Les médecins résidents somment Québec de cesser de poser des questions sur leur famille

Ces pratiques à l’embauche, pourtant considérées comme discriminatoires, ont été constatées dans toutes les régions du Québec et pour toutes les spécialités médicales.
Photo: iStock Ces pratiques à l’embauche, pourtant considérées comme discriminatoires, ont été constatées dans toutes les régions du Québec et pour toutes les spécialités médicales.

La Fédération des médecins résidents du Québec (FMRQ) poursuit le ministère de la Santé et la procureure générale du Québec pour que cessent les pratiques discriminatoires à l’embauche concernant le statut parental de ses membres.

« Souhaitez-vous avoir des enfants ? En avez-vous déjà ? » C’est la question à laquelle plus d’un quart des jeunes médecins ont dû répondre lors d’une entrevue d’embauche en 2019, révèle un sondage mené par la fédération auprès de 176 de ses membres.

Ces pratiques ont été constatées dans toutes les régions du Québec et pour toutes les spécialités médicales. Elles sont pourtant considérées comme discriminatoires en vertu de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec et de la Charte canadienne des droits et libertés, d’après la FMRQ.

« Les questions sur la parentalité n’ont rien à voir avec la compétence ou les exigences requises pour pratiquer la médecine au Québec », s’offusque son président, le Dr Christian Campagna.

Une situation qui perdure depuis plusieurs années déjà. En 2016, la fédération avait déjà mené un sondage similaire et un quart des médecins résidents s’étaient fait questionner sur leur statut parental. Un autre sondage en 2017 avait montré que 32 % des médecins en recherche d’emploi se faisaient toujours poser la question.

Et « malgré [de] nombreuses interventions » de la FMRQ auprès de la ministre de la Santé et de son prédécesseur — la dernière remontant au mois de mai dernier —, aucun changement ne s’opère dans le milieu.

C’est pourquoi la Fédération a décidé de s’adresser directement à la Cour supérieure en déposant une poursuite et une demande d’injonction au nom de tous les médecins résidents qui ont été victimes d’une telle discrimination à l’embauche.

Les questions sur la parentalité n’ont rien à voir avec la compétence ou les exigences requises pour pratiquer la médecine au Québec

« Le gouvernement doit agir pour mettre un terme à cette discrimination inacceptable envers la relève médicale, et envers les jeunes femmes en particulier. On arrive en 2020, il serait temps que les employeurs en médecine respectent les droits fondamentaux », insiste le Dr Campagna, par voie de communiqué.

Des « directives claires »

La FMRQ demande ainsi au tribunal d’ordonner la fin de ces pratiques et réclame que des « directives claires sur les bonnes techniques d’entrevues » à adopter soient transmises aux établissements de santé de la province.

Elle demande aussi qu’un programme de formation soit mis sur pied pour guider les intervenants impliqués dans les entrevues de sélection pour des postes de médecins. Ils devraient davantage apprécier le niveau de connaissances du candidat, son expérience et ses intérêts professionnels plutôt que de se soucier de leur volonté d’avoir des enfants, plaide le Dr Campagna.

Des dommages compensatoires, moraux et punitifs sont aussi réclamés. Ces sommes seraient remises à des organismes de défense des droits de la personne si le tribunal donne raison à la FMRQ.

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