La facture de transport explose

Les usagers des centres de jour ont vu leur facture de transport exploser depuis quelques mois, alors que d’autres ont dû se tourner vers le transport municipal ou leurs proches pour les amener à destination, a appris Le Devoir.
Les centres de jour offrent des soins aux personnes âgées pour les aider à conserver une certaine mobilité et leur permettre de rester plus longtemps à domicile, en plus d’offrir un répit aux proches aidants.
La plupart des établissements de santé, qui gèrent les centres de jour, offrent à leurs usagers un service de transport adapté pour se rendre au centre, et ce, pour quelques dollars par jour.
Or une directive du ministère de la Santé et des Services sociaux a été envoyée l’automne dernier à l’ensemble des établissements du réseau pour les informer qu’en date du 1er janvier 2015, ils devaient augmenter leurs prix à 10 $ par jour pour un aller-retour aux centres de jour.
Dans certains cas, comme à Laval, on passe de 5 $ à 10 $, soit une hausse de 100 % échelonnée jusqu’en 2017, comme en témoigne un document interne obtenu par Le Devoir. Ailleurs, certains payaient aussi peu que 1,50 $.
À Montréal et à Laval, plusieurs usagers se voient tout simplement privés de ce transport adapté.
« Nous avons le regret de vous annoncer que nous sommes dans l’obligation de cesser d’assumer le transport de la clientèle », écrit l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal dans une lettre envoyée aux usagers du centre de jour en septembre dernier.
La majorité des usagers se sont rabattus sur le transport adapté offert par la Ville de Montréal, aidés dans leurs démarches par l’Institut. D’autres ont opté pour se faire accompagner par un proche aidant, celui qui doit justement jouir d’un moment de répit grâce à ces visites. « Une minorité d’usagers » ont choisi de ne plus fréquenter le centre de jour, confirme la porte-parole Frédérique Laurier.
Problème de fournisseurs
Cette situation n’est pas unique. Le CSSS Cavendish à Montréal a lui aussi décidé de diriger une partie de sa clientèle vers le transport municipal. Le problème, plaident les établissements, c’est que le fournisseur de transport adapté autorisé à desservir les établissements de Montréal et de Laval a augmenté ses prix de façon faramineuse l’an dernier, passant de 60 $ à 125 $ l’heure.
Cette situation est inhabituelle en raison d’une position de quasi-monopole, confirme François Lemoyne, directeur général de Sigma Santé, qui gère les appels d’offres groupés pour les établissements de santé du Québec.
C’est la compagnie Medicar qui avait le contrat pour Montréal et Laval depuis 2011. Lorsque Medicar a été rachetée par Groupe Age3 inc., en 2013, le nouveau fournisseur a annoncé son intention d’augmenter ses prix, sans quoi il mettait fin au contrat. « Il n’y avait pas de concurrence, on était dépendants,explique M. Lemoyne. C’est plate, mais c’est ça. C’est pour ça qu’on a accepté une augmentation des tarifs pour une période très limitée. »
Joint par Le Devoir, le directeur général de Groupe Age3, Daniel Canuel, affirme que Medicar « roulait à perte » lorsque Groupe Age3 l’a racheté. Il dit avoir rencontré les directions d’établissement pour leur expliquer la situation, mais confirme que plusieurs ont choisi de mettre un terme au contrat pour le transport des usagers des centres de jour.
« La plupart des centres de jour ont remis en question leurs besoins. Certains ont décidé de faire appel à des taxis, d’autres à leurs bénévoles. »