La transparence mise en attente

La Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) refuse de rendre les données pertinentes disponibles aux chercheurs universitaires.
Photo: Annik MH De Carufel Le Devoir La Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) refuse de rendre les données pertinentes disponibles aux chercheurs universitaires.

Alors même qu’un peu de données objectives permettrait d’éclairer les débats complexes autour des réformes en santé du ministre Gaétan Barrette, la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) refuse de rendre les données pertinentes disponibles aux chercheurs universitaires qui en font la demande.

La RAMQ, qui détient toutes les données sur la rémunération des médecins et plus encore, refuse toute nouvelle demande de recherche jusqu’au 15 juillet, et accuse un important retard dans le traitement des demandes reçues, a appris Le Devoir.

La professeure à l’Université de Sherbrooke Mylaine Breton devait vérifier si les patients pris en charge en vertu du guichet d’accès à un médecin de famille avaient pu bénéficier d’un réel suivi. C’est la mesure qui avait valu une prime à Yves Bolduc. « Ils me disent que ce sera plusieurs mois d’attente. C’est ironique alors que j’ai du financement public pour cette recherche. »

Les chercheurs paient jusqu’à plusieurs dizaines de milliers de dollars à la RAMQ pour obtenir ces données.

Damien Contandriopoulos, de l’Université de Montréal, a pour sa part obtenu plus de 200 000 $ du Commissaire à la santé et au bien-être pour, justement, documenter l’effet des modes de rémunération des médecins. Quelle n’a pas été sa surprise de voir l’accès aux données essentielles mis en veilleuse. Il craint que cela ne retarde ses recherches d’un an. « Dans le contexte des réformes, on a besoin d’informations rapides et fiables, c’est inacceptable ! », s’inquiète-t-il. « Le droit du citoyen à la transparence est brimé. Pendant ce temps, nous n’avons pas de source neutre et fiable pour analyser les projets de loi 10 et 20. »

La RAMQ répond que son équipe affectée à la production de données a été « grandement réduite par un important départ d’employés ». « Des postes sont vacants, et nous devons former de nouveaux employés, affirme la porte-parole Caroline Dupont. Tous les moyens sont mis en oeuvre pour que la situation se résorbe le plus rapidement possible. »

 

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