Les cas d’infections à l'E. coli ont doublé en six ans au Québec

Les cas d’infections à la bactérie E. coli ont doublé dans les six dernières années, une hausse qui s’explique à la fois par un meilleur dépistage de la maladie et par une plus grande attention du public aux rappels d’aliments contaminés, explique un expert.
En 2017, 210 cas d’Escherichia coli (E. coli) ont été rapportés au Québec, révèle le rapport 2017 de Vigie et surveillance des maladies à déclaration obligatoire d’origine infectieuse, publié il y a quelques jours par le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec. Le nombre de cas recensés a ainsi pratiquement doublé en un an alors qu’en 2016 la maladie d’origine alimentaire avait touché 133 personnes. De 2011 à 2015, on dénombrait en moyenne 96 personnes infectées.
« L’augmentation par rapport à la période 2012-2016 s’explique par l’utilisation de nouvelles techniques d’analyse en laboratoire […] Depuis peu, le Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ) effectue la détection de shigatoxines Stx1 et Stx2 [des bactéries] responsables des infections à E. coli », peut-on lire dans le rapport du ministère de la Santé.
Signe de conscientisation
Bien que considérable, cette hausse n’est toutefois pas inquiétante, assure un expert qui note une plus grande sensibilité de la part des consommateurs qui consultent un médecin lorsqu’ils présentent des symptômes.
Ce qu'on observe depuis une vingtaine d’années, c’est qu’il y a de plus en plus de cas rapportés, mais moins de décès liés à l’infection, ce qui est une très bonne chose
« Il ne faut surtout pas paniquer en voyant le nombre de cas rapportés grimper, c’est un signe de conscientisation collective », dit Sylvain Charlebois, professeur en distribution et politiques agroalimentaires à l’Université Dalhousie, en Nouvelle-Écosse. « Ça ne veut pas dire que les produits sont moins salubres, mais plutôt qu’on surveille davantage les rappels et que le consommateur va tenter de limiter les risques sur sa santé. Les citoyens se protègent de plus en plus et sont plus prudents », ajoute-t-il.
D’ailleurs, l’augmentation du nombre de cas d’infection à la bactérie E. coli pourrait se poursuivre l’an prochain, souligne M. Charlebois. En novembre dernier, l’Agence de santé publique du Canada (ASPC) avait averti les citoyens de l’Ontario, du Québec et du Nouveau-Brunswick de cesser de consommer de la laitue romaine à la suite d’une éclosion d’infections à E. coli. Au total, 29 cas ont été confirmés, dont 20 au Québec. Certaines personnes ont dû être hospitalisées, mais aucun décès n’a été signalé, avait précisé l’ASPC. L’avis a été levé le 24 décembre. Un avis de rappel concernant des choux-fleurs provenant de la Californie a également été lancé à la mi-décembre.
« Ce qu’on observe depuis une vingtaine d’années, c’est qu’il y a de plus en plus de cas rapportés, mais moins de décès liés à l’infection, ce qui est une très bonne chose », souligne M. Charlebois.
Les cas de maladie de Lyme doublent au Québec
Longtemps considérée comme une maladie rare, la maladie de Lyme continue de gagner du terrain au Québec. Le nombre de cas de maladie de Lyme a presque doublé en un an au Québec, selon les récents chiffres révélés par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).En 2017, le ministère de la Santé en a recensé 328, soit près de deux fois plus qu’à pareille date l’année précédente, où on en rapportait 179. Le bilan préliminaire de 2018 laisse envisager un nombre de cas similaire encore cette année.
Cette hausse marquée s’expliquerait en raison non seulement de la prolifération de la tique, mais aussi des progrès faits pour diagnostiquer l’infection et signaler les cas aux autorités.
« La maladie de Lyme est en progression au Québec depuis 2011. L’installation de la tique dans quelques régions du sud de la province est sans doute responsable de l’augmentation du nombre de cas déclarés et d’une plus grande proportion de cas acquis localement. En 2017, 76 % des cas étaient acquis au Québec, et 85 % d’entre eux auraient acquis leur infection en Estrie ou en Montérégie », peut-on lire dans le rapport 2017 de Vigie et surveillance des maladies à déclaration obligatoire d’origine infectieuse.
Les autorités de santé publique disent avoir observé une hausse de cas principalement dans les régions de la Montérégie et de l’Estrie. « Un des facteurs qui expliqueraient cette progression est que les hivers québécois sont moins froids qu’auparavant, ce qui permettrait aux tiques de survivre plus facilement », mentionne Noémie Vanheuverzwijn, responsable des relations médias du MSSS.