Le PQ doute des économies à long terme

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Le Parti québécois remet en question les économies qui seront réalisées par le gouvernement en retirant la couverture publique de la fécondation in vitro (FIV) et demande à voir l’impact de cette mesure sur la démographie et la richesse collective pour le futur.

« Je trouve ça dommage qu’on parle juste des coûts [du programme de procréation médicalement assistée] parce qu’il y a des retombées économiques aussi. Quand on permet à de jeunes bébés en santé de naître au Québec, ce sont des gens qui vont être des travailleurs du Québec, des gens qui vont payer de l’impôt, des gens qui vont faire des familles au Québec et qui vont donc devenir des contributeurs à l’économie du Québec », a soutenu la députée péquiste Diane Lamarre, lors de l’étude du projet de loi 20 qui se penche actuellement sur la partie consacrée à la fécondation in vitro.

Le projet de loi prévoit de retirer la couverture publique de ces traitements, qui coûtent autour de 10 000 $ par cycle, et d’offrir plutôt des crédits d’impôt aux couples sans enfants en fonction de leur revenu familial. Le gouvernement espère économiser 47 millions par année.

Richesse collective

 

En commission parlementaire, rappelle Mme Lamarre, il a été établi que 2,6 % des naissances au Québec provenaient de la fécondation in vitro. « C’est plus qu’un service de santé, ça devient une contribution à la démographie du Québec. »

Jean-François Lisée a longuement croisé le fer avec le ministre Barrette sur le sujet mercredi, réclamant des études sur les conséquences économiques d’une baisse de la natalité au Québec. Dans une société vieillissante qui a recours à l’immigration pour favoriser le renouvellement de sa base démographique, soutient-il, il importe de se poser la question. « Est-ce que ça coûte moins cher à l’État, pour notre richesse collective, de favoriser l’arrivée de nouveaux Québécois par voie naturelle, que l’économie qu’on va faire en essayant de “désassurer” [la fécondation in vitro? »

Le ministre, qui a répété à maintes reprises que la décision de ne plus couvrir la FIVétait une décision purement économique, a refusé de répondre à ces « scénarios hypothétiques ». « Le député de Rosemont voudrait m’amener dans un débat qui est très, très loin du projet de loi. »

Ironique, le ministre a proposé de transporter le débat sur les changements climatiques, qui serait tout aussi éloigné du sujet. Il s’est ensuite rabattu sur la souveraineté, affirmant qu’il trouvait toujours « drôle » d’entendre le PQ se soucier des « émotions » des gens alors qu’il ne se préoccupe guère « des gens qui vont perdre leur maison » lorsque le Québec va « se séparer ».

De son côté, la Coalition avenir Québec s’inquiète du précédent que cela pourrait créer dans un système de santé public, répétant que l’infertilité est une « condition médicale » et que la procréation assistée représente, pour ces gens, un « traitement » auquel ils ont droit. Le député caquiste François Paradis a déposé un amendement en ce sens.

« Si on commence à faire ça, on peut dire qu’on n’a pas les moyens d’installer un deuxième pacemaker, a renchéri Jean-François Lisée. Jusqu’où on va aller ? Et qui décide qu’on n’a pas les moyens ? »

La veille, le ministre s’était questionné sur la pertinence de payer pour la vasectomie, qui n’est pas une maladie. « Je pense qu’il aurait une meilleure cause sur la vasectomie que sur l’infertilité », a souligné au passage M. Lisée.

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