Le dilemme du retour à l’école pour les enfants souffrant de maladies chroniques

Les parents québécois devront bientôt décider s’ils envoient — ou pas — leurs enfants à l’école primaire et à la garderie. Dans ce contexte de pandémie de la COVID-19, la décision peut être plus complexe pour ceux dont les enfants souffrent de certaines maladies, comme l’asthme. Une spécialiste des maladies infectieuses de l’Hôpital de Montréal pour enfants a abordé la question.
En annonçant son plan de réouverture des écoles primaires et des garderies — le 11 mai pour l’extérieur de Montréal et le 19 mai pour la région métropolitaine — le premier ministre François Legault a conseillé aux parents de garder à la maison leurs enfants s’ils souffrent de « conditions médicales », dont des maladies chroniques, mais sans plus de détails.
Quelles sont ces conditions qui méritent d’éviter les classes et la garderie pour l’instant ?
La réponse n’est ni complètement noire ni complètement blanche, ressort-il de l’entretien avec la docteure Marie-Astrid Lefebvre, spécialiste en maladies infectieuses l’Hôpital de Montréal pour enfants.
D’entrée de jeu, elle souligne que les parents inquiets ayant des enfants souffrant de maladies chroniques et de déficiences immunitaires devraient consulter le médecin spécialiste qui suit leur enfant pour avoir un avis détaillé. Des consultations au téléphone et par visioconférence sont offertes par beaucoup de médecins actuellement.
Sécuritaire
Il y a encore bien des inconnues au sujet de la COVID-19.
L’Hôpital pour enfants de Montréal a mis en ligne de petits guides pour aider les parents de bambins souffrant de certaines conditions médicales.
De façon générale, « pour la plupart des maladies chroniques, on considère que c’est sécuritaire », a indiqué Dr Lefebvre en entrevue téléphonique.
C’est sécuritaire aussi pour beaucoup de petits qui ont des maladies pulmonaires, dit-elle, mais pas pour ceux qui souffrent d’asthme sévère, mal contrôlé, et ceux qui prennent des médicaments à forte dose pour leur asthme, ou qui ont été hospitalisés fréquemment au cours de la dernière année pour cette raison.
« Ceux-là, c’est mieux de les garder à la maison ».
Quant aux enfants souffrant de diabète, la « grande majorité peuvent retourner en classe, sauf si cette maladie n’est pas bien contrôlée », ajoute Dr Lefebvre.
La situation particulière des enfants souffrant de fibrose kystique mérite aussi d’être vérifiée auprès leur médecin traitant. La réponse ne sera pas la même pour tous, et va notamment dépendre de leur capacité pulmonaire.
Ce qui inquiète les médecins, ce sont les enfants qui ont le cancer, ceux qui ont reçu des greffes, notamment celles de moelle osseuse, et tous les bambins qui sont immunosupprimés, c’est-à-dire ceux dont le système immunitaire est très affaibli, comme ceux qui font de la dialyse, énumère-t-elle. « C’est préférable de les garder à la maison », juge-t-elle.
Les petits qui ont un système immunitaire affaibli ne sont pas forcément plus susceptibles d’attraper la COVID-19, mais sont plus à risque de développer des maladies graves s’ils sont infectés, explique la spécialiste en maladies infectieuses, précise la spécialiste.
Pour les enfants, la COVID-19 est la plupart du temps bénigne, rappelle-t-elle.
Mais lorsque leur système immunitaire est affaibli, l’infection risque d’être mal contrôlée, et il y a ainsi un plus grand risque de complications sévères, comme la défaillance d’organes. Les bambins risquent de devoir faire un séjour aux soins intensifs, et d’avoir besoin d’un ventilateur pour respirer.
Dr Lefebvre rappelle qu’au bout du compte, la décision du retour en classe dépend du niveau de confort des parents.
Car il n’est pas obligatoire d’envoyer les petits à l’école, avait précisé le premier ministre en annonçant son plan de réouverture des écoles primaires et des garderies.
Lundi, M. Legault a ajouté : « il y a de l’anxiété actuellement dans la société, puis moi, je comprends très bien que certains parents ne sont pas à l’aise d’envoyer leurs enfants à l’école ».
Les documents de l’Hôpital de Montréal sont accessibles en ligne dans leur section COVID-19.