Québec offre une prime pour les futurs préposés aux bénéficiaires

Le gouvernement crée un nouveau programme de bourses pour attirer des préposés aux bénéficiaires dans le réseau de la santé. Au total, 2000 bourses de 7500 $ seront octroyées cette année dans tout le Québec.
Trois ministres s’étaient déplacés pour en faire l’annonce dans un établissement de Québec : Danielle McCann (Santé), Marguerite Blais (Aînés) et Jean Boulet (Travail).
« On a besoin de ces gens-là […] on a besoin de les valoriser le plus possible », a déclaré la ministre responsable des Aînés en désignant trois préposés aux bénéficiaires qui avaient été invités à participer à l’annonce.
Rencontrés après l’annonce, ces derniers y voyaient un « pas dans la bonne direction ». « Il y a plus de monde qui va travailler avec nous. Ça va alléger les horaires », a dit l’une.
Pour obtenir ces bourses, les candidats devront suivre une formation de 870 heures en établissement et à domicile, obtenir leur diplôme d’études professionnelles (DEP) et conclure un contrat de deux ans avec l’établissement où se fera la formation.
Il ne s’agit toutefois pas de bourses d’études, certains établissements ne vont les octroyer qu’une fois le diplôme obtenu.
Cette formation leur donnera accès au métier de préposé aux bénéficiaires, mais également à celui d’auxiliaire en services sociaux, a souligné la ministre McCann.
Or selon le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), le gouvernement est « incohérent » dans ce dossier, car sur le front syndical il « refuse avec acharnement de reconnaître la formation des préposés aux bénéficiaires dans le calcul du rangement, lequel est déterminant pour le salaire », a fait valoir Frédéric Brisson, président du Conseil provincial des affaires sociales (CPAS) du syndicat. Le gouvernement devrait en outre améliorer les conditions de travail des préposés déjà en poste, estime-t-il.
Le gouvernement québécois, qui investit 15 millions dans ce programme, fait face à une pénurie criante de personnel dans le système de santé. Le réseau compte 41 500 préposés aux bénéficiaires, mais le ministère de la Santé estime qu’il faudra en embaucher 32 500 autres d’ici cinq ans pour répondre aux besoins des Québécois.
La création de ces bourses est « une mesure parmi d’autres » pour régler le problème, a signalé la ministre McCann. Certains établissements offrent aussi aux préposés de travailler comme aides de service pendant leur formation ou encore proposent systématiquement des postes permanents à temps plein aux nouvelles recrues.
Étant donné que le programme de bourses concerne seulement le réseau public, un journaliste a demandé aux ministres s’il ne risquait pas d’accroître la rareté de personnel qui touche aussi les résidences privées.
Le ministre Boulet a rétorqué à cet égard que ces résidences reçoivent du soutien sous d’autres formes. « On assume des frais de formation et dans le cadre de la Grande corvée, on a communiqué avec 1200 propriétaires de résidences privées. » Ces derniers, a-t-il dit, reçoivent de l’aide de conseillers en entreprises du ministère.
Quant à savoir si le gouvernement ne gagnerait pas plutôt à hausser les salaires des préposés pour en attirer davantage, la ministre McCann n’a pas voulu s’avancer. La question est « prioritaire », dit-elle, mais sera traitée dans le cadre du renouvellement des conventions collectives de l’ensemble des employés du secteur public qui débute cet automne.
En janvier, sa collègue Marguerite Blais avait dénoncé à la télévision le fait qu’un employé de la Société des alcools (SAQ) est payé 28 $ l’heure alors qu’un préposé aux bénéficiaires du public ne reçoit que 21 $ l’heure.