Les opioïdes ont fait près de 4000 morts au Canada en 2017

Ottawa — La crise des opioïdes a fait près de 4000 morts en 2017 au Canada, principalement à la suite de surdoses au fentanyl, un puissant analgésique, et la situation continue de s’aggraver, a averti mardi l’Agence de la santé publique.
C’est 34 % de plus que l’année précédente, où 2978 décès avaient été recensés, a indiqué l’agence dans un rapport.
Près de 90 % des 3987 décès en 2017 ont été recensés dans trois provinces : la Colombie-Britannique, l’Ontario et l’Alberta.
« Le Canada connaît une grave crise de consommation d’opioïdes qui continue de prendre de l’ampleur », a souligné l’agence en publiant ces données « provisoires ».
Des surdoses mortelles étaient en cause dans 92 % des décès et près de 8 victimes sur 10 étaient des hommes, la tranche d’âge de 30 à 39 ans étant la plus touchée.
Le fentanyl vendu illégalement dans la rue « est encore en cause dans nombre de décès liés aux opioïdes », a estimé l’agence. Cette substance est considérée comme 30 à 50 fois plus puissante que l’héroïne et 50 à 100 fois plus puissante que la morphine.
Mais la crise s’explique aussi en partie par « les taux élevés de prescription d’opioïdes » au Canada, a commenté Ginette Petitpas Taylor, ministre de la Santé.
« J’exhorte l’industrie à agir dès maintenant et à mettre un terme à ses activités de marketing concernant ces produits au Canada », a-t-elle lancé en promettant d’encadrer plus strictement leur commercialisation.
« Si les opioïdes [obtenus par] ordonnance peuvent aider les Canadiens à gérer la douleur, la mise en marché effectuée par l’industrie peut exercer une trop grande influence sur les professionnels de la santé, ce qui peut mener à une surprescription et à aggraver la crise qui frappe le Canada », a estimé le ministère de la Santé dans un communiqué.
Cependant, le nombre total d’ordonnances pour des opioïdes a diminué l’an dernier — pour la première fois depuis 2012 — à 21,3 millions, selon les chiffres de l’Agence de la santé publique du Canada.
Face à la crise, le gouvernement fédéral a débloqué une somme supplémentaire de neuf millions de dollars pour financer de nouveaux projets de recherche sur les opioïdes.
Le fédéral avait annoncé en 2017 une aide de 75 millions de dollars pour renforcer les services d’urgence et tenter de limiter les surdoses mortelles.
Plusieurs provinces ont également procédé à la distribution de doses de naloxone (aussi appelé Narcan), un antidote en cas de surdose.