Don d’organes: la survie du meilleur centre au Québec en jeu

Le financement du Centre de prélèvement d’organes de l’hôpital du Sacré-Cœur est assuré jusqu’en juin.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Le financement du Centre de prélèvement d’organes de l’hôpital du Sacré-Cœur est assuré jusqu’en juin.

Le ministre de la Santé et des Services sociaux Gaétan Barrette pensera d’abord aux patients avant de prendre une décision concernant l’avenir du Centre de prélèvement d’organes (CPO) de l’hôpital du Sacré-Coeur. Une décision sera prise sous peu concernant son financement, affirme-t-il.

Inquiet pour la survie du centre, son coordonnateur, le Dr Pierre Marsolais, lançait mardi un cri d’alarme. Il craint que le centre perde son statut et son financement.

Ce projet, le ministre Barrette dit qu’il y « croit ». Il était à la tête de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) quand les négociations entourant l’octroi de sommes à même l’enveloppe de rémunération des médecins à ce projet se sont conclues. « Je l’ai négocié envers et contre tous », a expliqué le ministre mardi en entrevue avec Le Devoir. « J’y croyais, et j’y crois encore. »

Le CPO, c’est toute une équipe prête 24 heures sur 24 à procéder au prélèvement d’organes et une salle d’opération toujours disponible. Mis sur pied en 2013 sous forme de projet-pilote, le centre bénéficie d’un financement conjoint de 1,4 million de dollars du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) et de la FMSQ. Et c’est un succès : la première année, le CPO a prélevé 39 % de tous les organes destinés au don au Québec.

Plus cher qu’ailleurs

Le financement du CPO est assuré jusqu’en juin. Ombre au tableau : un rapport du ministère de la Santé et des Services sociaux de mars 2015 estime que le coût moyen d’une transplantation au CPO est plus élevé qu’ailleurs d’environ 24 000 $, selon La Presse.

Le ministre Gaétan Barrette lui-même affirme avoir des réserves concernant les conclusions de ce rapport. « Nous sommes en train de l’analyser et une décision sera prise avant juin, promet le ministre. À moins qu’on me démontre que ça ne fonctionne pas, ça va continuer, ajoute-t-il. La décision sera prise d’abord et avant tout en fonction des bénéfices pour les patients, et ensuite selon le critère des coûts-bénéfices. »

Le coordonnateur du centre, le Dr Pierre Marsolais, explique que le centre se situe parmi les meilleurs au monde avec son taux de 125 greffes par million d’habitants par an. « Nos résultats sont formidables », dit-il. Ce succès est même scruté par des équipes ailleurs dans le monde qui veulent s’en inspirer.

« Le ministère doit maintenant décider comment il veut financer le prélèvement d’organes au Québec », affirme le Dr Jean-François Lizé. Pour l’intensiviste, directeur médical intérimaire de Transplant Québec, il faut voir comment aider chacun des cinq principaux centres de prélèvement au Québec. Tous ont amélioré leurs performances ces dernières années, se réjouit-il. « L’important, c’est de répondre aux besoins de la population et des patients. »

L’année 2015 a été une année record en matière de don d’organes, 549 patients ayant subi une transplantation. Le nombre de donneurs a augmenté de 12 %. Mais plus de 800 personnes sont toujours sur une liste d’attente.

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