Trop de temps devant les écrans pour les jeunes enfants

La moyenne d’écoute est sensiblement la même chez les trois-quatre ans et les plus vieux.
Photo: Pascal Guyot Agence France-Presse La moyenne d’écoute est sensiblement la même chez les trois-quatre ans et les plus vieux.

La majorité des enfants de trois-quatre ans au Canada passent plus de temps devant les écrans que ce que recommandent les chercheurs. À cet âge, on préconise un maximum d’une heure par jour devant les écrans. Or, ce n’est respecté que dans 22 % des cas, selon un nouveau rapport sur la santé de Statistique Canada.

« Les résultats de l’analyse montrent qu’il y a du progrès à faire », avancent les chercheurs dans le rapport rendu public mercredi intitulé « Activité physique et comportement sédentaire des enfants canadiens de trois à cinq ans ».

Les données sont issues de deux vastes enquêtes menées entre 2009 et 2013 et de questionnaires remplis par les parents. Dès lors, il est possible que la proportion des enfants passant plus d’une heure devant l’écran soit encore plus élevée que ce que les résultats suggèrent. « Leurs réponses étaient peut-être entachées de biais associés à la remémoration, à la désirabilité sociale et au fait de ne pas être avec l’enfant toute la journée », observent les chercheurs.

De plus, le libellé de la question ne mentionnait que la télévision, les films vidéo et les jeux vidéo, sans mentionner les téléphones intelligents et les tablettes.

 

Les recommandations quant au temps passé devant les écrans proviennent de la Société canadienne de physiologie de l’exercice (SCPE), un organisme de référence regroupant des chercheurs et des professionnels dans le domaine. « Ce sont des experts indépendants qui établissent ces recommandations-là. Nous, ce qu’on regarde, c’est si elles sont suivies par la population », a résumé l’un des chercheurs qui ont réalisé l’étude, Didier Garrigue.

Pour les enfants de cinq ans, les critères diffèrent et on recommande un temps d’écoute maximum de deux heures par jour. La proportion d’enfants de cet âge à respecter la norme est beaucoup plus élevée, atteignant 76 %.

En somme, même si les recommandations diffèrent d’un groupe à l’autre, la moyenne d’écoute est sensiblement la même chez les trois-quatre ans et les plus vieux. « La moyenne observée va être la même, peu importe le groupe d’âge [environ deux heures], alors que les recommandations sont différentes », remarque M. Garrigue.

Pas assez d’activité physique

À l’inverse, sur le plan de l’activité physique, les données sont plus inquiétantes pour les enfants de cinq ans que pour le groupe des trois-quatre ans. En effet, seulement 30 % des petits de cet âge consacrent au moins 60 minutes par jour à des activités physiques d’intensité modérée ou élevée comme le préconisent les chercheurs.

Une activité physique est jugée d’intensité modérée quand on transpire un peu et on respire plus fort (le vélo ou le terrain de jeu, par exemple). On parle en outre d’une activité d’intensité élevée lorsqu’il y a essoufflement et une transpiration plus importante (natation, course, etc.). Ces activités permettent de renforcer les muscles et les os.

Du côté des trois-quatre ans, plus des trois quarts suivent les recommandations quotidiennes (180 minutes d’activité de quelque intensité que ce soit). À cet âge, on mise particulièrement sur la variété d’activités pour permettre aux petits de développer des habiletés motrices.

Les données sur l’activité physique ont été recueillies auprès de 865 enfants qui ont accepté de porter un appareil à la ceinture qui mesurait leurs périodes d’activité physique.

Écarts entre garçons et filles à cinq ans

On apprend aussi dans l’étude qu’à trois-quatre ans, garçons et filles consacrent en moyenne le même temps aux activités physiques. Par contre, au sein du groupe d’enfants de cinq ans qui ont porté l’appareil, l’écart est importaant entre filles et garçons. Les filles consacrent en moyenne 68 minutes par jour à des activités de modérée à élevée, contre 81 chez les garçons.

Ces résultats paraissent au lendemain d’une autre étude montrant que le surplus de poids est en croissance chez les jeunes Québécois. Selon l’Institut national de santé publique, les jeunes pèsent en moyenne 3,6 kg de plus qu’il y a 30 ans.

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