L'espérance de vie pourrait dépasser 90 ans en 2030

Le Canada, qui présente déjà l’une des meilleures espérances de vie sur la planète, devrait conserver son avantage.
Photo: David Afriat Le Devoir Le Canada, qui présente déjà l’une des meilleures espérances de vie sur la planète, devrait conserver son avantage.

L'espérance de vie devrait continuer de progresser d'ici 2030 dans les 35 pays les plus développés de la planète, dont le Canada, franchissant même le cap des 90 ans pour les Sud-Coréennes, selon une étude publiée mardi dans le journal médical The Lancet.

Au Canada, l’espérance de vie des femmes devrait atteindre 87 ans en 2030, comparativement à près de 84 ans pour les hommes, permettant au pays de continuer à figurer au « top 10 » mondial. Les Sud-Coréennes pourront pour leur part espérer la plus grande longévité mondiale en 2030, avec une espérance de vie à la naissance de plus de 90 ans.


« Au tournant des années 2000, on croyait que l’espérance de vie humaine ne dépasserait jamais 90 ans, a affirmé un des chercheurs, Majid Ezzati, dans un communiqué. Nos prédictions soulignent les succès de nos systèmes de prévention et de soins de santé. Toutefois, il sera important que nos politiques soutiennent la population vieillissante. » M. Ezzati est professeur à l’Imperial College de Londres.
 

L’étude utilise plusieurs modèles prédictifs pour évaluer l’espérance de vie à la naissance dans le futur pour 35 pays.

Le Canada, qui présente déjà l’une des meilleures espérances de vie sur la planète, devrait conserver son avantage. En effet, alors que les femmes canadiennes figurent actuellement au 8e rang mondial, les scientifiques estiment qu’elles devraient figurer au 10e rang en 2030. Les hommes canadiens, eux, devraient enregistrer un gain plus important, passant de la 5e place mondiale en 2010 à la 4e en 2030.

Rattrapage pour les hommes

 

« C’est somme toute de bonnes nouvelles, on vit de plus en plus longtemps. Mais il faut aussi savoir que l’espérance de vie en santé n’augmente pas nécessairement au même rythme, ce qui va en effet poser des défis sur le plan des services sociaux et de santé pour assurer un maintien à domicile le plus longtemps possible », remarque Amélie Quesnel-Vallée, professeure à l’Université McGill et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en politiques et inégalités sociales de santé.

« Un élément intéressant de cette étude [est qu’]on prévoit une diminution de l’écart entre l’espérance de vie des hommes et celle des femmes au Canada », ajoute Nathalie Auger, qui est chercheuse et professeure au Département de médecine sociale et préventive de l’Université de Montréal. De 4,5 ans en 2010, cet écart pourrait passer à 3,2 ans en 2030. « C’est un rattrapage énorme pour les hommes », remarque la professeure Auger, qui ajoute que l’espérance de vie est fortement influencée par le tabagisme.


« L’efficacité du dépistage et des soins reliés aux maladies cardiovasculaires a permis à un plus grand nombre d’hommes de survivre à des âges plus élevés », précise aussi Amélie Quesnel-Vallée. La prévention et les soins de ces maladies chez les femmes accusent pour leur part un certain retard.

États-Unis: faible amélioration

Même si les projections prédisent une évolution positive de l’espérance de vie dans les 35 pays faisant partie de l’étude, cette progression pourrait être la plus modeste aux États-Unis et au Japon, par exemple. Les Japonais présentaient la meilleure espérance de vie au monde en 2010, mais, selon les chercheurs, ils se feront rattraper par plusieurs autres pays dans les prochaines années.


En ce qui concerne les États-Unis, l’espérance de vie de leurs citoyens y est déjà parmi les moins avantageuses parmi les pays industrialisés et ne devrait connaître qu’une faible amélioration. Selon les chercheurs, cela serait dû aux inégalités sociales, à l’absence d’un système de santé universel, aux taux d’homicide élevés, à la prévalence de l’obésité et à la prévalence de la mortalité infantile et maternelle.

À l’inverse, la Corée du Sud, qui fait son chemin vers le sommet du palmarès, profiterait d’une conjoncture économique favorable qui améliore les conditions de vie et les soins de santé dans ce pays.

Ces travaux présentent bien sûr un facteur d’incertitude important, puisque des événements totalement imprévus peuvent bouleverser les tendances, que ces bouleversements soient politiques ou technologiques, par exemple.

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