Un premier contingent de Canadiens a quitté la Chine

Les deux tiers des ressortissants canadiens qui ont demandé à quitter l’épicentre du coronavirus, en Chine, se sont envolés vers le Canada jeudi. Le gouvernement a annoncé que les autres, qui n’ont pu monter à bord du premier vol quittant Wuhan, pourront partir dans quelques jours à bord d’un second avion nolisé par le Canada.
Ce sont maintenant 347 ressortissants canadiens qui ont demandé au gouvernement fédéral de les aider à quitter la ville de Wuhan, qui est paralysée par une quarantaine imposée pour tenter de contenir le coronavirus.
Jeudi après-midi, heure de l’Est, 176 d’entre eux ont pris place à bord d’un vol nolisé qui devait arriver à la base militaire de Trenton, en Ontario, très tôt vendredi matin.
Au départ, 211 personnes étaient inscrites au manifeste de ce voyage et 194 d’entre elles avaient confirmé aux autorités canadiennes qu’elles seraient à l’aéroport pour le départ. Certaines n’ont toutefois peut-être pas réussi à s’y rendre ou encore ont décidé de rester sur place avec leurs proches, a expliqué une source fédérale.
Un second groupe d’une cinquantaine de ressortissants canadiens a, quant à lui, profité d’un vol américain pour revenir au Canada. L’appareil devait les déposer à Vancouver, où ils allaient poursuivre leur route jusqu’à la base de Trenton vendredi matin à bord d’un vol domestique nolisé.
La centaine d’autres Canadiens qui attend toujours de revenir au pays sera évacuée par un second vol canadien. Il est prévu que l’appareil quitte Wuhan lundi, pour arriver à destination mardi.
« Avec le deuxième appareil canadien, on sera capable de ramener tout le monde », a assuré le ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne.
La base de Trenton risque cependant d’être à pleine capacité, puisque les premiers rapatriés y auront été mis en quarantaine dans des chambres séparées. Le gouvernement fédéral n’a pas encore précisé quelle autre base militaire accueillera la seconde vague de ressortissants.
Croisières en quarantaine
Sept Canadiens, coincés à bord d’un bateau de croisière au Japon, ont contracté le coronavirus et ont été transportés dans un hôpital japonais.
Le navire Diamond Princess compte 3700 passagers et membres d’équipage — dont 255 Canadiens — qui ont tous été mis en quarantaine par les autorités japonaises au large de Yokohama au sud-ouest de Tokyo.
Une trentaine de Canadiens sont eux aussi coincés en quarantaine sur un second bateau de croisière au large de Hong Kong.
L’heure de partir
Le ministre Champagne a invité les Canadiens qui se trouvent toujours en Chine à quitter le pays s’ils le peuvent à bord de vols commerciaux pendant que c’est encore possible. Car les compagnies aériennes ont déjà commencé à réduire la fréquence de leurs vols, a prévenu la ministre de la Santé, Patty Hajdu.
« Le transport pourrait donc devenir encore plus difficile entre les deux pays, au fur et à mesure que la situation évolue. »
Les autorités canadiennes ont par ailleurs changé le protocole d’accueil des voyageurs qui reviennent par leurs propres moyens de la province de Hubei, où se trouve Wuhan. Ceux-ci sont désormais invités à s’imposer volontairement une quarantaine de quatorze jours à la maison.
« Nous souhaitons que les gens s’isolent afin de participer à l’effort mondial visant à contenir le virus et à interrompre sa propagation », a expliqué l’administratrice en chef de la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam.
Le coronavirus a maintenant fait plus de 31 000 malades et 636 morts en Chine.
Avec La Presse canadienne
Décès du médecin qui a sonné l’alerte
Hier, jeudi 6 février, l’épidémie causée par le coronavirus 2019-nCoV avait fait plus de 560 décès en Chine, dont celui d’un des premiers médecins à avoir sonné l’alarme quant aux dangers de ce nouveau virus, et infecté plus de 28 000 personnes, dont 5 au Canada.Le médecin chinois qui, le 30 décembre dernier, avait tenté d’alerter ses confrères au sujet de l’apparition d’un nouveau virus semblable à celui responsable du SRAS est décédé hier, 6 février, après avoir contracté lui-même le coronavirus 2019-nCoV. Le docteur Li Wenliang, un ophtalmologue de l’hôpital central de Wuhan, avait publié sur les réseaux sociaux, à l’intention de ses confrères, ses craintes concernant la circulation d’un nouveau virus potentiellement contagieux. Il avait alors été arrêté le 1er janvier, par les autorités gouvernementales, pour avoir diffusé des rumeurs alarmistes et non fondées. Il avait été détenu, puis relâché le 3 janvier après avoir signé un document dans lequel il admettait avoir commis un acte illégal, soit celui d’avoir fait de fausses déclarations sur les réseaux sociaux.
Face aux nombreuses inconnues entourant le coronavirus 2019-nCoV, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé l’organisation d’un « forum de recherche et d’innovation », les 11 et 12 février prochain. Ce forum qui rassemblera les experts mondiaux en virologie vise à coordonner la recherche effectuée à travers le monde sur ce nouveau pathogène, et à accélérer la mise au point de vaccins, de médicaments et de méthodes diagnostiques.
Lors de la conférence de presse quotidienne de l’OMS, les intervenants ont rappelé hier que la source de l’épidémie du 2019-nCoV n’a toujours pas été déterminée. On ne sait toujours pas exactement quelle espèce animale a transmis le virus à un humain, et si un, deux ou trois animaux sont impliqués dans son éclosion.
Étant donné la forte augmentation du nombre de nouvelles personnes infectées dans la province de Hubei, ces derniers jours, le 2019-nCoV apparaît plus contagieux que le coronavirus du SRAS qui avait contaminé plus de 8000 personnes et causé 774 décès entre novembre 2002 et l’été 2003. Néanmoins, « il est trop tôt pour faire des prédictions sur l’évolution de l’épidémie », a souligné Mike Ryan, le directeur du programme d’urgences sanitaires de l’OMS.
La contagiosité du nouveau virus et sa dangerosité restent à être précisées. Les médecins ayant soigné les personnes infectées affirment que ce sont surtout les personnes âgées de plus de 60 ans, ainsi que celles atteintes de diabète ou d’hypertension, qui sont les plus à risque de mourir d’une pneumonie causée par le 2019-nCoV. Pauline Gravel avec l'Agence France-Presse