Nouvelle interruption de services à l’hôpital d’Amqui

Durant ces dix jours, les patients qui nécessiteront une intervention chirurgicale d’urgence seront donc transférés vers l’hôpital régional de Rimouski, situé à environ 115 km d’Amqui.
Photo: Patrick Valasseris Agence France-Presse Durant ces dix jours, les patients qui nécessiteront une intervention chirurgicale d’urgence seront donc transférés vers l’hôpital régional de Rimouski, situé à environ 115 km d’Amqui.

Un manque de chirurgiens force la fermeture complète du bloc opératoire de l’hôpital d’Amqui pour les deux prochaines semaines, ce qui inquiète un comité citoyen qui prévient les autorités de ne pas attendre d’avoir un décès sur la conscience avant de régler le manque de personnel qualifié.

« On joue avec le feu. On dirait que tant qu’il n’y aura pas de décès liés à une rupture de service, les autorités auront l’impression qu’elles ont une marge de manoeuvre », déplore Michel McNicoll, porte-parole du comité citoyens Vigie santé Matapédia.

La suspension de chirurgies du 5 au 14 août a été confirmée lundi par le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) du Bas-Saint-Laurent. « Notre nouveau chirurgien qui est arrivé au mois de mai nous avait déjà annoncé qu’il avait d’autres obligations durant ces semaines et dans le cas de notre autre chirurgien, c’est sa période de vacances annuelles », indique Ariane Doucet-Michaud, responsable des relations médias au CISSS du Bas-Saint-Laurent.

Le service d’obstétrique se retrouve par conséquent à être une fois de plus en découverture, puisqu’aucune césarienne ne pourra être pratiquée durant cette période. « Toutes les femmes enceintes dont l’accouchement est prévu durant cette période ont été préalablement avisées », assure Mme Doucet-Michaud. Celle-ci précise également qu’aucune chirurgie n’avait été programmée durant ces dates, il n’a donc pas été nécessaire d’annuler des opérations.

« Rimouski est déjà désigné comme un centre secondaire de traitement en traumatologie. C’était déjà la destination désignée pour les cas les plus majeurs de traumatisme, notamment les accidents de la route », indique Mme Doucet-Michaud.

Rouler pour être opéré

 

Durant ces dix jours, les patients qui nécessiteront une intervention chirurgicale d’urgence seront donc transférés vers l’hôpital régional de Rimouski, situé à environ 115 km d’Amqui.

115 km
C’est la distance qui sépare la ville d’Amqui de l’hôpital régional de Rimouski

« Un corridor de service, pour le transport ambulancier, est établi vers Rimouski, qui est à environ une heure de distance », précise Mme Doucet-Michaud. Celle-ci assure qu’en matière de gestion de risque, il s’agit d’un temps « dans les normes ».

Pour M. McNicoll, cette prise de risque est de trop. « On dirait qu’on fait un retour dans le temps et qu’on nous traite comme au début des années 1950 », dénonce-t-il.

En juin dernier rappelle-t-il, les familles de la Matapédia ont fait face à un premier épisode de découverture. Une semaine sur deux, l’hôpital d’Amqui n’était pas en mesure de faire d’accouchements en raison du départ d’un chirurgien.

« Ça n’a aucun bon sens. Les soins de santé, c’est la base. Comment peut-on espérer attirer des familles et des employés dans la vallée de la Matapédia si on ne change pas les choses ? » questionne-t-il.

Le député péquiste de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, a exprimé son inquiétude sur Twitter en interpellant la ministre de la Santé, Danielle McCann. « On ne va pas et [nous] ne voulons pas, nous habituer à nous rendre à Rimouski pour subir des chirurgies essentielles pour la population de notre territoire », a-t-il gazouillé.

Le cabinet de la ministre McCann s’est également dit préoccupé par la situation. « Le CISSS du Bas-Saint-Laurent a tout tenté pour recruter un chirurgien dépanneur, sans succès », souligne Monique Guay, directrice des communications. Elle indique que dès septembre, les services de l’hôpital d’Amqui reprendront normalement et de manière définitive. Elle rappelle que le ministère finalise actuellement une entente avec la Fédération des médecins spécialistes du Québec pour permettre la couverture en chirurgie et en obstétrique dans toutes les régions du Québec.

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