La performance du système de santé plombée par l’accès difficile

Depuis 10 ans, le Commissaire à la santé et au bien-être (CSBE) évalue la performance du système de santé. Son rapport déposé jeudi pourrait bien être son dernier sur le sujet, son abolition ayant été annoncée il y a près d’un an déjà. Comment se distingue le système de santé québécois ? Réponse en quelques points saillants. Les scores ont été fixés en comparant le Québec à onze autres pays de l’OCDE et aux neuf autres provinces canadiennes.
Accès. Avec 63 points sur 100, le Québec obtient à peine la note de passage concernant l’accès aux médecins, les délais d’attente pour des tests diagnostics et pour une chirurgie.
« On figure parmi les meilleurs au monde pour la qualité des soins offerts, il faut se le rappeler, affirme la commissaire par intérim, Anne Robitaille. Mais notre plus grand défi reste d’avoir accès rapidement aux soins. Ça ne change toujours pas assez rapidement par rapport aux besoins de la population. »
Le CSBE s’abreuve à de nombreuses sources pour dresser ce constat. Mentionnons par exemple que 88 % des médecins québécois ont affirmé n’avoir pas pu donner un rendez-vous le jour même ou le suivant et que 59 % des Québécois attendent plus de 4 semaines pour voir un spécialiste.
Cancer. Impossible d’accorder une note : « Les données n’existent pas ! » déplore Anne Robitaille. Depuis 2006, les données sur la survie après 5 ou 10 ans des patients traités pour un cancer ne sont plus compilées.
« Beaucoup d’efforts sont faits pour réduire les listes d’attente, mais on ne suit pas les résultats. Est-ce que les patients tirent des bénéfices des traitements que l’on donne ? Si on ne l’évalue pas, c’est difficile de changer de cap », explique la commissaire.
Dans d’autres domaines, on arrive à évaluer les résultats des soins, qui sont généralement bons. Par exemple, le Québec présente en moyenne une mortalité hospitalière faible.
Suivi. Avec un score de 55 sur 100, le Québec se classe dernier au Canada et dernier parmi les 11 pays de l’OCDE en ce qui concerne la continuité et la coordination des soins de santé. Les 31 indicateurs permettant d’arriver à ce constat touchent le partage d’information entre professionnels de la santé.
Par exemple, seulement 9 % des médecins de famille disent recevoir un avis lorsqu’un de leurs patients va à l’urgence, et seulement 17 % sont informés à la suite d’une consultation avec un spécialiste.
Équité. Si le CSBE attribue au Québec la note de 67 sur 100 en matière d’équité, c’est que riches et pauvres ne retirent pas les mêmes bénéfices de notre système de santé. Par exemple, les hospitalisations sont 2,6 fois plus fréquentes, chez la population à plus faible revenu, pour des problèmes qui auraient pu être traités en première ligne. Cette tranche de la population est aussi 1,5 fois plus à risque de souffrir d’une crise cardiaque. Rappelons qu’il existe un écart de 10 ans entre l’espérance de vie des résidents d’Hochelaga-Maisonneuve et de Mont-Royal.
Évaluation. « Il est crucial de poursuivre l’évaluation des résultats atteints et de continuer à s’y attarder avec acharnement, discernement et transparence », écrit le CSBE dans son rapport.
Fonctionnant à équipe réduite, l’organisme indépendant ignore si la mesure de la performance à laquelle il se livre chaque année sera effectuée l’an prochain.
« Seule une information en continu, accessible et non partisane » peut procurer une « juste compréhension des enjeux », écrit le CSBE, d’autant plus que le réseau public « vit encore les effets d’un profond changement de structure introduit » par les réformes du ministre Gaétan Barrette.