La première ligne envoyée en GMF

Sur le territoire de la Montérégie-Centre, une vingtaine de travailleurs sociaux travaillent à l’accueil psychosocial en CLSC actuellement.
Photo: iStock Sur le territoire de la Montérégie-Centre, une vingtaine de travailleurs sociaux travaillent à l’accueil psychosocial en CLSC actuellement.

Sur le territoire du CISSS de la Montérégie-Centre, on souhaite déployer en GMF l’accueil psychosocial, présentement assuré par les travailleurs sociaux dans les CLSC. Le directeur de la Santé publique de la région, le Dr Jean Rodrigue, l’a confirmé en entrevue avec Le Devoir.

C’est en raison de son rôle de soutien à la Direction des services professionnels qu’il était en mesure de dresser un portrait de cette situation.

Conformément aux orientations du ministère de la Santé et des Services sociaux, entre 13 et 14 travailleurs sociaux du CLSC seront transférés dans les 10 groupes de médecine familiale (GMF) du territoire, qui couvre les villes de Saint-Jean-sur-Richelieu, Brossard, Saint-Lambert et une partie du territoire de la ville de Longueuil, entre autres.

 

« Ce qu’on pense qu’il faut redéployer à l’échelle de la Montérégie, ce sont les services psychosociaux de première ligne, les interventions brèves. C’est cet accueil psychosocial que nous voulons déployer dans les GMF », explique le Dr Rodrigue.

Épuisement, trouble de comportement des enfants, relations de couple difficiles, détresse psychologique ou perte d’emploi ne sont que des exemples des nombreuses problématiques pour lesquelles on peut demander de l’aide à l’accueil psychosocial.

Jean Rodrigue explique que les citoyens qui contacteront l’accueil psychosocial du CLSC et qui sont inscrits en GMF seront redirigés vers ce dernier.

Sur le territoire de la Montérégie-Centre, une vingtaine de travailleurs sociaux travaillent à l’accueil psychosocial en CLSC actuellement. Pas question de « dégarnir » complètement l’équipe, assure le Dr Rodrigue, puisqu’elle doit rester opérationnelle pour les 40 à 45 % des patients qui ne sont pas inscrits en GMF.

Il y a environ 200 travailleurs sociaux à l’échelle du CISSS, dont une vingtaine à l’accueil psychosocial. « Il faudra revoir le partage des tâches et des dossiers pour constituer l’équipe qui ira en GMF », explique le Dr Rodrigue. « On n’a pas trop de ressources, reconnaît-il, mais le défi est intéressant. »

Des CLSC mal-aimés ?

Selon le Dr Rodrigue, « il faut reconnaître que la population n’a pas pris l’habitude de consulter en CLSC. La majorité consulte dans les cliniques. C’est un constat réaliste. »

Il assure que tout sera fait pour éviter les bris de continuité avec des patients déjà suivis par des travailleurs sociaux. « Il faut avoir un impact minimum sur les patients les plus vulnérables. »

Alors qu’aucun médecin n’intervient en première ligne psychosociale en CLSC, qu’en sera-t-il en GMF ? « Je ne crois pas que les patients devront toujours être vus par les médecins, on doit en discuter », indique le Dr Rodrigue.

Selon le CISSS de la Montérégie-Centre, 1284 personnes ont reçu des services psychosociaux généraux en 2015.

 

Pourquoi défaire une structure qui fonctionne bien pour démultiplier les points de services de l’accueil psychosocial à travers les différents GMF, demande la présidente de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), Carolle Dubé. « On parle de gens qui souvent ont des difficultés familiales, scolaires, et n’ont pas besoin d’une consultation médicale, dit-elle. La force du CLSC, c’est que les intervenants sont en lien avec les ressources du milieu. On se dirige vers une médicalisation. »

Jeudi matin, la députée du Parti québécois Diane Lamarre a tenu un point de presse pour dénoncer le transfert des ressources des CLSC vers les GMF. « Ce n’était pas le plan de match. On croyait que de nouvelles ressources allaient être embauchées. Des patients risquent d’être laissés pour compte. C’est totalement inacceptable. »

La présidente de l’APTS, Carolle Dubé, l’accompagnait. Elle dénonce une « démolition en règle de nos CLSC ». « On entend mener une bataille, on ne laissera pas mourir les CLSC », a-t-elle promis.


Au moins 420 personnes transférées

Combien de professionnels et de travailleurs sociaux seront transférés dans les GMF à l’échelle du Québec ? Selon les données compilées par Le Devoir, qui a contacté toutes les régions, cela concerne au moins 285 travailleurs sociaux, et aussi 135 « autres professionnels » comme des psychologues ou des nutritionnistes. Toutefois, ce portrait est partiel puisque 9 des 23 centres intégrés n’étaient pas encore en mesure de dresser ce portrait ou n’ont pas répondu à la demande d’information. En conférence de presse en mai 2015, Gaétan Barrette avait indiqué que 307 travailleurs sociaux seraient déployés en GMF ainsi que 255 autres professionnels. Bien qu’il ne mentionnait pas à l’époque que ces personnes seraient principalement prélevées dans les CLSC, il précisait bien que ce serait des professionnels du réseau qui seraient « réassignés », le tout à coût nul.


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