Douleur chronique: Lanaudière en retard

Monique Adams, une résidente de Repentigny de 56 ans, souffre de façon intense et continue depuis des années.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Monique Adams, une résidente de Repentigny de 56 ans, souffre de façon intense et continue depuis des années.

Contrairement aux autres régions, Lanaudière n’a toujours pas de clinique pour traiter les personnes souffrant de douleur chronique, comme le ministère de la Santé l’exige.

« On est laissés à nous-mêmes », raconte Monique Adams, une résidente de Repentigny de 56 ans qui souffre de façon intense et continue depuis des années. Dans son cas, la douleur s’est installée à la suite d’une embolie pulmonaire. « Je tire la corde depuis 2013 pour avoir de l’aide, et c’est difficile. »

La douleur chronique est une réaction prolongée et anormale à une blessure ou à un traumatisme. « C’est dans tout le corps, comme si mon corps allait exploser, résume Monique. J’ai de la fatigue chronique, de la fibromyalgie, de la migraine chronique. Je suis à peu près quatre jours et demi par semaine au lit. »

Le ministère de la Santé avait exigé des centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS) de toutes les régions qu’ils se dotent d’une clinique avant la fin de 2018.

On en dénombre 29 au Québec, notamment dans des régions beaucoup moins populeuses, comme la Côte-Nord, l’Abitibi-Témiscamingue et le Saguenay, mais pas dans Lanaudière.

Joint par Le Devoir, le CISSS de Lanaudière dit que le projet avance mais qu’il n’est pas en mesure de dire quand la clinique ouvrira ses portes.

Une personne sur cinq touchée

 

L’équipe est « pratiquement complète », a indiqué la porte-parole du CISSS au Devoir, Pascale Lamy. « Une nouvelle infirmière terminera sa formation au début de l’automne, en remplacement d’une autre qui a quitté son poste. Le délai découle notamment des difficultés du CISSS à recruter un omnipraticien et un anesthésiste. »

La situation prive des milliers de personnes de soins disponibles ailleurs, déplore Céline Charbonneau, de l’Association québécoise de la douleur chronique.

« Les patients de la région de Lanaudière qui sont sans ressources depuis des mois, des années, qu’arrive-t-il avec eux ? »

À l’heure actuelle, on estime qu’une personne sur cinq est affligée de ce mal. Dans Lanaudière, c’est l’équivalent de plus de 100 000 personnes, précise Mme Charbonneau.

La douleur est considérée comme chronique quand elle persiste plus de trois mois. Certains malades composent avec des maux de dos sévères et constants, d’autres avec de l’arthrite avancée. Plusieurs subissent les conséquences d’un accident de travail ou encore souffrent de fibromyalgie.

Julie, 52 ans, espère voir la clinique ouvrir bientôt. « Je perds l’équilibre, j’ai constamment besoin d’aide », raconte cette ancienne infirmière qui est tombée malade à la suite d’une agression en milieu de travail qui lui a brisé le cou.

« Comment ça se fait que je ne vais pas mieux ? Est-ce parce que je ne me plains pas assez ? Est-ce parce que je ne frappe pas aux bonnes portes ou que le système est mal organisé ? Honnêtement, je ne le sais pas. »

La plupart des médecins de famille manquent de formation et de temps pour traiter ce type de malades, qui finissent souvent par développer des dépendances aux narcotiques ou aux opiacés.

 

Plus adaptées, les cliniques de la douleur misent sur une approche multidisciplinaire incluant le recours à la psychothérapie ou encore à la physiothérapie.

En attendant que le projet de clinique aboutisse, le CISSS dit « offrir les services connexes (techniques de gestion de douleur, suivi professionnel, suivi psychologique) » depuis juin et envoyer les patients aux physiatres du centre de réadaptation.

Selon la porte-parole, des services comme des infiltrations sont aussi offerts « depuis un certain temps ».

Mais faute d’une clinique de la douleur régionale, beaucoup de patients doivent se rendre à Montréal. Les voyages en auto s’ajoutent ainsi au fardeau, observe Renée, 38 ans, qui a pu être traitée dans une clinique de la douleur à Montréal.

Mais encore faut-il pouvoir y avoir accès. Monique, par exemple, n’a pas pu y accéder. « Ils me disent que je suis au bas de la liste parce que je ne suis pas de la région », raconte-t-elle.

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