Le Québec se cloître un peu plus

Étapiste, le premier ministre François Legault a adopté de nouvelles mesures restrictives — interdire les rassemblements, fermer les centres d’achats, par exemple — visant à freiner le nouveau coronavirus, qui a probablement déjà infecté quelque 450 personnes au Québec.
En plus des 219 « cas confirmés », l’État québécois a recensé 233 « cas probables » de personnes atteintes de la COVID-19, a indiqué le ministère de la Santé dimanche après-midi. « Les cas probables sont les cas qui ont été testés positifs par un laboratoire de centre hospitalier et qui sont en attente de confirmation au Laboratoire de santé publique du Québec », explique-t-on dans une note d’information.
M. Legault a mentionné l’existence des 219 « cas confirmés » dimanche, mais pas des 233 « cas probables ». En conférence de presse, il a simplement dit s’attendre à une prolifération d’individus déclarés positifs lundi. « Je pense que le nombre de cas va augmenter demain », a-t-il laissé tomber, après avoir rappelé que les résultats de plus de 2000 tests de dépistage de coronavirus sont attendus d’un jour à l’autre.
Face à l’avancée de la pandémie, le gouvernement québécois a décrété ce week-end l’interdiction des rassemblements durant l’état d’urgence sanitaire, qui a été prolongé jusqu’au 29 mars prochain.
« Au sens de la loi, un rassemblement, c’est deux personnes », a précisé le directeur national de la santé publique, Horacio Arruda, avant d’ajouter : « On n’ira jamais arrêter deux personnes. »
À l’extérieur, les regroupements sont « permis » pourvu qu’une distance minimale de deux mètres soit maintenue entre l’ensemble des individus qui sont présents, à moins qu’ils soient des occupants d’une même résidence privée.
À Québec et à Montréal, la police est intervenue pour mettre fin à des rassemblements, la plupart du temps à la suite de « dénonciations citoyennes ».
Le premier ministre a dit dimanche « ne [pas] souhaite[r], sauf exception, que la police intervienne » pour punir ceux qui font fi de la nouvelle interdiction. « Ce qu’on a demandé aussi aux policiers, c’est de faire une espèce de veille puis d’informer les gens qui ne seraient pas encore informés des consignes. Encore là, on ne veut pas aller avec la répression », a indiqué M. Legault, précisant que les rassemblements sont toujours tolérés dans les lieux de travail, les commerces ou encore les véhicules des services de transport en commun.
Le gouvernement québécois a également ordonné la fermeture, jusqu’au 1er mai prochain, de tous les magasins des centres commerciaux qui ne sont pas dotés d’une porte extérieure, à l’exception des épiceries, des pharmacies et des succursales de la Société des alcools du Québec (SAQ).
M. Legault a cru bon de maintenir les points de service de la SAQ ouverts en dépit de la pandémie pour préserver l’harmonie au sein de la société. « Je ne voudrais pas qu’il y ait une ruée vers tous les endroits où on vend de la boisson, incluant les épiceries. Je ne voudrais pas qu’il y ait de chaos », a-t-il expliqué à la presse dimanche.
Il a en revanche demandé aux restaurateurs de fermer leurs salles à manger et aux coiffeurs et esthéticiennes, leurs salons de coiffure et cliniques, peu importe s’ils font affaire dans un centre commercial ou non, et ce, pour les six prochaines semaines.
Le coronavirus a tué quatre personnes au Québec : toutes logeaient sous le même toit, soit celui de la résidence pour personnes âgées Eva Lavaltrie. Le Dr Arruda s’inquiète de voir des personnes âgées continuer de se regrouper, pour un repas ou une partie de poches ou de pétanque, ignorant ainsi les mesures de distanciation sociale recommandées par la Santé publique afin de freiner la progression de la COVID-19. « [Mais] les oreilles de certains étaient comme plus fermées [aux consignes]. Là, comme il commence à y avoir des morts dans les centres, des gens réalisent que ça peut être un problème », a fait remarquer M. Arruda.
Le premier ministre a invité, encore une fois, les propriétaires de résidences de personnes âgées à s’assurer du respect de la règle du « deux mètres, que ce soit à l’intérieur ou que ce soit à l’extérieur ». « Est-ce que nous-mêmes, on voudra, dans les prochains jours, encore être plus durs sur certaines consignes ? Peut-être », a-t-il dit.
Année scolaire sauve
L’année scolaire n’est pas en péril malgré la fermeture des écoles primaires et secondaires — publiques et privées — au moins jusqu’au 4 mai prochain, a pour sa part assuré le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, dimanche.
« Advenant le cas où on n’ouvrirait pas nos écoles à partir du 4 mai, on va demander aux enseignants de tenir compte des évaluations précédentes », a expliqué l’élu, tout en rappelant que de 65 % à 70 % des jours de classes prévus au calendrier ont été donnés avant la déclaration d’état d’urgence sanitaire. À ses yeux, « il y a déjà suffisamment d’évaluations » pour qu’un enseignant « pren[ne] la décision » de faire passer ou redoubler ses élèves.
Le ministère de l’Éducation mettra en ligne un site renfermant « plein d’activités de stimulation, d’apprentissage » destinées aux petits et aux grands coincés à la maison en raison de la pandémie.
Dans la semaine du 6 avril, les parents recevront une liste d’activités adaptées à l’âge et au niveau de leurs enfants. « [Ces activités] vont être optionnelles, non obligatoires, mais enrichissantes, stimulantes, intéressantes », a insisté l’élu caquiste. « On veut faciliter la vie des familles, pas compliquer la vie des gens qui sont déjà en quarantaine, qui, des fois, doivent faire du télétravail et garder leurs enfants », a-t-il affirmé.
De son côté, Télé-Québec s’est lancé dans la production « de capsules pour les enfants », a annoncé son patron, François Legault, après avoir confirmé la fermeture des écoles primaires et secondaires en plus des services de garde jusqu’en mai.
Donc, les élèves auront congé d’épreuves ministérielles cette année, a-t-il précisé.
Les étudiants inscrits au cégep ou à l’université sont attendus derrière leur écran d’ordinateur le lundi 30 mars, pour la reprise des cours en ligne, distanciation sociale oblige.