Coup d'oeil sur le vaccin d’AstraZeneca

Le vaccin d’AstraZeneca fonctionne différemment des vaccins à ARN messager de Pfizer et de Moderna.
Photo: John Cairns University of Oxford via Agence France-Presse Le vaccin d’AstraZeneca fonctionne différemment des vaccins à ARN messager de Pfizer et de Moderna.

Le Royaume-Uni a autorisé mercredi l’utilisation du vaccin contre la COVID-19 du groupe britannique AstraZeneca, développé avec l’Université d’Oxford. Premier pays à donner son feu vert, il pourrait bientôt être rejoint par le Canada, qui a réservé 20 millions de doses de ce vaccin. Coup d’oeil sur ce nouveau sérum.

Un « cheval de Troie »

Le vaccin d’AstraZeneca fonctionne différemment des vaccins à ARN messager de Pfizer et de Moderna. Il est essentiellement constitué d’un virus — un adénovirus de chimpanzé — qui a été modifié afin de ne pas pouvoir se répliquer. Ce « vecteur » contient aussi le matériel génétique des petits pics (spicules) du coronavirus. Pénétrant à l’intérieur des cellules humaines, il déclenche la production de ces protéines par la cellule elle-même. Par effet domino, cela provoque une réaction immunitaire protectrice. « Grosso modo, on utilise l’adénovirus comme un cheval de Troie », explique Andrés Finzi, un virologue de l’Université de Montréal et le titulaire de la Chaire de recherche du Canada en entrée rétrovirale.

Une heureuse erreur

 

Selon des essais cliniques réalisés auprès de 11 636 participants au Royaume-Uni et au Brésil, le vaccin d’AstraZeneca est efficace à environ 70 %. Deux doses doivent être injectées. En décortiquant les résultats, un constat étonnant émerge. Chez un sous-groupe de 1367 volontaires ayant reçu par erreur une demi-dose du vaccin à leur première injection, le taux de protection grimpe à 90 %. Le Dr Finzi propose une hypothèse pour expliquer cette bizarrerie : si le volume de la première dose est trop grand, le patient développe une immunité contre l’adénovirus de chimpanzé. À la dose de rappel, le « cheval de Troie » ne peut alors pas aller livrer sa cargaison génétique, car il est intercepté avant d’arriver à destination. Pour l’instant, l’agence réglementaire britannique n’a pas opté pour la demi-dose, malgré les signaux positifs.

Une seconde dose plus tardive

 

Les régulateurs du Royaume-Uni permettent l’administration de la dose de rappel dans une large fenêtre : de 4 à 12 semaines après la première aiguille. Des données préliminaires citées par les fonctionnaires, mais pas encore publiées dans la littérature scientifique, indiquent que le vaccin pourrait même être plus efficace quand la seconde dose est administrée plus tard. Cela devrait donner plus de flexibilité au réseau de la santé britannique, qui doit commencer à vacciner le nouveau sérum le 4 janvier.

Miser sur la quantité

 

Même s’il est moins efficace que les vaccins de Pfizer et de Moderna, le vaccin mis au point par AstraZeneca et l’Université d’Oxford possède l’immense avantage de pouvoir être déployé plus facilement. Il peut être conservé pendant six mois dans un réfrigérateur conventionnel. Chaque dose coûte environ 5 $. Et la compagnie entend produire trois milliards de doses en 2021. Le vaccin britannique pourrait donc fortement accélérer la campagne de vaccination à l’échelle mondiale, à peine un an après l’apparition du pathogène. « C’est extraordinaire ! » se réjouit le Dr Finzi, qui compare l’exploit des fabricants de vaccins à la conquête de la Lune dans les années 1960.

Approbation au Canada

 

Pour accélérer une éventuelle autorisation au Canada, AstraZeneca achemine en continu les données qu’elle compile au ministère de la Santé depuis le début du mois d’octobre. Quelques questions restent en suspens. Pensons notamment à l’efficacité du vaccin chez les personnes de 65 ans et plus, qui ne constituaient que 10 % de la cohorte pour laquelle les résultats ont été rendus publics. Santé Canada dit ne pas être en mesure pour l’instant de fournir « un échéancier précis quant à la fin du processus d’examen ». Les États-Unis et l’Union européenne ont quant à eux fait savoir qu’il était improbable qu’ils autorisent l’utilisation du vaccin d’AstraZeneca avant le mois de février.  

En données

Le nombre de cas quotidiens de COVID-19 continue d’atteindre de nouveaux sommets au Québec. Les autorités sanitaires de la province ont signalé mercredi un record de 2511 nouvelles infections.

Le nombre total d’hospitalisations a bondi de 80 par rapport à la veille, pour un total de 1211. De ce nombre, 152 patients se trouvent présentement aux soins intensifs, une hausse de quatre.

On déplore aussi 41 autres décès, dont dix qui sont survenus dans les dernières heures, 28 entre le 23 et le 28 décembre et trois à une date inconnue.


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