Le CHUM veut limiter la sous-traitance aux services de soutien
Même si de nouvelles formules de gestion sont à l'étude pour certains services, les administrateurs du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) n'envisagent aucunement de confier au privé à l'avenir la gestion des services cliniques du CHUM 2010.
Hier, le président du conseil d'administration du CHUM, Patrick Molinari, a dit qu'il fallait apporter des nuances aux propos tenus lundi par le premier ministre Jean Charest dans Le Devoir en ce qui concerne l'éventuelle délégation au privé de la «gestion» des superhôpitaux.«Il faut s'entendre sur ce que veux dire le mot "gestion" et sur ce que veulent dire les projets de partenariat public-privé. À mon sens, il n'a jamais été question de confier à des gestionnaires privés la gestion des services cliniques. Ce n'est pas du tout à l'ordre du jour», a soutenu le président du conseil d'administration du CHUM.
Même s'il affirme ignorer la teneur du rapport sur les superhôpitaux que s'apprêtent à remettre les commissaires Brian Mulroney et Daniel Johnson, M. Molinari se dit convaincu que le type de partenariat envisagé par le gouvernement Charest n'inclut pas la gestion des services de santé à proprement parler et encore moins la gestion des missions d'enseignement et de recherche.
D'ailleurs, la proposition transmise par la direction du CHUM au comité Mulroney-Johnson ne va pas du tout dans cette direction, a-t-il dit.
«Est-ce qu'il y a place pour que certaines activités soient confiées en sous-traitance? Oui. Mais cela existe déjà dans d'autres organisations publiques», a souligné M. Molinari hier.
En effet, des travaux conjoints entre le CHUM et le CUSM sont déjà en cours pour étudier l'intérêt d'impartir au privé les services d'entretien, d'alimentation et d'informatique des deux superhôpitaux. C'est pour ce dernier secteur d'activité que les études sont les plus avancées, mais la direction du CHUM se dit pour l'instant incapable de chiffrer les économies que générerait une telle formule.
«Il n'y a pas toujours d'économies substantielles à faire. Il s'agit parfois de se libérer de ces tâches pour se concentrer sur nos missions essentielles», fait valoir le président du conseil. Chose certaine, la formule est utilisée par de nombreuses institutions publiques, dont certaines universités qui ont confié à des firmes privées l'entretien de leurs systèmes de chauffage et de climatisation, a-t-il dit.
Pour céder la gestion des services de santé au privé, il faudrait aussi modifier les lois en vigueur au Québec et amender la loi canadienne sur la santé, a souligné Patrick Molinari, également professeur de droit à l'Université de Montréal. «Je ne pense pas que ça soit quelque chose de simple à réaliser», a-t-il dit.
Par ailleurs, M. Molinari ne s'oppose pas à ce que le projet de construction du CHUM soit remis entre les mains de firmes privées. À son avis, cette formule a fait ses preuves dans plusieurs importants projets de construction universitaires, dont celui du pavillon des sciences biologiques de l'UQAM, en cours de réalisation sur la rue Sherbrooke. «Dans plusieurs de ces projets, les immeubles sont livrés à temps et même parfois à moindre coût. Pour moi, il n'y a pas de formule mauvaise en soi. Qu'on soit dans le public ou dans le privé, il y a de la bonne et de la mauvaise gestion», a-t-il dit.