Couillard espère arriver à ses fins sans le PL20

Le premier ministre Philippe Couillard espère que Gaétan Barrette réussira à s’entendre avec la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) sans avoir recours au projet de loi 20. Mais, tout comme son ministre, il exige des garanties de résultats quantifiables.

« Ce que je veux voir, ce que le Dr Barrette veut voir, que ce soit par projet de loi ou par entente — tant mieux si c’est par entente —, ce ne sont pas juste des voeux pieux, ce sont des engagements fermes et mesurables dont les médecins seront imputables », a soutenu le premier ministre en marge d’un discours devant la Chambre de commerce de Québec jeudi.

Trop souvent, a rappelé l’ancien ministre de la Santé, les fédérations ont promis un meilleur accès en échange de primes salariales sans livrer les résultats promis. « Résultat ? Des années plus tard, on a des revenus de médecins qui sont plus élevés, on a un nombre d’omnipraticiens plus élevés au Québec qu’ailleurs au Canada et on n’a pas — de loin — le meilleur accès à la médecine de famille. Je pense qu’il faut changer d’approche. »

Le Devoir rapportait jeudi matin que le ministre de la Santé songeait à adopter le projet de loi 20 sans le rendre opérationnel, afin de permettre aux médecins de mettre en application les autres méthodes qu’ils proposent. La FMOQ, qui négocie depuis plus d’un mois avec le ministre, espère une entente d’ici la fin du mois.

Plus d’un an

Questionné sur ce délai qu’il serait prêt à accorder aux médecins, le ministre Barrette parle d’une période de plus d’un an. « Je prévoyais une période de transition d’un an avant d’appliquer les ajustements tarifaires si ce qui était prévu en matière de résultats n’était pas exercé ou constaté. Alors là, ça pourrait être plus d’un an par exemple. C’est le genre de chose qui est discuté actuellement avec la FMOQ. »

Il est prêt à faire des compromis si la FMOQ met « des engagements sur papier », mais refuse de retirer complètement le PL20, voulant se garder une forme de garantie de résultat. « Je ne reculerai pas, parce qu’il me faut des engagements quantitatifs. »

Sommet sur l’accessibilité

En point de presse, le député de Québec solidaire Amir Khadir a dénoncé ces « négociations secrètes » du ministre avec « des fédérations professionnelles corporatistes ». Il félicite le ministre d’avoir réussi à mobiliser tous les acteurs du réseau, parlant même d’une « opportunité historique » pour régler le problème d’accès, mais l’invite à aller plus loin. « Il faut mettre tous les éléments de la première ligne ensemble, leur donner du temps pour réfléchir ensemble. Les meilleures solutions, les solutions de la FMOQ vont faire partie de ça. Mais il ne faut pas que ça se fasse derrière des portes closes. On l’a fait pendant trop longtemps et regardez où ça nous a conduits. »

Avec les représentants des deux autres partis d’opposition, ce dernier participera justement à un sommet organisé ce week-end par le Regroupement des omnipraticiens pour une médecine engagée (ROME). Ce mouvement, créé en janvier dernier par des médecins s’opposant au projet de loi 20, propose une vaste réflexion sur l’accessibilité aux soins de santé. « Le thème, c’est l’interdisciplinarité, une nouvelle transformation des soins et services, on pense que c’est la solution pour résoudre le problème d’accès », explique Catherine Duong, présidente du ROME.

Tout le réseau de la santé a été convoqué à ce sommet qui va regrouper infirmières, pharmaciens, physiothérapeutes, nutritionnistes et membres du public. Catherine Duong espère sortir de ce forum avec des propositions concrètes à présenter au ministre, bien que celui-ci ait décliné l’invitation du ROME à participer aux travaux.

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