusions de cette étude sont publiées dans The American Journal of Clinical Nutrition.