Les appels à la concertation se multiplient

Le projet de loi 10 sera soumis au bâillon vendredi, mais des voix continuent à s’élever pour réclamer la mise en veilleuse des réformes de Gaétan Barrette le temps de tenir un sommet réunissant les différents acteurs du réseau de la santé.
Après le Collège des médecins du Québec et l’avocat Jean-Pierre Ménard, notamment, des chercheurs et des professionnels de la santé invitent le ministre à mettre en branle un exercice de concertation.
« Nous nous entendons tous pour affirmer que le statu quo n’est pas acceptable », explique le gériatre David Lussier qui, avec plusieurs autres, réclame le retrait du projet de loi 20 sur la productivité des médecins. « Mais le projet de loi ne s’attaque pas aux vrais problèmes. Le ministre doit s’impliquer dans un exercice de consultation et écouter les solutions qui viennent du terrain. »
Une dizaine d’intervenants du milieu de la santé joignent leurs voix à celle du Dr Lussier dans une lettre envoyée au Devoir. Il s’agit entre autres de l’ancien ministre Jean Rochon, de l’ex-présidente de l’Ordre des infirmières Gyslaine Desrosiers, du pharmacien Olivier Bernard, de l’infirmière praticienne spécialisée Chantal Fortin et des docteurs Réjean Thomas et Alain Vadeboncoeur.
« Mon espoir initial était que le projet de loi 20 allait obliger les fédérations médicales et le gouvernement à trouver des solutions. La confrontation ne semble pas nous mener là. Aujourd’hui, je constate que tant le projet de loi 20 que le statu quo ne sont pas acceptables », explique le chercheur à l’Université de Montréal Damien Contandriopoulos, également signataire.
Même si de nombreux rapports ont posé des diagnostics sur le réseau de la santé cette année, il croit un nouvel exercice de consultation nécessaire, avec la participation des professionnels de la santé à titre individuel, pour sortir des intérêts des différents groupes de pression.
L’infirmière praticienne spécialisée (IPS) Chantal Fortin observe que le projet de loi 20 a déjà des effets pervers, avant même son adoption. « Des médecins ne sont plus intéressés à collaborer avec des IPS car, en partageant leurs patients, ils devraient en prendre davantage pour atteindre leurs quotas. D’autres seront moins enclins à superviser les stages des futures IPS. Les médecins ont aussi moins intérêt à laisser les cas plus simples aux infirmières, car les cas complexes demandent plus de temps. »
De plus, mercredi, la Coalition solidarité santé a aussi réclamé avec les syndicats de la santé et des organismes communautaires la tenue de consultations sur l’avenir du réseau public de la santé.