Médecine: les étudiantes discriminées?

La Fédération des médecins résidents du Québec (FMRQ) s’inquiète du nombre croissant d’étudiantes en médecine à la recherche de postes de résidence qui se disent questionnées par les établissements sur leur projet de maternité et leur désir d’avoir des enfants.
Au moment où la proportion de femmes dans les programmes de résidence en médecine atteint près de 60 %, la FMRQ craint qu’il ne s’exerce dans le réseau de la santé une forme de discrimination voilée auprès des futures médecins. Et cela, parce que le syndicat des jeunes médecins a reçu plus d’une dizaine de plaintes à cet effet au cours de la dernière année.
« On ne souhaite pas qu’un enjeu de genre féminin joue à l’encontre des jeunes femmes médecins, non seulement lors de leur résidence, mais plus tard pour un poste quand elles auront achevé leurs études. Le seul fait de poser cette question en 2016 est illégal », dénonce la Dre Annie Trépanier, présidente de la FMRQ.
Bien que la Fédération des médecins résidents ne soit pas en mesure de chiffrer l’ampleur du phénomène, le nombre de plaintes reçues a poussé la FMRQ à enclencher un sondage auprès de ses 3500 membres pour avoir l’heure juste. Pour des raisons de confidentialité, la fédération refuse de donner plus de détails sur les établissements, les programmes ou les régions où cette forme de discrimination dans l’embauche serait survenue.
Compétition féroce
À l’heure où la compétition pour l’obtention de postes dans certaines spécialités est de plus en plus féroce, la FMRQ a demandé jeudi aux fédérations médicales des omnipraticiens et des spécialistes d’intervenir auprès de leurs propres membres prévenir et pour dénoncer ce type de comportements.
« Il y a certaines spécialités qui sont plus saturées que d’autres. Est-ce que les candidatures de femmes seront moins bien reçues que celles de leurs collègues masculins sur la base de leur désir éventuel d’avoir des enfants ? », s’interroge le Dr Trépanier.
Selon cette dernière, les commentaires négatifs et les pressions subtiles exercées auprès des jeunes femmes médecins ne sont pas inhabituels. « Certaines se font dire : “N’oublie pas de prendre ta pilule !” », donne-t-elle en exemple.
La FMRQ réalisera le sondage auprès de ses membres au cours des prochains mois et espère avoir un portrait complet de la situation d’ici 2017.