Un jeune Ontarien victime du vapotage

Un premier cas de maladie pulmonaire grave apparemment lié au vapotage a fait surface au pays, mercredi.
Les autorités sanitaires de London, en Ontario, ont annoncé qu’un adolescent vapotant quotidiennement a été pris en charge par les soins intensifs, qui l’ont placé sous respirateur artificiel, en raison d’un trouble respiratoire sévère. Les médecins ont écarté toute autre explication que le vapotage pour expliquer l’état du jeune, qui a maintenant obtenu son congé de l’hôpital.
Grace Parraga, professeure à l’Université Western, en Ontario, spécialiste de l’imagerie pulmonaire, ne se dit aucunement étonnée de voir poindre un tel cas au Canada, où la popularité des vapoteuses est en forte hausse chez les adolescents.
« Il y avait beaucoup d’espoirs que les cigarettes électroniques soient plus sécuritaires que les cigarettes conventionnelles. Certes, elles entraînent l’absorption de moins de produits toxiques, mais elles sont loin d’être sans danger. »
Santé Canada avait récemment demandé aux vapoteurs de surveiller tout symptôme respiratoire suspect après qu’une vague de cas eut émergé aux États-Unis. Sans savoir s’il s’agit d’un phénomène nouveau, les autorités de santé publique américaines ont identifié cet été 380 cas de maladie respiratoire sévère probablement ou certainement liés au vapotage, dont six décès.
Les jeunes semblent particulièrement vulnérables à ces maux. L’âge médian de 53 cas rapportés au Wisconsin et en Illinois, examinés dans une étude parue début septembre, s’élevait à seulement 19 ans.
Mme Parraga souligne que cette étude a montré qu’une substance huileuse, provenant vraisemblablement des parfums des vapoteuses, s’accumule dans les poumons des malades. Cela déclenche un affaissement des alvéoles pulmonaires et une réaction inflammatoire. Aucun rétablissement complet n’a été constaté dans les cas examinés, souligne-t-elle.
« Les solvants des parfums de vapoteuses sont des substances qui ont été approuvées pour l’ingestion, mais ils n’ont jamais été testés pour l’inhalation », note la spécialiste, qui appelle à une interdiction des cigarettes électroniques parfumées.
Fin du vapotage en Inde
La semaine dernière, la Maison-Blanche a annoncé qu’elle bannirait la vente de recharges parfumées pour les cigarettes électroniques. Seuls les liquides à saveur de nicotine, que Washington considère comme moins attrayants auprès des jeunes, demeureront disponibles.
Mercredi, dans la foulée des cas américains, l’Inde a annoncé qu’elle bannissait le vapotage, en invoquant elle aussi la volonté de protéger les jeunes. L’interdiction, dans ce pays où l’industrie du tabac est très importante, ne se limite pas aux produits aromatisés, mais bien à l’ensemble des cigarettes électroniques.
Au Canada, une nouvelle réglementation sur le vapotage devrait bientôt être proposée. Le ministère de la Santé vient de terminer un processus de consultation à cette fin. Il entend protéger les jeunes des effets nocifs de la cigarette électronique, tout en permettant aux adultes « d’y avoir accès comme solution de rechange moins nocive que le tabagisme. »
Avec La Presse canadienne
Initiation à la nicotine
En plus des problèmes pulmonaires qu’elle provoque, la cigarette électronique est aussi accusée de favoriser la dépendance à la nicotine chez les jeunes.Au Canada, le vapotage a fortement gagné en popularité entre 2017 et 2018, selon une étude de l’Université de Waterloo publiée en juin dernier. Le taux de consommation des personnes de 16 à 19 ans est passé de 8 à 15 %, doublant presque en seulement un an.
Par ailleurs, la vapoteuse pourrait servir de passerelle vers la cigarette conventionnelle, selon la même étude. De 2017 à 2018, la proportion de fumeurs est passée de 11 à 16 % chez les 16 à 19 ans.