Dépistage prioritaire réclamé pour les travailleurs de la santé et leur famille

Les délais d’attente pour le dépistage varient d’une région à l’autre. À Montréal, une zone orange, la Santé publique affirme que la «plupart des laboratoires sont en mesure de fournir les résultats à l’intérieur de 24 à 48 heures.»
Photo: Joe Raedle Agence France-Presse Les délais d’attente pour le dépistage varient d’une région à l’autre. À Montréal, une zone orange, la Santé publique affirme que la «plupart des laboratoires sont en mesure de fournir les résultats à l’intérieur de 24 à 48 heures.»

Des médecins demandent à Québec de prioriser les travailleurs de la santé et leur famille lors de la transmission des résultats des tests de dépistage à la COVID-19. Des infirmières, entre autres, sont contraintes de rester jusqu’à 7 jours à la maison, leur enfant étant en isolement. Un problème qui s’ajoute à la pénurie criante de main-d’œuvre.

Le Dr Mathieu Simon, pneumologue et chef de l’unité des soins intensifs de l’Institut de cardiologie et de pneumologie de Québec, est inquiet. Il dispose de suffisamment de respirateurs. Mais il manque de personnel.

« Beaucoup de gens sont en isolement pour eux-mêmes ou parce que leur enfant, qui va dans un service de garde ou à l’école, est en attente de résultat d’un test de COVID-19 », dit le Dr Mathieu Simon.

Les professionnels de la santé ont accès à un service de dépistage dans les hôpitaux, mais leurs proches doivent se rendre dans une clinique destinée à la population. Dans la région de la Capitale-Nationale, en zone orange, le délai d’attente pour recevoir les résultats peut être long. « Ça peut prendre de 5 à 7 jours, dit le Dr Mathieu Simon. Ce n’est pas d’une efficacité remarquable. »

Le Dr Mathieu Simon croit que le personnel de la santé et des services essentiels devrait recevoir le résultat plus rapidement et en priorité. « Je ne veux pas que ça paraisse discriminatoire, souligne-t-il. On ne se considère pas au-dessus de qui que ce soit. Mais cette main-d’œuvre est plus déterminante pour la société. »

Beaucoup de [travailleurs de la santé] sont en isolement pour eux-mêmes ou parce que leur enfant, qui va dans un service de garde ou à l’école, est en attente de résultat d’un test de COVID-19

 

Le Dr Hoang Duong, président de l’Association des spécialistes en médecine interne du Québec, souhaite aussi que le personnel de la santé et leur famille « obtiennent leur résultat de façon prioritaire pour qu’ils s’absentent le moins longtemps possible ».

Avec la pénurie actuelle, remplacer des employés est tout un défi, rappelle le médecin. « Lors de la première vague, du personnel est devenu malade de la COVID-19, mais aussi brûlé, incapable de revenir au travail, explique le Dr ​Hoang Duong. On sait qu’il y a une bonne proportion de ces gens qui ne sont pas encore revenus au travail. » Les activités hospitalières, elles, ont repris.

La situation préoccupe la Dre Christine Drouin, cheffe du service des soins intensifs à l’Hôtel-Dieu de Lévis, dans la région de Chaudière-Appalaches, qui se trouve en zone orange. « On a beaucoup de jeunes mères, dit l’intensiviste. Étant donné que les écoles sont encore ouvertes, je ne sais pas combien d’infirmières on va perdre parce que les enfants vont devoir être en isolement et vont être en attente de test de COVID-19. »

La Dre Christine Drouin croit qu’exceptionnellement, le personnel de la santé devrait avoir le droit de consulter le dossier médical de son enfant pour connaître le résultat du test. « C’est interdit, c’est illégal de faire ça, précise-t-elle. Mais ça pourrait être envisagé pour accélérer le processus. Cela pourrait diminuer la charge de la santé publique. »

Délais d’attente

La Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) estime que le gouvernement Legault doit agir dans ce dossier. « À l’heure où l’on rentre dans la deuxième vague et où la pression augmente dans le réseau, il faut trouver une solution rapidement pour que les professionnels de la santé ne subissent pas les délais de réponse au test de dépistage; cela permettra de les renvoyer rapidement là où on a besoin d’eux », indique la FMSQ, dans un courriel.

Les délais d’attente pour le dépistage varient d’une région à l’autre. À Montréal, une zone orange, la Santé publique affirme que la « plupart des laboratoires sont en mesure de fournir les résultats à l’intérieur de 24 à 48 heures. »

Toutefois, en point de presse lundi, le directeur de santé publique du Québec, le Dr Horacio Arruda, a rappelé que le dépistage est réservé aux gens qui ont des symptômes, qui ont été en contact avec un cas de COVID-19 ou qui ont été envoyés par la Santé publique.

 

« C’est arrivé que des gens se présentent [à un test] avant d’aller à un party pour savoir s’ils sont positifs ou négatifs, a dit le Dr Horacio Arruda. Il faut savoir utiliser nos ressources de façon adéquate pour la bonne personne, au bon moment, pour les bonnes indications. »

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